samedi 23 janvier 2010

Si j’étais dictateur



J’interdirais la chanson YMCA parce que son désordre alphabétique invite à renverser l’ordre établi, ce qui est subversif.

Le drapeau de mon État serait cousu d’une substance intangible, une pure conception de l’esprit. Ainsi, personne ne pourrait le piétiner en guise de protestation. À la télé, on verrait les manifestants asperger d’essence un sol nu, puis mettre le feu à rien du tout. Ça enlèverait toute crédibilité à leur action. Ils auraient simplement l’air con.

Si j’étais dictateur, j’autoriserais les juges de paix à frapper la tête des chauffards avec la tranche d’une version reliée plein-cuir du code de la route. Les conducteurs dangereux verraient leur voiture être peinte en rose. Et la vitesse du véhicule serait limitée à 50 km/h, avec interdiction formelle de rouler sur l’autoroute. Ils n’auraient plus le droit d’avoir de passager ou de cargaison, et devraient conduire nus, les fenêtres baissées, même en hiver. Il serait autorisé de leur lancer de l’eau ou de la neige.

J’interdirais la pluie en plein jour. La pluie pourrait pleuvoir entre minuit et cinq heures du matin. Et juste ce qu’il faut pour faire pousser les carottes. J’interdirais aussi tout excès de température, négatif ou positif.

J’interdirais les embouteillages. Une personne ayant passé plus de dix minutes dans un bouchon serait autorisée à rentrer chez elle sans avoir à fournir de justification.

Il y aurait une taxe spéciale pour les personnes qui passent plus de 20 minutes dans la salle de bain, sauf si c’est pour terminer un magazine ou un chapitre d’une œuvre autorisée.

Source photo : wikipedia.


Il y aurait une amende pour les gens qui parlent au téléphone sans regarder où ils vont. Également pour les personnes qui sortent subitement d’une boutique. Aussi pour les individus qui louvoient sur le trottoir sans raison valable, sauf s’ils ont bu. Même chose pour ceux qui s’arrêtent en haut de l’escalier mécanique, pris au dépourvu par la soudaine nécessité de choisir une direction. Ce serait mon grand programme d’amélioration de la fluidité piétonnière.

Et pour ces gens qui, au café, après avoir attendu dans la queue pendant vingt minutes, ne savent toujours pas ce qu’ils veulent boire. Et bien, c’est gens seraient privés à vie de café. Ou de MacDo. Ou de ce pourquoi ils faisaient la queue. De plus, ils seraient forcés d’utiliser uniquement un système spécial de toilettes publiques où le temps d’attente serait de vingt minutes minimum.

Les gens méchants seraient déportés dans le pays de leur choix. Ils auraient 20 minutes pour y penser. En l’absence d’un choix, ils seraient expédiés à l’île de Gough avec un sac de patates et trois allumettes.

Si j’étais dictateur, les lundis seraient interdits. Serait instauré le Jour de l’Envers, période de 24 heures pendant laquelle la population devrait faire exactement l’inverse de ce qu’elle a fait la veille. L’interprétation du mot « inverse » serait laissée à la discrétion du citoyen.

Il serait obligatoire d’avertir un concitoyen lorsqu’il a un truc au bord de la narine, des restes de nourritures dans sa moustache, ou des pellicules sur les épaules de son veston. Il serait également interdit que la remarque soit accompagnée du traditionnel petit moment de silence inconfortable.

Les visiteurs qui abusent de la générosité de leurs hôtes, ou qui étirent leur séjour trop longuement, seraient forcés de faire le ménage et les menus travaux pendant une semaine avant de pouvoir rentrer chez eux.

Par souci d’égalité entre les sexes, un homme serait autorisé à aborder une inconnue uniquement pendant les mois de janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre. Les autres mois, la nécessité de faire les premiers pas reviendrait aux dames.

Il serait formellement interdit d’inventer un nouveau cocktail. La terre compte assez d’hérésies alcoolisées comme ça. Il faudrait choisir parmi ceux qui existent. Le breuvage national serait le sidecar (recette ici), mais dans un verre old-fashioned et sans sucre sur le bord.

Un label « mauvais restaurant dégueulasse » serait créé pour les mauvais restaurants dégueulasses. Il devrait être affiché sur la porte, ainsi que sur le front du proprio, en tout temps. Pour bien dégoûter sa clientèle, le patron d’un mauvais resto devrait faire le service torse-nu, s’il est ventripotent, ou enduit de rillettes, s’il est mince.

À tous les carrefours, on mettrait de grands panneaux sur lesquels seraient affichées les recettes préférées du chef de la nation (moi).

Les buveurs de thé devraient porter la salopette, simplement parce que c’est un vêtement rigolo. Et pourquoi les buveurs de thé? Parce que je l’aurais décidé.

Ceux qui oseraient questionner ou critiquer le régime seraient forcés de payer tous leurs achats en menue monnaie, même si c’est pour une maison.

Il serait interdit de convoquer une réunion sans ordre du jour. Si une réunion devait se terminer sans décision, échéancier de travail, ou définition claire de tâches à accomplir, tous les participants seraient expédiés dans le grand nord pendant six mois afin de prendre part à l’effort national de reboisement.

Si j’étais dictateur, une mode devrait obligatoirement durer un minimum de cinq ans. Les nouvelles modes ne pourraient être lancées que le 31 janvier des années se terminant par un zéro ou un cinq.

Le jour de la fête nationale (date à confirmer), dans le but de maintenir les citoyens aptes au combat, chaque ville devrait organiser une grande bataille de nourriture. Les personnes ayant des réserves face au gaspillage alimentaire seraient autorisées à lancer des médicaments périmés, des vêtements démodés, ou des bibelots de moins de 250 grammes.

Un registre national des chansons qu’on ne veut plus jamais entendre serait créé. Pour une chanson donnée, une fois atteint le plafond des 5 000 plaintes, l’œuvre serait définitivement retirée des ondes publiques, exception faite de l’hymne national.

L’hymne en question irait comme suit : « Ô cher dictateur, comme j’aime tes cheveux dans le vent de la liberté. Je rêve d’un jour prendre mon bain en ta compagnie, mais tu me permettras dans ta grande générosité de conserver mon maillot car je suis un peu timide. Ô splendide guide de ton peuple adoré, tu es mon meilleur ami Facebook. Jeudi soir prochain, si tu daignes passer par mon humble demeure, je ferai de la fondue. Je t’envoie à l’instant des bisous par SMS. »


3 commentaires:

FM a dit…

amen

La tortue légère a dit…

Dans la Planète PAUL y'a un truc qui va pas. Mon adresse wordpress ne passe pas et mes comm. magnifiques et intelligents tombent à l'eau, comme le précedent.
J'y portait des salopettes et repeignait les bagnoles roses avec des pois verts.
crotte de bique
PAUL 1er tu es un imposteur. Purquoi ton truc à commentaire il n'est pas comme les autres ? Avec choix " Nom URL" etc..?
Tant pis pour toi.

Lôlà tortue et PLume d'Hi aussi, voui.

Patrice a dit…

"j’aime tes cheveux dans le vent de la liberté"
Tu t'es gâté là mon Paul :P

(J'ai hésité 30 secondes avant de publier, de peur de toucher ta sensibilité )