mercredi 11 janvier 2012

Travailler en France

Grand prophète que je suis, j'ai décidé de vous parler du travail en France à travers une parabole de mon cru. Bonne lecture.

Le jeune homme et la bergerie

Il y a longtemps en Galilée, un père dit à son fils : "Mon fils, ce soir vers 17h, les bergers descendront de la montagne avec leurs troupeaux. Tu devras ouvrir les portes de la bergerie, les faire entrer, puis fermer les portes derrière eux. Je ne l'ai jamais fait, mais aie confiance, c'est super simple, tu ne peux pas te gourrer."

Le fils répondit : "Trop facile. T'inquiète, ce sera fait."

Le jour passa, mais à 17h, un seul berger apparut. Il venait seul, sans ses moutons. Puis, un peu plus tard, quelques moutons descendirent de la montagne. Mais persone ne sut à qui ils appartenaient car ils n'étaient pas marqués.

Vers 18h, le fils alla dans la montagne pour tenter de rassembler moutons et bergers. Lorsqu'il arriva à la hauteur des pâturages, il vit que plusieurs des bergers dormaient. Les troupeaux paissaient ça et là, et s'entremêlaient. Personne ne savait à quel berger revenaient quelles bêtes. Au moins le quart des moutons avaient disparu. Deux ou trois bergers ne savaient même pas qu'ils étaient bergers. D'autres buvaient du thé avec quelques conseillers municipaux ; personne ne savait ce que des conseillers municipaux faisaient là, à cette heure de la soirée.

Alors qu'on tentait de trier les moutons, les conseillers prirent part à la discussion sans y avoir été invités, ce qui fit monter le ton. Trois conseillers commencèrent à se battre et durent être séparés. Cet esclandre effraya quelques moutons, qui alors voulurent fuir et tombèrent dans un ravin. Certains bergers ne cessaient d'utiliser le mot "vache", et personne ne comprenait de quoi ils parlaient, ce qui créa de la confusion. On mit aussi du temps à convaincre ceux qui refusaient de descendre au village pour la nuit. Un quinzaine de moutons, qui étaient coincés depuis des heures dans une vieille clôture, durent être libérés ; comme il y avait urgence, il fallut scier quelques pattes. Un âne errait à travers le groupe, mais personne n'avait le temps de s'occuper de ce problème. Dans le ciel, la nuit tombait rapidement.

Un peu après minuit, bergers et moutons étaient enfin réunis et prêts à descendre au village. Le troupeau comptait même quelques bêtes additionnelles, volées sous le couvert de la noirceur au cheptel d'un village voisin. Il faillit y avoir une nouvelle bagarre lorsqu'on tenta de séparer le butin, mais les choses finirent par se calmer. La descente progressa lentement, parce que des bergers tentèrent d'emprunter des raccourcis qui n'en étaient pas. Du début à la fin, un conseiller municipal, qui avait marché dans du crottin, râla à propos de ses chaussures salies. Furieux, il ne cessait de crier : "C'est scandaleux ! C'est insupportable ! C'est inacceptable !" Ce qui finit par irriter tout le monde.


Source photo : wikipedia.


Quand ils atteignirent les dernières pentes, près du fond de la vallée, la lumière de l'aube commençait à poindre sur les sommets. Le spectacle était magnifique, avec les jaunes et oranges glissant sur les dernières étoiles de la nuit. L'air était frais et humide, rempli des odeurs de la terre grasse. Un monde idéal pour élever des moutons.

Le groupe aurait pu s'arrêter un moment pour admirer la grandeur de cette création. Mais au centre du village, une gigantesque fantasmagorie rougeoyante capta leurs regards : la bergerie était en feu. C'est que la bergerie, depuis les 17 dernières années, servait aussi de forge temporaire. Or ce soir là, un tison malencontreux avait mis le feu à la paille.

Ainsi, à cause de l'incompétence des uns, et l'ingérence des autres, les moutons furent sauvés.

Les conseillers municipaux, fins politiques, revendiquèrent la sauvegarde in extremis du cheptel, en se déclarant auteurs des délais les plus cruciaux. Un grand banquet fut organisé en leur honneur, au cours duquel on décida de leur verser une rente annuelle puisée à même les recettes de la foire ovine du printemps.

Parce qu'il avait tenté de ramener moutons et bergers avant la nuit, ce qui les aurait exposés à une mort certaine, on statua que le jeune homme méritait châtiment. Les tables de la loi ne faisant aucune mention de ce genre de situation, on y inscrit un nouveau crime, qu'on nomma "Tentative d'avoir voulu trop cuire la viande". Et en guise de peine, le jeune homme fut banni du village. On ordonna aussi de lui crever les yeux, afin qu'il ne puisse plus jamais travailler comme berger (N.B. - embrouillés par cette succession d'événements, les juges oublièrent que le jeune homme n'avait jamais vraiment exercé cette profession).

Alors qu'il quittait le lieu de sa naissance, sous les insultes et les cris de haine, le fils entendit la voix de son père : "Mon fils ! Mon fils ! Pourquoi ne t'es-tu pas méfié de moi ?"

3 commentaires:

Olivier a dit…

Rentre vite!

Paul a dit…

J'ai travaille en France comme informaticien dans des sociétés prives et je n'ai jamais vécu ce genre de Bordel.

Désolé pour vos mésaventures.

Mon séjour parisien se termine.
Je repars demain vers Montreal.

Paul
http://espritlogique.wordpress.com/

Mon nom est Paul a dit…

Évidemment, y'a un peu de caricature, et tout ça concentre des malheurs en provenance de diverses sources. C'est pour s'amuser. J'expliquerai pourquoi dans un prochain billet.