mercredi 20 juillet 2011

Simili-pipi

Je ne savais pas ce qu'était le vin avant d'arriver en France. Au Québec, il faut mettre une petite fortune avant d'arriver au bon vin. Dans l'abordable, on trouve surtout des vins "fabriqués", standardisés, pensés pour le plus large marché. En France, on trouve déjà de bons produits à moins de 10 euros.
 
C'est la même chose pour les charcuteries, fromages, pâtisseries. On trouve rapidement de belles choses, un certain soin, un niveau élevé. Idem pour le chocolat, la volaille, les coquillages. Les Français se font une fièrté de ce qu'ils mettent sur leurs tables. Alors je ne comprends pas trop pourquoi, en matière de bière, ils se contentent de pipi industriel.
 
Source photo : wikipedia.


Dans tous les cafés et bistrots, les mêmes trois ou quatre pompes : pipi blanchâtre, pipi jaune clair, pipi ambré d'inspiration belge. D'ailleurs, ce dernier pipi, qui singe les divines Lambic de nos voisins du nord, est selon moi à un doigt de l'insulte. Sous le logo de faux monastère, on trouve truc artificiellement alcoolisé, avec un vague goût de sirop de maïs. Une honte.
 
S'il y a un truc qui me manque de Montréal, c'est bien la bière. Un produit qui, malgré sa composition simple, se décline en nectars divins et complexes. C'est d'ailleurs dans ce petit miracle qu'il trouve sa nobilité. Je pense aux Imperial Stouts, avec leurs parfums de café et de chocolat, et leur présence crémeuse. Aux India Pale Ale, avec leur goût fortement houblonné, une belle amertume qui casse bien la chaleur de l'été. Les blanches à la coriandre et à l'orange. Les porters, les Lambic et les Gueuze, les Cream Ale, les bières à l'orge.
 
À Montréal, tout bar aura au moins un robinet de Boréale, une brasserie régionale qui sort des produits d'une qualité très acceptable. Et au moins un bar sur quatre aura quelques grands crus du houblon. Mais à Paris, c'est le désert. De quoi mourir de soif. Oui, on trouvera quelques boutiques éparses, ou l'occasionnel robinet de Guinness. Mais chercher de la bonne bière à Paris, c'est comme chercher un bon croissant à Montréal : on trouvera, mais faut faire au moins quatre stations de métro.
 
Ce qui me perturbe, c'est que la France est assiégé par des pays aux grandes traditions brassicoles : la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne, l'Angleterre. Des nations omniprésentes dans le palmarès annuel de RateBeer.com, la référence sur la bière. Pourtant, la bonne bière se limite aux départements du nord dans son incursion en territoire français. Plus bas, y'a rien, sinon du pipi. Étrange, quand on sait que les Français ont généralement le goût du bon. Avec une consommation moyenne annuelle de près de 40 litres per capita (selon Royal Unibrew), il serait grand temps que le pays cesse de pratiquer ce qui ressemble à de l'ondinisme.