dimanche 28 novembre 2010

Petit cadeau pour MissK

MissK adore tout ce qui brille. Si elle était ici, à Paris, je sais qu'elle irait sur l'avenue des Champs-Élysées pour se remplir les yeux de toutes les décos de Noël. Alors pour lui faire un petit cadeau pré-Noël, je suis allé me geler les doigts avec mon appareil, question de lui faire quelques petites cartes postales. Bisous MissK !

La nuit est presque arrivée. Aux Tuileries, Le Bel Costumé de Jean Dubuffet envoie la main à la grande roue.



La totale : la grande roue, la tour Eiffel, et l'Obélisque.



Madame la grande roue, vue des Tuileries.



Madame la grande roue, vue de près.



Sur l'avenue, les gens ont faim. Ils bouffent des crêpes.



Ils achètent des churros au Nutella. (Que ça sent bon ! Mais j'ai pas fini mon régime. Tragédie prodonde qui frappe mon coeur...)



Les gens font la queue pour du vin chaud.



Et pour des marrons chauds.



Et pour du sau... du saumon de Norvège grillé au feu de bois ?!?



On se réchauffe les doigts aux colonnes de feu.



On cherche les petits cadeaux.



Ceux qui ne peuvent s'étourdir au vin chaud montagnerussent.



Même les plus vieux.



Et les gamins carrousellent.



Ou tobboganent.



L'avenue est lumineuse.



Un dernier tour de roue avant la nuit.



Réflexions florentines III

Suite et fin de mes quatre jours à Firenze, Italia (how glamourous !)

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L'italien, c'est facile. Sur un simple crostini de pain frais et bien fait, on m'a mis de gros morceaux de champignons porcini, juste poêlés avec un peu d'ail et du persil plat.

Mais ce n'est pas que ça. Les champignons sont frais. Ils viennent du Mercato Centrale, juste derrière. Je les ai vus ce matin, en achetant un peu de provolone picante pour m'improviser un petit déjeuner. J'ai vu aussi ces ridicules mais essentiels petits camions qui les livrent partout en ville. Les champignons sont soyeux, avec leur intense parfum de beurre et de terre. Dans ma bouche, ça sent les noisettes, les feuilles mortes, l'automne.

Sur la table, y'a l'huile d'olive. Une bouteille d'huile ordinaire, un peu trouble. Machin de supermarché. Je ne suis pas chez Bocuse; juste dans une trattoria de quartier pleine de rugbymen italiens. Mais je sais. Je sais que cette qualité d'huile nous est vendue trente dollars au Canada. Alors je fais un truc que j'ai appris des Andalous. Un peu d'huile dans l'assiette, une pincée de sel, surtout pas de vinaigre. On trempe le pain, et ensuite on accède à la béatitude. Révélée par le sel, l'huile est douce, pas acide, mais surtout d'une richesse en parfum. On croirait mordre un fruit, en même temps qu'on mange un pré.

Pas de MOF. Pas de bling-bling, pas de Dentelle de meringue à la vanille de Madagascar et sa feuille d'or inca. C'est simple l'italien. Et ce n'est que l'entrée.

Mon plat principal arrive en même temps qu'un couple de Français. Ils râlent. La météo. Il pleut un peu. « C'est quoi bruschetta ? », demande le mec à sa femme.

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Pourquoi le café n'est jamais aussi bon qu'en Italie ? Les italiens sortent des millions de cafés parfaits à tous les jours. Pourquoi on n'y arrive pas, nous ? Pourtant, c'est la machine qui fait tout, non ?

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À mes yeux, la grande cuisine, c'est aussi les spaghettis. Quand t'arrives à donner tant de bonheur avec si peu d'ingrédients dans une préparation simple; quand t'arrives à faire de la magie pour six euros tout en assurant ton profit; c'est vraiment de la grande cuisine.



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Au Mercato Centrale, le matin. Tout est coloré, tout est frais. Il est huit heures et j'ai un peu faim. Mais j'aimerais avoir la plus grande faim du monde, pour tout goûter.

Le vendeur de légumes prépare son étal.



Et les magnifiques jambons.



Le petit boucher reçoit sa livraison, et la p'tite dame fait la comptabilité.



La belle grosse viande qui servira à préparer la fameuse bistecca a la fiorentina, un gros T-Bone juteux et épais grillé sur les braises.



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J'ai vu beaucoup de beauté à Florence. Malgré toute la bouffe, quand j'entendrai le mot « florentine », je ne penserai plus aux épinards. Ni à ces petits palets aux amandes pralinées et au chocolat. Ni à la bistecca. Je vous laisse deviner de quoi je parle.

jeudi 25 novembre 2010

Réflexions florentines II

La suite de mes quatre jours à Firenze, Italia (how glamourous !)

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Le terme « Renaissance » a pas mal été galvaudé. Mais faut vraiment aller à Florence pour prendre la pleine mesure de ce qui a été une véritable révolution artistique. Un saut quantique.

Pendant les 500 années qui précèdent la Renaissance, on peint comme ceci :

(Oeuvre romane au Musée des arts Catalans, Barcelone)


Et on sculpte comme ceci :

(Oeuvre romane au Musée des arts Catalans, Barcelone)


Et puis, en l'espace de 50 ans, les proportions aléatoires et les aplats du Moyen Âge sont remplacés par un réalisme parfait et le respect de la perspective. En quelques décennies, on arrive à ceci :

(Détail du portrait d'Éléonor de Tolède, par Angelo Bronzino. C'est ma photo d'un poster publicitaire, parce que les photos étaient interdites au Palazzo Strozzi. Vous verrez mieux l'oeuvre ici. Et ceci mérite un coup d'oeil.)


Et c'est la même chose en sculpture :

(Enlèvement des Sabines, de Giambologna, à la Loggia dei Lanzi.)


Pour bien vous faire sentir la chose, je dirais que la Renaissance a été aussi révolutionnaire que l'avènement du drop-shadow dans Photoshop, vers 1995, qui soudainement faisait paraître comme archaïques toutes les réclames publicitaires de la décennie précédente. Un déferlement de chefs d'oeuvre, comme en font foi ces tableaux de Botticelli, Lippi, Piero di Cosimo, Lorenzo di Credi, Pietro Perugino, et Ghirlandaio.

Ce qui impressionne aussi de la Renaissance, c'est la soudaine compréhension, la maîtrise totale de ce que j'appellerais les justes proportions. Considérez le Neptune de la Piazza della Signoria, par Bartolomeo Ammanati :



Remarquez cette précision, ce souci du détail, et surtout l'exactitude parfaite des dimensions naturelles :

(En passant, si vous aimez ce genre de choc, faut visiter la Basilica di santo spirito. Vous y verez cette oeuvre de Michel-Ange. Je dois vous avouer que j'ai ressenti un certain malaise à contempler le p'tit machin du P'tit Jésus.)

En fait, au bout d'un moment à Florence, on réalise que soudainement tout s'accomplit en quelques années. Et qu'après la Renaissance recommence une sorte de stagnation. Un lent chemin vers l'ultime précision, qui ironiquement arrive à peu près en même temps que la photographie, vers le milieu du 19e. La révolution argentique déclasse les peintres. Ils n'ont même pas le temps de se glorifier un peu de leur maîtrise si chèrement acquise, qu'ils doivent déjà réinventer leur art. Avec ceci. Puis ceci. Puis plus tard, ceci et ceci.


P.S. - En me relisant, je réalise que j'ai surtout affiché dans ce billet des gourmandises pour Madame. Mais sachez que Florence plaira aussi à Monsieur :




mardi 23 novembre 2010

Réflexions florentines I

Je viens de passer quatre jours à Firenze, Italia (how glamourous !)

Heureusement pour vous, j'avais mon Blackberry, sur lequel j'ai pu noter mes réflexions. Et voilà, je vous les déverse en vrac. Vous pourrez ainsi mesurer la profondeur de mon idiotie tout en vous cultivant un minimum.

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Les moineaux adorent le gelato. J'ai pu le vérifier au cours d'une de mes orgies de bouffe. Comme je venais de m'envoyer un cannolo, je n'avais plus très faim. Au sol, deux moineaux me regardaient en salivant (ici je présume que les oiseaux ont des glandes salivaires, mais ce n'est pas nécessairement avéré). Je leur ai donc balancé une bonne motte de fior di panna par terre. À mon grand étonnement, ils se sont jetés sur la glace sans hésiter. Et ils ont tout bouffé. En plus, ils n'arrêtaient pas de crier "Più ! Più ! Più !"

En route vers l'aéroport, je suis tombé sur cette sculpture de Botero. Coïncidence ?



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Il a beaucoup plu pendant mon séjour a Florence. Novembre n'est probablement pas le meilleur moment. Mais j'ai vu une plaque marquant le niveau d'une crue de l'Arno, en novembre 1966. J'étais à presque deux kilomètres du fleuve, et la plaque était a un mètre au dessus de ma tête. Comme quoi, malgré tout, j'ai été chanceux en matière de flotte.



Vous trouverez photos et infos sur la crue dramatique ici (en anglais).

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Difficile de rapporter des souvenirs photographiques de Florence. No foto dans les musées, dans les églises, les boutiques. Dès qu'on remarque mon appareil : no foto !

Au Palazzo Strozzi, le mec à l'entrée me regarde de haut en bas et voit mon appareil (photo). Il sourcille, mais il ne dit rien. Donc je présume que pour une fois, c'est foto si ! Joie.

Mais plus loin, alors que je vais documenter un superbe Bronzino, la gardienne de la salle s'élance vers moi en gesticulant. Ses yeux me fusillent, je la croirais prête a me planter un poignard dans la jugulaire :
- no foto !
- (moi en langage des signes) même pas sans flash ?
- no foto !
- même pas pour atténuer l'ignorance crasse de mes amis grâce a mon splendide blogue ?
- no foto !
- (je mime toujours) êtes-vous en train de me dire que la lumière naturelle réfléchie par ces chefs-d'oeuvre les altère irrémédiablement lorsque, un peu plus loin sur sa route, elle découvre qu'elle est en voie d'être captée par un dispositif photosensible non organique ?
- NO FOTO !!!
- ok, ok, no foto...

Des photos, ils en vendent à la sortie de tous les musées. Dans les boutiques. Dans les églises, aussi.

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Je ne sais pas combien de fric j'ai laissé à l'Église catholique. J'ai visité pas mal de lieux de culte. Plusieurs ont leur petit bookshop où on peut acheter un rosaire en plastoc officiel, approuvé par le Vatican, ISO Jesus-Christ, avec la photo du pape dessus. Si j'étais eux (les commerciaux du Vatican), je créerais une ligne de chapelets de luxe, en association avec la maison Cartier. Ça ferait fureur chez les trafiquants mexicains et les nouveaux riches polonais, deux classes sociales qui ont la réputation d'être très pieuses.

lundi 22 novembre 2010

Nuit belge

MissK vous a parlé in extenso de notre week-end à Bruges dans un billet récent. Cette ville est une véritable carte postale. Je m'y suis amusé avec les fonctions de nuit de mon appareil-photo. C'est vraiment un appareil d'entrée de gamme, je ne suis pas photographe, et ça fait du flou dès que je bouge un peu. Mais bon, voici quelques souvenirs.





















Munich inside

Je vous ai parlé de mon week-end à Munich dans le billet précédent. Juste un dernier petit mot pour vous inviter à visiter ses musées. On y trouve des choses intéressantes.

La Alte Pinakothek présente une belle sélection de classiques : El Greco, Rembrandt, Rubens, Van Dyck, Botticelli, De Vinci, Lippi, etc. Pas les oeuvres majeures, mais un beau regroupement compact qui permet de faire histoire de l'art 101.

Cette toile d'Esaias van de Velde a fait sourire le Canadien en moi. Elle est datée de 1618. On y voit des patineurs hollandais. Mais surtout, certains tiennent un bâton et semblent jouer à une version primitive de hockey sur glace.



Y'a aussi cet auto-portrait du peintre allemand Albrecht Dürer. Il a été peint en 1500. Ce qui me fascine de la période de la Renaissance, c'est que les arts en occident font un véritable saut quantique en matière de maîtrise. Depuis 500 ans, on peint des Jésus sans perspective ni proportions. Et puis en l'espace de 50 ans, on bascule vers ceci :



Pour les fans de moderne et de contemporain, il suffit de traverser la rue pour visiter la Neue Pinakothek et le Museum Brandhorst. Ce dernier musée, dans un édifice multicolore très sympa, conserve quelques beaux trucs. J'ai beaucoup aimé ces férailles polychromes du sculpteur américain John Chamberlain :





Mais le Brandhorst fait un peu une fixation sur l'artiste Cy Twombly, que je ne connaissais pas. La majorité des grandes salles lui étaient consacrées lors de mon passage. Je suis resté un peu perplexe devant son « Lepanto », et surtout devant ses « Roses » :





D'ailleurs, j'aurais plutôt intitulé cette toile « Oeufs au plat avec ketchup » :



lundi 15 novembre 2010

Munich outside

Y'a pas longtemps, j'ai passé un long week-end à Munich en compagnie de MissK. Une jolie ville sympa, relaxe, propre. Ça change de « l'animation » de Paris. Je vous mets quelques photos.







Les promenades sont agréables à Munich. Les rues sont paisibles et les parcs nombreux. Il règne sur les lieux une certaine tranquilité, un ordre qu'on dirait tout allemand. D'ailleurs, les murs ne sont pas couverts de tags dégueulasses (l'équivalent artistique de l'urine de chien mâle). Ça fait de la place pour les véritables artistes de la rue.





Faudrait pas penser que ville tranquille = ville ennuyante. Les surprise sont nombreuses. Par exemple, les surfers du Englischer Garten.



Ça vous intrigue, des surfers à 500 kilomètres de la mer ? MissK vous raconte tout dans son billet.

Faut pas trop faire de régime quand on va à Munich. Premier repas : cette magnifique sélection de charcuteries locales.



Dans cette assiette, y'avait environ 1,5 kilos de protéine sous diverses formes. Deux sortes de boudins, deux têtes fromagées, du saucisson, du jambon, du camembert fouetté au paprika, etc. J'ai goûté à tout, et c'était savoureux. Mais impossible de terminer : j'en ai laissé plus de la moitié. Et attention au raifort râpé (MissK vous explique ici).

C'est comme ça partout à Munich. Faut pas viser le 3 étoiles, mais c'est honnête, roboratif et satisfaisant. Au Augustiner Am Dom, le plat de saucisses grillées sur feu de bois, avec sa choucroute maison et sa große bier, était parfait en matière de comfort food réussie. Et la bière est toujours bonne, ce qui n'est pas le cas en France.

Mais bon, je le redis, la mentalité locale n'est pas au régime. Dans ce coin, je crois qu'au lieu d'éviter les calories, on a choisi de les brûler par l'activité. Alors on trouve de tout sur les tablettes, dont ceci :



Quelle ne fut pas ma joie de tomber sur le Bifi Roll, une gâterie magnifique. Ce triomphe de l'ingénierie et de la conservation alimentaire est produit par Unilever Allemagne. Il est vendu en plusieurs versions, à côté des tablettes de chocolat. En gros, il s'agit d'un bâton de salami dans un tube de pain impérissable. Le genre de truc parfait pour un voyage interstellaire.



J'adore ce genre de bouffe. Pas vraiment pour la manger, mais plutôt pour suivre les progrès de la science en matière alimentaire. Viendra un siècle où, surpopulation oblige, nous devrons compter de plus en plus sur les industriels. Étonnament, la liste des ingrédients du Bifi Roll n'est pas si incompréhensible qu'on pourrait le présumer au moment de la dégustation (qui s'est limitée pour moi à renifler l'aliment). Chose certaine, avec ses 450 kilocalories par 100 grammes, dont 31 grammes de gras et 27 grammes d'hydrates de carbone (sucres en tous genres), la friandise offre un moyen compact de nourrir l'humanité.



Pour finir, un petit conseil. Lorsque vous quitterez Munich, je vous recommande chaudement de manger avant de franchir la sécurité aéroportuaire. Il serait triste de garder, comme moi, cette dernière impression d'une ville somme toute fort agréable :



Déjà qu'initialement le currywurst est au bas de l'échelle gastronomique, si en plus on le sabote, et qu'on le vend à 9 euros, ça devient morose. Vous ferez une meilleure affaire en vous enfilant deux Bifi Rolls. Faites descendre avec une Weißbier. Mais vaut mieux éviter d'en parler à votre cardiologue.