samedi 9 août 2008

Jamais du premier coup (suite et fin)



Mon but n’est pas de recenser la totalité des petits chemins de croix administratifs que doit longer un expatrié. C’est pourquoi j’essaierai dans les prochains mois de garder pour moi mes réflexions sur le service à la clientèle, cette ressource naturelle précieuse qui n’est pas répartie également sur tous les continents. Je ferme donc le chapitre « doing business in France » avec une dernière anecdote.

Je dois rentrer au Canada prochainement pour obtenir certains papiers. Je réserve un billet d’avion en ligne lundi soir. La compagnie française qui me vend mon billet sur Air Transat prend toutes mes données de carte de crédit, incluant les trois petits chiffres de sécurité qu’on ne devrait jamais donner. J’appuie sur le bouton. J’attends un petit moment, environ le temps que met un site pour valider une VISA et effectuer le prélèvement. Trente secondes plus tard, j’ai un numéro de confirmation et on me dit qu’on m’enverra sous peu mon billet électronique. Tout va pour le mieux.

Le lendemain, je reçois un courriel qui semble provenir du département de comptabilité de la compagnie. « Bonjour monsieur, pour obtenir vos billets, vous devrez faire un virement de 574 euros sur notre compte bancaire dont voici les informations. Vous devrez également nous envoyer par fax le tampon officiel de votre banque pour nous confirmer le paiement. Vous pouvez aussi payer personne à notre agence de la rue Blablabla ». Aucune ligne du message n’indique si la transaction sur ma carte de crédit a échoué ou non.

Disons que je fais ce qu’on me dit. Disons que j’ignore le fait que ce courriel, dans sa teneur, à l’allure peu rassurante du hameçonnage classique à la sauce nigérienne. Disons que je présume qu’aucune somme n’a été prélevée sur ma VISA. Alors je dois m’absenter de mon travail (encore une fois), traverser Paris pour aller à ma banque, faire un virement avec tout ce que ça implique, obtenir le tampon et le faxer.

Source photo : wikipedia.


Écoute monsieur le vendeur, est-ce qu’on t’a expliqué à quoi ça sert un site internet transactionnel? La seule raison pour laquelle je suis allé sur ton site, c’est parce que t’étais 50$ moins cher qu’ailleurs. Là tu sembles refuser une carte de crédit que tout le monde accepte. Tu me demandes de perdre un temps fou à me promener dans Paris, tout ça pour un petit 50$ qui ne vaudra probablement plus rien une fois que ma carte de crédit aura pris sa « cut » pour le taux de change.

Monsieur le vendeur, on va fonctionner autrement. Je vais appeler ma carte de crédit au Canada pour voir si vous ne m’avez pas déjà facturé. Je vais leur demander de bloquer tout prélèvement de votre part. Toi, tu vas annuler sans frais ma réservation. Même si ton site dit qu’il y a des frais pour une annulation. Moi je vais aller directement sur le site d’Air Transat, comme je fais d’habitude, et je vais avoir mon billet en 5 minutes. Tout ça bien assis sur mon gros steak dans le confort de mon appart. That’s the way we do business in America.

Selon ce qu’on m’a déjà expliqué, ça prend 5 minutes pour boucler une transaction de 200 millions U.S. sur la bourse de New York. C’est une trader du NYSE qui le dit. Elle ajoute que la même transaction, faite en EURO avec une contrepartie européenne, prend 5 jours. C’est pourquoi selon elle l’EURO ne deviendra jamais l’étalon monétaire international. Ce n’est pas une question de force : la livre sterling a toujours été plus forte que le dollar américain. C’est une question de liquidité, une question de FACILITÉ DE PAIEMENT.

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