mardi 27 décembre 2011

Japan strange

Ce que j'aime beaucoup, en voyage, c'est de tomber sur ces petits machins complètement normaux pour les autochtones, mais complètement étranges pour moi, l'étranger. À ce chapitre, le Japon était une bonne destination. Voici quelques unes de mes petites perles.

Les mangas sont partout dans l'espace public. Ça met du rigolo dans la vie.





Qui n'a pas envie d'une banane quand il fait sa promenade ? Eh bien, y'a des distributeurs sur la rue.



Et si vous avez envie d'une glace à la banane, y'a des glaces à la banane dans une coque comestible en forme de banane...



Et si rien ne vous fait peur, y'a aussi des hot-dogs pré-emballés avec le ketchup, la moutarde, et tout ce qu'il faut.



Pour lutter contre la crise, le Japon a encouragé la création d'une multitude de sots métiers. Pour un simple trou dans le trottoir, il y aura parfois jusqu'à quatre mecs pour diriger les piétons. Mais il y a maintenant des robots-signaleurs. Signe de reprise économique?



Si vous aimez les chaussures colorées, vous trouverez votre bonheur chez les Nippons. Ils sont fous des baskets clinquants.



Petit secret, presque tous les grands magasins ont une terrasse sur leur toit. Endroit sympa pour dévorer les délices de leur foire alimentaire.



Champions de la miniaturisation, les Japonais ont équipé leur chambres d'hôtel de pratiques salles de bain monocoques. C'est le strict minimum, mais ça fonctionne. Maximum une personne à la fois.



Pourquoi n'y ai-je pas pensé ? Des menthes pour le nez !



Si vous êtes dans Shibuya, que c'est kitsch, et qu'on offre un tarif pour "repos seulement", c'est un love-hotel. La chambre Hello-Kitty sado-maso, ce n'est pas une légende.



En parlant de Hello Kitty, y'a même le Tour de ville thématique. Comme on dit, jusqu'à plus soif.



Peu importe quand vous passerez au Japon, y'aura un boys-band à la mode. Vous l'entendrez sur la rue, dans les superettes, dans les boutiques. Il sera à la télé et sur les écrans géants. Pendant mon passage, c'était Sexy Zone. Cinq adolescents avec des voix de hamsters et des roses en guise de micro. Ils étaient aussi sexy qu'un biberon recouvert de peluche turquoise. Le cul-cul ne tue pas.



Au Japon, strictement interdit de fumer sur la rue. Des zones spéciales sont aménagés pour les fumeurs. Étrange, car il est permis de fumer dans la plupart des bars et restaurants.



Et ça, c'est une pub pour leur nouveau modèle de train grande vitesse. Est-ce moi, ou...



lundi 26 décembre 2011

Japanglais

Le marketing au Japon, c'est un peu comme en France. Dans les slogans, c'est l'anglais qui domine. Parce que l'anglais, c'est "cool" et "sexy". Un slogan, quand c'est pas en anglais, ça fait amateur. Un peu comme pour le rock'n'roll. Ne me blâmez pas pour cette observation. Si les marketeurs donnent de l'anglais au peuple, c'est parce que le peuple aime mieux l'anglais, et les ventes sont meilleures.

La différence avec la France, c'est que l'anglais du Japonais moyen est médiocre. Alors ça donne des messages plutôt rigolos, un peu partout dans l'espace public. Quelques petits exemples.

Un groupe musical voulant insinuer que sa musique donnera des frissons. Il aurait dû s'appeler "Goose Bumps" ou "Chicken Skin", pour "Chair de poule". Mais finalement c'est "Bosse de poulet".



Dans ce restaurant, je n'ai pas osé les "Hormones sautées à la sauce miso".



Ni ce superlatif "Café de première qualité avec une beauté radieuse parfaitement élaborée à partir de grains de première qualité."



J'ai préféré ce "Thé nature avec nourriture", mais y'avait pas vraiment la "nourriture".



Quelques bonnes affaires à cette "Vente familiale de chaussures".



Certains courants politico-théologiques américains aimerons ce slogan : "Créationnons".



"Système d'alcool mondial".



Dans un magasin d'animaux domestiques, ou pet-shop : "Ma vie est toujours comme mes chiens. Ils me guérissent. Ils me laissent prendre un sourire."



Moi aussi je parle comme ça quand je suis bourré : "Kirin-City, présentation de la bière, communication de la bière, pour vous."



Chez le fleuriste : "Sois ton bonheur avec la fleur."



Le Japon, avec ses 120 millions d'habitants, compte certainement quelques traducteurs capables d'écrire en anglais correct. Mais après quelques jours, j'ai compris un truc. Ce que je lisais, ce n'était pas de l'anglais, mais du japanglais. La plupart des Japonais que j'ai rencontrés avaient une maîtrise médiocre de l'anglais. La plupart du temps, ils y allaient de quelques mots de base, assemblés dans une syntaxe japonaise. D'après moi, le japanglais est le moyen qu'ont trouvé les marketeurs pour être compris du Japonais moyen, tout en gardant le côté "sexy" de l'anglais. Une espèce de créole publicitaire.

Japon fantasme




Un truc qui m'a fasciné au Japon, c'est le désir de vivre le fantasme. Dans la nourriture, les boutiques, les produits de consommation, on retrouve souvent un souhait de perfection, d'idéal.

La même chose existe en Occident, mais avec une différence. À l'ouest, j'ai l'impression qu'on souhaite transformer, maîtriser, inventer, domestiquer. L'intervention humaine est évidente. D'ailleurs, on la célèbre. On préfèrera cette grande maison (et son logo) pour ses traditions et son savoir-faire. On aimera le plat longuement cuisiné, la technique secrète qui métamorphose l'aliment. L'Ouest aime le complexe, l'horlogerie, l'ordonné, les mathématiques savantes du Jardin de Versailles.

Au Japon, j'ai senti que le fantasme tend plutôt vers une sorte de pûreté ultime, une simplification. Au lieu de casser et de reconstruire, on choisira de polir, de poncer. Si le brin dépasse mais qu'il est beau, on adoucira son entourage, pour le mettre en valeur. Pour que le brin continue à dépasser, mais parfaitement. On reproduira l'accident naturel, mais en favorisant une sorte d'inégalité harmonieuse.

C'est dans les parcs que j'ai le plus ressenti cette aspiration. Une sorte de nature parfaite, où l'homme semble s'effacer. Quelque chose qui s'éloigne de la domestication, pour aller vers la cohabitation.













Au premier regard, le subterfuge fonctionne. On a l'impression d'un accidentel magnifique. Mais après un moment, je me suis rappelé que la nature est chaotique et pas du tout gentille. Que le forêts de ma Côte-Nord natale sont tout sauf accueillantes et bucoliques.

C'est alors que j'ai commencé à remarquer la manucure obsessive. La pierre artificiellement posée dans l'étang. Le tapis de mousse probablement greffé. La courbe savamment orchestrée. La cicatrice sur le tronc, la branche qui perturbait l'équilibre et qu'on aura coupée.







C'est pourquoi je parle de fantasme, aussi irréel et étrange que les haies carrées du Jardin du Luxembourg.



Japan temple

Pour un peu de quiétude, de verdure, ou de contemplation, on choisira le Japon des temples.









Ces lieux sont parfaits pour une promenade paisible, dans le silence et la réflexion.









Il faut prendre le temps de s'arrêter aux détails, observer les rituels. On commence par les ablutions, pour se purifier. Un peu d'eau sur le visage et les mains.



Puis on observe... Les bâtons des pèlerins, regroupés à l'entrée d'un temple.



Les nombreuses lanternes.



Les petits Bouddhas. Rappel triste, les mères ayant perdu un enfant les couvrent de bavoirs et de bonnets.





Le décor est patiemment élaboré. On élague, on laisse la mousse faire son chemin sur les troncs d'arbre et les portes shinto.







On trouvera souvent des panneaux couverts de petites plaquettes, probablement des offrandes, l'équivalent des lampions catholiques romains.



Et puis il y a ces petits horoscopes, noués aux grilles. Si j'ai bien compris, il s'agit d'horoscopes malchanceux, que les gens laissent derrière en espérant conjurer le sort.



Et avec un peu de chance, on tombera sur un groupe de moines en pleine cérémonie.