Aujourd'hui, je m'abreuve à l'Express pour vous transmettre toute l'information pertinente à votre survie sociale.
Les violences à l'école vous inquiètent-elles ?
Non, pour deux raisons :
1. Je ne vais plus à l'école.
2. S'il faut apprendre à se battre, autant que ça soit encadré par un système national.
La mort coûte cher en France.
Ceci m'inspire cette petite forme pseudo-syllogique :
1. Quand la mort coûte cher, on vit plus vieux.
2. Les Français vivent vieux.
3. Les Français sont des pingres.
Kadhafi enterré ce mardi dans le désert libyen.
Ne mettez pas d'eau, sinon ça va pousser.
Maigrir par l'astrologie: nos conseils aux scorpions.
Mon conseil à moi : ne mangez que des scorpions frits.
Où aimez-vous travailler ?
Oxymore.
Joly invite Hollande à Fukushima.
Elle déclare : "À nous deux, on devrait pouvoir les achever."
Le Royaume-Uni pourrait changer les règles de succession au trône.
Les familles nombreuses devront faire preuve de diplomatie, et surtout de retenue.
Plus rien ne passe au Sénat (ou presque).
Ce genre de problème est fréquent chez les aînés.
mercredi 26 octobre 2011
vendredi 21 octobre 2011
Pas de crise en France
Ça y est, nous avons commencé la descente vers le fond.
Malgré tous les efforts pour enrayer la crise, le chômage reste élevé. Les gens coupent dans le civisme. On note une hausse des vols dans les magasins. Il est de plus en plus difficile de payer les factures. Ailleurs, c'est le début de l'exode ; les Espagnols désertent. Dépassés pas les événements, certains élus préfèrent continuer à faire l'autruche : ce qu'on ne voit plus n'existe plus.
Débute cette ère douloureuse où nous n'aurons même plus les moyens d'acheter les produits les moins chers, ceux dont nous avons exporté la fabrication en Asie.
Nous avons atteint cette situation étrange où plus personne n'a de fric, sauf ce petit groupe de millionnaires chinois que nous avons créés, et qui débarquent à Paris acheter le dernier produit made in France : le luxe.
Plus un rond...
À part les dorénavant habituelles exceptions, comme les banques. Et peut-être aussi les Suisses, au nom de leur grande tradition de neutralité.
Alors les gens commencent à se révolter. Le petit peuple descend dans la rue. En Grèce, en Espagne, à New York, dans l'Ouest américain. La grogne monte. On fracasse un peu les vitrines de ces grandes tours anonymes où se cache le sort du monde. On s'indigne à Berlin, Londres, Sydney.
Bon, à Paris, on s'indigne un peu moins. Faut dire qu'on sent moins la crise, avec tous ces Chinois et rois du pétrole, qui écument le marché des apparts avec vue sur la Seine.
Il doit bien y avoir quelques indignés à Paris, non ? Ils sont où, ces Français qui habituellement se manifestent à la moindre occasion de râler ?
Ah oui, j'oubliais : ils sont au Apple Store.
Finalement, en matière de fric, on n'a pas encore tout à fait atteint le fond... Je m'en réjouis.
Malgré tous les efforts pour enrayer la crise, le chômage reste élevé. Les gens coupent dans le civisme. On note une hausse des vols dans les magasins. Il est de plus en plus difficile de payer les factures. Ailleurs, c'est le début de l'exode ; les Espagnols désertent. Dépassés pas les événements, certains élus préfèrent continuer à faire l'autruche : ce qu'on ne voit plus n'existe plus.
Débute cette ère douloureuse où nous n'aurons même plus les moyens d'acheter les produits les moins chers, ceux dont nous avons exporté la fabrication en Asie.
Nous avons atteint cette situation étrange où plus personne n'a de fric, sauf ce petit groupe de millionnaires chinois que nous avons créés, et qui débarquent à Paris acheter le dernier produit made in France : le luxe.
Plus un rond...
À part les dorénavant habituelles exceptions, comme les banques. Et peut-être aussi les Suisses, au nom de leur grande tradition de neutralité.
Alors les gens commencent à se révolter. Le petit peuple descend dans la rue. En Grèce, en Espagne, à New York, dans l'Ouest américain. La grogne monte. On fracasse un peu les vitrines de ces grandes tours anonymes où se cache le sort du monde. On s'indigne à Berlin, Londres, Sydney.
Bon, à Paris, on s'indigne un peu moins. Faut dire qu'on sent moins la crise, avec tous ces Chinois et rois du pétrole, qui écument le marché des apparts avec vue sur la Seine.
Il doit bien y avoir quelques indignés à Paris, non ? Ils sont où, ces Français qui habituellement se manifestent à la moindre occasion de râler ?
Ah oui, j'oubliais : ils sont au Apple Store.
Finalement, en matière de fric, on n'a pas encore tout à fait atteint le fond... Je m'en réjouis.
(Photo : Apple)
jeudi 20 octobre 2011
Ce mec me fait peur
(Photo : wikipedia)
Vladimir Poutine. Ce mec me fait peur. Récemment, au cours d'une plongée sur un site de recherche archéologique, le Rambo slave a "découvert" deux amphores vieilles de 1500 ans. Finalement, cette petite nouvelle nous apprend que tout ça n'était qu'une mise en scène destinée à promouvoir l'image du premier ministre / futur-re-président / monarque russe .
La Russie figure parmi les puissances mondiales. Elle siège au Conseil de sécrurité de l'Onu. Elle fait le pont entre l'Asie et l'Occident. Elle est dotée d'un arsenal nucléaire gigantesque. Sa position stratégique fait d'elle un des piliers de l'ordre (ou du désordre mondial).
Si j'était chef de la Russie, il me semble que j'aurais d'autres préoccupations que la promotion de ma mégalomanie. En plus, Poutine me fait peur, car ses choix marketing sont des démonstrations de virilité primaire, des trucs de cow-boys et d'indiens, des machins G.I. Joe.
J'espère qu'il ne s'agit pas de ses vrais fantasmes. Pendant les tournages de son autopromotion, j'espère qu'il confie à son entourage : "Je gouverne une bande de tarés à qui il faut parler comme à des gamins de 9 ans. J'en ai un peu marre de ces galipettes." Ça serait cynique, mais ça me rassurerait.
mardi 18 octobre 2011
I love Iran
Plutôt cynique, cette nouvelle à propos de l'actrice iranienne Marzieh Vafamehr. Elle été condamnée à 90 coups de fouets et une année de prison. Ça, c'est si elle survit aux coups de fouet. La raison de cette condamnation : elle a joué dans un film abordant les difficultés faites aux artistes en Iran.
On appelle ça une preuve par l'absurde...
Il est important ici de faire la différence entre "Iran" et "régime rétrograde et violent dirigé par des fondamentalistes religieux complètement cinglés". L'un peut exister sans l'autre.
La liberté d'expression, la liberté de critiquer, sont des droits précieux à mes yeux. Des droits que je défendrais jusque par les armes, si j'y étais poussé. Les iraniens ont perdu ces droits en 1979. Veillons à ce qu'ils ne s'érodent pas dans nos sociétés. Aidons les Iraniens, chacun à sa manière.
J'aurais bien aimé visiter l'Iran, un jour. Il paraît que c'est très beau. Une histoire riche, qui remonte à l'Antiquité. Une tradition culinaire qui fait la jointure entre l'Asie et le Moyen-Orient. En écrivant ceci, faut croire que j'ai mis mon projet de voyage à risque.
samedi 15 octobre 2011
Un dimanche à Auschwitz
Passer un dimanche à Auschwitz, j'hésite encore. Le soleil tombe sur les façades jaunes et ocre de Cracovie. Le ciel rose, les vieux tramways soviets angulaires et vitrés qui dureront 1000 ans, avec leur métal épais comme ça. Assis devant une Zywiec qui sent un peu le chien mouillé, et une vieille vodka à la prune, j'hésite encore.
Je sais, le devoir de mémoire. On me demandera : "Es-tu allé à Auschwitz ? As-tu vu les camps ?" Mais je n'ai pas vraiment envie de plonger dans cette folie. Auschwitz, je l'ai tous les mercredi soirs sur Arte. Les silhouettes squelettiques, en noir et blanc, la peur, la faim. C'est si loin de cette ville aux corniches pastel, de ces jeunes bobos polonais autour de moi, avec leurs MacBooks et leurs coupes de rosé. Il y a si longtemps de Brejnev, Jaruzelski, et Solidarnosc.
Même le Mur, ça fait un bail. En 89, ils avaient quel âge les bobos : 5 ou 10 ans ? La brunette à la table d'à côté, avec ses piercings et son Borsalino, qu'est-ce qu'elle en pense d'Auschwitz, et des autocars de touristes à 110 zlotys pour la journée ? Elle a peut-être une copine qui a fait ce boulot l'été dernier : "Mesdames et messieurs, l'holocauste livré pour vous, et n'oubliez pas notre boutique à la fin du parcours, 10% de réduction sur présentation de votre billet Krakow Tours."
La vodka m'arrache un bout des bronches à chaque lampée. Elle doit tirer à au moins 70 degrés. Approuvant mon choix, le serveur s'était tout de même permis de remarquer dans son anglais approximatif : "a lot of alcohol in this vodka." Il est efféminé, et il ne cherche pas à le cacher. Parce que Cracovie, aujourd'hui, me semble ailleurs. Le monde aussi, je l'espère.
Rester dans le moment, parce que demain ça recommencera. Ce sera les Arabes, les bouddhistes, ou les fumeurs. Les pauvres. Les étrangers. Pas besoin d'aller à Auschwitz pour savoir ça.
- Alors, t'as fait quoi à Cracovie ?
- Je me suis fait couper les cheveux. Dans un vieux salon, caché sous les arcades, par un vieux coiffeur expert qui m'a pris 25 zlotys. J'en ai laissé 30, parce qu'aujourd'hui c'est 2011 et les pourboires sont passés à l'Est. Et c'est quoi, 5 zlotys ? C'est environ 1.25 euros. Ici je suis le roi du pétrole. C'est presque indécent. Le vieux barbier, il les a connus, Brejnev et Andropov. Pourtant, dans son salon, il ne reste rien de tout ça.
Ceux qui viennent à Cracovie dans l'espoir de se plonger dans l'Est communiste seront déçus. Tout au plus ne subsistent que quelques détails. Il faut vraiment être attentif. Le local voûté, dépouillé, trop vaste : des promoteurs parisiens y auraient mis un café de 60 tables. Les vieux fauteuils en moleskine, avec leurs bras chromés : sobriété et durabilité. Pour citer une amie, à l'époque on était trop pauvre pour fabriquer du jetable.
Et puis le soin. Comme s'ils avaient tout le temps du monde, le temps d'un peuple au chômage, les barbiers mettent une éternité sur chaque tête. Comme des sculpteurs, ils reculent, observent, puis ajustent le moindre cheveux d'un coup de ciseau précis. Dans le fauteuil à côté du mien, un petit vieux s'est fait soigner pendant au moins 45 minutes les sept derniers cheveux de son crâne.
On ne le remarque pas, mais les Polonais soignent leurs cheveux. Même si elle peut sembler militaire, la coupe se fait au ciseau. Aussi droite et lisse qu'à la tondeuse, mais faite à la main, avec en prime un peu de socialisation : le coiffeur n'hésite pas à poser son instrument pour parler de politique, de météo, ou de foot. Bon, c'est vrai que je ne comprends rien au polonais. Mais personne ne parle de littérature avec son coiffeur. À tout le moins, on aura parlé d'un championnat d'échecs. Mais c'est la même chose que parler de foot.
S'il reste une carte-postale d'un passé communiste, c'est peut-être le petit marché aux fripes, sur Plac Nowy. Bon, ce ne sont que des fripes. Il y a pareil à Paris. Mais quand même, on ressent une sorte d'obligation sociale, voire folkorique. Y'a pas que des vieilles et des étudiantes fauchées, y'a aussi quelques Mercedes qui cherchent à se garer. Des couples bien coiffés, avec carrés de soie et impers Burbury, et qui surtout semblent fouiller dans les tas de vêtements pour s'amuser, comme on cherche des oeufs de Pâques.
Il y a aussi quelques étals qui offrent pêle-mêle shampooing, gel douche, et savon à lessive. Des cosmétiques ordinaires qu'on trouvera aujourd'hui dans n'importe quel supermarché. Peut-être qu'une partie de la population souhaite encore se procurer sa savonnette via une transaction semi-clandestine, à tout le moins défiscalisée. Par habitude ou nostalgie d'une époque où le fait de se passer des produits sous la manche permettait de ventiler un peu sa dissidence.
Sinon, on flâne dans des cafés bien bobos, meublés à la suédoise et décorés d'affiche d'Almodovar et de Hitchcock. La jeune femme qui m'a servi mon latte m'a parlé dans un anglais parfait. D'ailleurs, la majorité des clients ont l'accent Américain. Pour l'ambiance rétro, on diffuse du Dixieland bien joyeux et propret. Je pourrais être à Amsterdam, Boston, ou Calgary. L'Est gris et furtif des films d'espionnage est bel et bien mort. L'Ouest a gagné, KFC pour les ados, café Illy pour les petits bourges comme moi.
- Donc t'es pas allé à Auschwitz ?
- Je suis resté à Cracovie. J'ai pris des photos. Pour me rappeler qu'on n'est pas fait pour vivre empilés les uns sur les autres, comme des rats de chez Chanel. Et puis j'ai dormi. J'ai dormi perdu dans des rêves de cygnes qui s'envolent bruyamment sous les ponts de la Vistule, comme des outardes maladroites. J'ai dormi, réveillé par les fêtards qui gueulaient des chansons polonaises entre mélancolie et soif du combat. J'ai somnolé dans un coma de surface, après un plat national de crêpes aux patates frites d'au moins deux kilos. J'ai laissé le soleil tomber sur les façades jaunes et ocre, sur les stucs menthe, et les tramways bleus.
Je sais, le devoir de mémoire. On me demandera : "Es-tu allé à Auschwitz ? As-tu vu les camps ?" Mais je n'ai pas vraiment envie de plonger dans cette folie. Auschwitz, je l'ai tous les mercredi soirs sur Arte. Les silhouettes squelettiques, en noir et blanc, la peur, la faim. C'est si loin de cette ville aux corniches pastel, de ces jeunes bobos polonais autour de moi, avec leurs MacBooks et leurs coupes de rosé. Il y a si longtemps de Brejnev, Jaruzelski, et Solidarnosc.
Même le Mur, ça fait un bail. En 89, ils avaient quel âge les bobos : 5 ou 10 ans ? La brunette à la table d'à côté, avec ses piercings et son Borsalino, qu'est-ce qu'elle en pense d'Auschwitz, et des autocars de touristes à 110 zlotys pour la journée ? Elle a peut-être une copine qui a fait ce boulot l'été dernier : "Mesdames et messieurs, l'holocauste livré pour vous, et n'oubliez pas notre boutique à la fin du parcours, 10% de réduction sur présentation de votre billet Krakow Tours."
La vodka m'arrache un bout des bronches à chaque lampée. Elle doit tirer à au moins 70 degrés. Approuvant mon choix, le serveur s'était tout de même permis de remarquer dans son anglais approximatif : "a lot of alcohol in this vodka." Il est efféminé, et il ne cherche pas à le cacher. Parce que Cracovie, aujourd'hui, me semble ailleurs. Le monde aussi, je l'espère.
Rester dans le moment, parce que demain ça recommencera. Ce sera les Arabes, les bouddhistes, ou les fumeurs. Les pauvres. Les étrangers. Pas besoin d'aller à Auschwitz pour savoir ça.
- Alors, t'as fait quoi à Cracovie ?
- Je me suis fait couper les cheveux. Dans un vieux salon, caché sous les arcades, par un vieux coiffeur expert qui m'a pris 25 zlotys. J'en ai laissé 30, parce qu'aujourd'hui c'est 2011 et les pourboires sont passés à l'Est. Et c'est quoi, 5 zlotys ? C'est environ 1.25 euros. Ici je suis le roi du pétrole. C'est presque indécent. Le vieux barbier, il les a connus, Brejnev et Andropov. Pourtant, dans son salon, il ne reste rien de tout ça.
Ceux qui viennent à Cracovie dans l'espoir de se plonger dans l'Est communiste seront déçus. Tout au plus ne subsistent que quelques détails. Il faut vraiment être attentif. Le local voûté, dépouillé, trop vaste : des promoteurs parisiens y auraient mis un café de 60 tables. Les vieux fauteuils en moleskine, avec leurs bras chromés : sobriété et durabilité. Pour citer une amie, à l'époque on était trop pauvre pour fabriquer du jetable.
Et puis le soin. Comme s'ils avaient tout le temps du monde, le temps d'un peuple au chômage, les barbiers mettent une éternité sur chaque tête. Comme des sculpteurs, ils reculent, observent, puis ajustent le moindre cheveux d'un coup de ciseau précis. Dans le fauteuil à côté du mien, un petit vieux s'est fait soigner pendant au moins 45 minutes les sept derniers cheveux de son crâne.
On ne le remarque pas, mais les Polonais soignent leurs cheveux. Même si elle peut sembler militaire, la coupe se fait au ciseau. Aussi droite et lisse qu'à la tondeuse, mais faite à la main, avec en prime un peu de socialisation : le coiffeur n'hésite pas à poser son instrument pour parler de politique, de météo, ou de foot. Bon, c'est vrai que je ne comprends rien au polonais. Mais personne ne parle de littérature avec son coiffeur. À tout le moins, on aura parlé d'un championnat d'échecs. Mais c'est la même chose que parler de foot.
S'il reste une carte-postale d'un passé communiste, c'est peut-être le petit marché aux fripes, sur Plac Nowy. Bon, ce ne sont que des fripes. Il y a pareil à Paris. Mais quand même, on ressent une sorte d'obligation sociale, voire folkorique. Y'a pas que des vieilles et des étudiantes fauchées, y'a aussi quelques Mercedes qui cherchent à se garer. Des couples bien coiffés, avec carrés de soie et impers Burbury, et qui surtout semblent fouiller dans les tas de vêtements pour s'amuser, comme on cherche des oeufs de Pâques.
Il y a aussi quelques étals qui offrent pêle-mêle shampooing, gel douche, et savon à lessive. Des cosmétiques ordinaires qu'on trouvera aujourd'hui dans n'importe quel supermarché. Peut-être qu'une partie de la population souhaite encore se procurer sa savonnette via une transaction semi-clandestine, à tout le moins défiscalisée. Par habitude ou nostalgie d'une époque où le fait de se passer des produits sous la manche permettait de ventiler un peu sa dissidence.
Sinon, on flâne dans des cafés bien bobos, meublés à la suédoise et décorés d'affiche d'Almodovar et de Hitchcock. La jeune femme qui m'a servi mon latte m'a parlé dans un anglais parfait. D'ailleurs, la majorité des clients ont l'accent Américain. Pour l'ambiance rétro, on diffuse du Dixieland bien joyeux et propret. Je pourrais être à Amsterdam, Boston, ou Calgary. L'Est gris et furtif des films d'espionnage est bel et bien mort. L'Ouest a gagné, KFC pour les ados, café Illy pour les petits bourges comme moi.
- Donc t'es pas allé à Auschwitz ?
- Je suis resté à Cracovie. J'ai pris des photos. Pour me rappeler qu'on n'est pas fait pour vivre empilés les uns sur les autres, comme des rats de chez Chanel. Et puis j'ai dormi. J'ai dormi perdu dans des rêves de cygnes qui s'envolent bruyamment sous les ponts de la Vistule, comme des outardes maladroites. J'ai dormi, réveillé par les fêtards qui gueulaient des chansons polonaises entre mélancolie et soif du combat. J'ai somnolé dans un coma de surface, après un plat national de crêpes aux patates frites d'au moins deux kilos. J'ai laissé le soleil tomber sur les façades jaunes et ocre, sur les stucs menthe, et les tramways bleus.
mercredi 12 octobre 2011
Pas de minutes
La France est un de ces pays où le concept de "minute" n'a pas une très forte pénétration dans le tissu social et économique.
Un exemple. Sur la porte d'un café parisien, une affiche "Ouvert de 8h00 à 23h00". Dans une nation plus évoluée, comme la Suisse, le Japon, ou le Canada, elle sera interprétée au sens littéral : "Ouvert de 8h00 à 23h00". Mais en France, où les minutes n'ont qu'une fonction décorative, il faut lire ceci : "Ouvre quelque part entre 8h00 et 9h00, selon le bon gré du personnel, et ferme une bonne quinzaine de minutes avant 23h00".
Cette "ponctualité flexible" peut être observée lors des réunions, des rendez-vous entre amis, des visites chez le médecin, etc. Dès qu'un processus n'implique pas une logistique internationale, comme pour les trains et les avions, la France ne tient plus compte des minutes.
Alors comment organiser son agenda ? À l'attention du nouvel arrivant, voici quelques petites règles dérivées de mon expérience personnelle.
Heure de début
Pour l'heure de début, c'est facile. Toute chose commencera systématiquement en retard. Le café ouvrira à 8h09, avec ses tabourets sur le comptoir et sa cafetière encore froide. La réunion de travail commencera quand tout le monde sera arrivé. La table réservée pour 21h00 vous sera donnée à 21h20. Pour meubler ces périodes d'attente, les Français choisiront de prendre un apéro. (Note : en France, un apéro peut être pris à 9h47 le matin, et n'a pas à être suivi d'un repas.)
Heure de fin
L'interprétation des heures de fin est plus complexe. Une chose peut se terminer avant ou après l'heure indiquée, selon le contexte. Il y a deux grandes catégories de contextes : sociaux et professionnels.
Dans les contextes sociaux, la règle est simple. Les choses finiront plus tôt ou plus tard selon qu'on s'emmerde ou non. Soirée sympa avec copains et copines = plus tard. Repas ennuyant avec la belle-famille = plus tôt. Notez que dans les rapports sociaux, la position d'autorité appartient à celui qui s'emmerde le plus. Karl Lagerfeld est un bon exemple de personne qui s'emmerde beaucoup. Pour progresser rapidement au sein de votre groupe mondain, n'hésitez pas à faire la moue et à partir tôt.
Dans les contextes professionnels, la gestion de l'heure de fin s'arrime aux règles subtiles de la hiérarchie, du statut social, de la domination et du mépris. Dans une relation professionnelle, il y a toujours un dominant, et c'est lui qui fixe l'heure de fin. Voici une grille simplifiée qui vous permettra de naviguer dans vos premiers rapports :
Beaucoup plus tôt : t'es qu'un couillon, je ne sais même pas ton nom, et si je dois virer quelqu'un, tu feras partie des candidats.
Un peu plus tôt : tu fais un boulot correct, mais rappelle-toi que le patron, c'est moi.
Un peu plus tard : t'es mon pote, je te filerai les infos avant les autres, et peut-être une partie des pots-de-vin que je reçois.
Beaucoup plus tard : je suis politiquement isolé, mon poste est en jeu, et j'ai désespérément besoin d'alliés.
Dans le spectre des relations professionnelles, il y a la relation commerciale. Comme les autres, elle est gouvernée par le statut social. Mais à la différence de l'Amérique, où le client est roi, c'est le fournisseur de service qui joue le rôle de dominant. Il faut se rappeler qu'en France, l'échelle du pouvoir se décline ainsi :
Président de la République
Premier ministre
Garçons de café
Gérants de brasserie
Conducteurs de train
Autres professionnels du commerce (coiffeurs, vendeurs du BHV, etc.)
Fonctionnaires
PDG de grande entreprise (Total, EDF, GDF Suez, Carrefour, etc.)
Membres du show-business
Maires
Avocats
Médecins
Philosophes
Autres vieux cons
Vous
Citoyens d'origine africaine dont la famille habite en France depuis moins de 48 générations.
Sans-papiers.
Roms.
Cette échelle explique pourquoi, en moyenne, votre café préféré ouvre à 8h37 et ferme à 22h19.
Un exemple. Sur la porte d'un café parisien, une affiche "Ouvert de 8h00 à 23h00". Dans une nation plus évoluée, comme la Suisse, le Japon, ou le Canada, elle sera interprétée au sens littéral : "Ouvert de 8h00 à 23h00". Mais en France, où les minutes n'ont qu'une fonction décorative, il faut lire ceci : "Ouvre quelque part entre 8h00 et 9h00, selon le bon gré du personnel, et ferme une bonne quinzaine de minutes avant 23h00".
Cette "ponctualité flexible" peut être observée lors des réunions, des rendez-vous entre amis, des visites chez le médecin, etc. Dès qu'un processus n'implique pas une logistique internationale, comme pour les trains et les avions, la France ne tient plus compte des minutes.
Alors comment organiser son agenda ? À l'attention du nouvel arrivant, voici quelques petites règles dérivées de mon expérience personnelle.
Heure de début
Pour l'heure de début, c'est facile. Toute chose commencera systématiquement en retard. Le café ouvrira à 8h09, avec ses tabourets sur le comptoir et sa cafetière encore froide. La réunion de travail commencera quand tout le monde sera arrivé. La table réservée pour 21h00 vous sera donnée à 21h20. Pour meubler ces périodes d'attente, les Français choisiront de prendre un apéro. (Note : en France, un apéro peut être pris à 9h47 le matin, et n'a pas à être suivi d'un repas.)
Source photo : wikipedia.
Heure de fin
L'interprétation des heures de fin est plus complexe. Une chose peut se terminer avant ou après l'heure indiquée, selon le contexte. Il y a deux grandes catégories de contextes : sociaux et professionnels.
Dans les contextes sociaux, la règle est simple. Les choses finiront plus tôt ou plus tard selon qu'on s'emmerde ou non. Soirée sympa avec copains et copines = plus tard. Repas ennuyant avec la belle-famille = plus tôt. Notez que dans les rapports sociaux, la position d'autorité appartient à celui qui s'emmerde le plus. Karl Lagerfeld est un bon exemple de personne qui s'emmerde beaucoup. Pour progresser rapidement au sein de votre groupe mondain, n'hésitez pas à faire la moue et à partir tôt.
Dans les contextes professionnels, la gestion de l'heure de fin s'arrime aux règles subtiles de la hiérarchie, du statut social, de la domination et du mépris. Dans une relation professionnelle, il y a toujours un dominant, et c'est lui qui fixe l'heure de fin. Voici une grille simplifiée qui vous permettra de naviguer dans vos premiers rapports :
Beaucoup plus tôt : t'es qu'un couillon, je ne sais même pas ton nom, et si je dois virer quelqu'un, tu feras partie des candidats.
Un peu plus tôt : tu fais un boulot correct, mais rappelle-toi que le patron, c'est moi.
Un peu plus tard : t'es mon pote, je te filerai les infos avant les autres, et peut-être une partie des pots-de-vin que je reçois.
Beaucoup plus tard : je suis politiquement isolé, mon poste est en jeu, et j'ai désespérément besoin d'alliés.
Dans le spectre des relations professionnelles, il y a la relation commerciale. Comme les autres, elle est gouvernée par le statut social. Mais à la différence de l'Amérique, où le client est roi, c'est le fournisseur de service qui joue le rôle de dominant. Il faut se rappeler qu'en France, l'échelle du pouvoir se décline ainsi :
Président de la République
Premier ministre
Garçons de café
Gérants de brasserie
Conducteurs de train
Autres professionnels du commerce (coiffeurs, vendeurs du BHV, etc.)
Fonctionnaires
PDG de grande entreprise (Total, EDF, GDF Suez, Carrefour, etc.)
Membres du show-business
Maires
Avocats
Médecins
Philosophes
Autres vieux cons
Vous
Citoyens d'origine africaine dont la famille habite en France depuis moins de 48 générations.
Sans-papiers.
Roms.
Cette échelle explique pourquoi, en moyenne, votre café préféré ouvre à 8h37 et ferme à 22h19.
mardi 11 octobre 2011
Pluie de capotes
La province de Lop Buri, en Thaïlande, subit d'importantes inondations. Parmi les mesures d'aide apportées par le gouvernement, il y a eu le parachutage de capotes.
Cet article nous explique que le gouvernement craint une explosion des naissances. Des responsables dans la zone ont rapporté que les habitants, coincés à la maison, en viennent à se faires de gros câlins pour tromper l'ennui.
En Amérique du Nord, quand on s'ennuie, on fouille dans le garde-manger. On bouffe des chips, on boit du coca. Les Thaïlandais, eux, ils baisent. Si un jour je vais en Thaïlande, j'espère qu'il pleuvra beaucoup.
(Photo : Narong Sangnak/EPA)
Cet article nous explique que le gouvernement craint une explosion des naissances. Des responsables dans la zone ont rapporté que les habitants, coincés à la maison, en viennent à se faires de gros câlins pour tromper l'ennui.
En Amérique du Nord, quand on s'ennuie, on fouille dans le garde-manger. On bouffe des chips, on boit du coca. Les Thaïlandais, eux, ils baisent. Si un jour je vais en Thaïlande, j'espère qu'il pleuvra beaucoup.
(Photo : Narong Sangnak/EPA)
S'il ne faut qu'un prétexte
T'es assis peinard à ton bureau et au gré des conversations, t'entends que demain c'est la grève. Ah oui ? Pourquoi donc ? Cette fois, c'est pour dire "non à l'austérité", comme l'indique ce papier du Figaro.
Bon... demain c'est le grève... Tu vas te lever un peu plus tôt, prévoir un peu d'attente dans le RER. La grève en France, c'est comme les tempêtes de neige au Québec : cinq ou six par année, parfois c'est pétard mouillé, parfois ça fait un peu chier. Mais ce n'est jamais catastrophique.
Ce que j'aime des grèves françaises, je l'ai déjà dit, c'est les formules poétiques qui permettent de justifier le mouvement. J'imagine tellement la grande réunion syndicale, avec les délégués de toutes les organisations, discuter pendant des heures pour aboutir à une formule de mobilisation comme "non à l'austérité".
En cette période de rigueur, j'aimerais faire ma part en fournissant aux syndicats une liste de justifications pour les prochaines grèves. Il ne leur restera qu'à planifier le calendrier.
Non aux hivers pluvieux.
Pour une distribution plus républicaine des cadeaux de Noël.
Non aux gens méchants.
Pour plus de sourires.
Pour que soient plantés plus d'argentiers (l'arbre dans lequel l'argent pousse).
Pour que justice soit faite.
Pour une égalité plus équitable.
Pour une équité plus égale.
Pour que les problèmes soient réglés par quelqu'un quelque part.
Parce qu'on est fâché (à chaque année, un thème de grève très flou permet de réunir toutes les revendications).
Pour la retraite après l'université gratuite.
Pour mettre plus de social dans la relance... (ah non, celui-ci a déjà été utilisé... )
(Dessin par Tonu)
Bon... demain c'est le grève... Tu vas te lever un peu plus tôt, prévoir un peu d'attente dans le RER. La grève en France, c'est comme les tempêtes de neige au Québec : cinq ou six par année, parfois c'est pétard mouillé, parfois ça fait un peu chier. Mais ce n'est jamais catastrophique.
Ce que j'aime des grèves françaises, je l'ai déjà dit, c'est les formules poétiques qui permettent de justifier le mouvement. J'imagine tellement la grande réunion syndicale, avec les délégués de toutes les organisations, discuter pendant des heures pour aboutir à une formule de mobilisation comme "non à l'austérité".
En cette période de rigueur, j'aimerais faire ma part en fournissant aux syndicats une liste de justifications pour les prochaines grèves. Il ne leur restera qu'à planifier le calendrier.
Non aux hivers pluvieux.
Pour une distribution plus républicaine des cadeaux de Noël.
Non aux gens méchants.
Pour plus de sourires.
Pour que soient plantés plus d'argentiers (l'arbre dans lequel l'argent pousse).
Pour que justice soit faite.
Pour une égalité plus équitable.
Pour une équité plus égale.
Pour que les problèmes soient réglés par quelqu'un quelque part.
Parce qu'on est fâché (à chaque année, un thème de grève très flou permet de réunir toutes les revendications).
Pour la retraite après l'université gratuite.
Pour mettre plus de social dans la relance... (ah non, celui-ci a déjà été utilisé... )
(Dessin par Tonu)
mardi 4 octobre 2011
Tour d'horizon
Petit tour d'horizon des tendances de l'humanité (c'est-à-dire l'Occident) et des nouvelles importantes, soit celles qui feront l'histoire.
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Le titre prestigieux d'ennemi public numéro 1 de l'univers a par le passé été détenu successivement par les communistes, les arabes, et la grippe aviaire. Depuis quelques années, ce sont les fumeurs qui trônent en haut du palmarès. Mais ils ont de nouveaux compétiteurs : les gros. Le Danemark vient de taxer le gras dans l'alimentation. Du côté de la France, de nouvelles règles limitent l'utilisation du sel et du ketchup dans les cantines scolaires.
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Nouvelle intéressante qui nous provient...
Clic, clic, scroll, clic...
Le Figaro.. euh... donc je disais, que le cerveau... Excusez-moi, une petite minute...
Merde, pourquoi il m'écrit, lui...
Ouais, donc les smartphones et le cerveau...
Ah, trop cool ce lien vers "bourrelets-de-star.com"...
Bon, alors c'est pas bon... Les smartphones... Les smartphones et le cerveau. C'est pas bon. Capiche ?
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Bonne nouvelle, les femmes font moins faillite que les hommes. Autrement dit, les femmes font preuve de retenue quand il s'agit de leur propre fric. J'en déduis qu'elles sont sujettes au mimétisme : quand elles ont en main le fric d'un mec, elles imitent le mec et achètent un maximum de conneries futiles. Si les femmes étaient intelligentes, elles apprendraient aux mecs à faire des économies, au lieu de les encourager dans la consommation imbécile.
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Ceux d'entre vous qui souhaitent être observés peuvent aller du côté du Canada. On y travaille à un nouveau projet de loi sur la criminalité qui cache dans ses subtilités de magnifiques outils d'espionnage du citoyen. Ce projet de loi sera adopté sans opposition, car le gouvernement Harper a bien pris soin de feinter les médias avec une ridicule polémique : le droit inaliénable de dresser un drapeau canadien devant sa maison. C'est pas des blagues, et ça marche !
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Si ce type de surveillance vous semble trop discrète, vous pouvez donner votre corps à la science. Des scientifiques libidineux et fatigués de perdre leur temps avec des choses moins importantes, comme le cancer, ont choisi d'étudier les rouages du plaisir féminin. C'est vrai que s'il y avait plus de plaisir féminin, y'aurait peut-être moins de cancer... Quoique, d'un autre côté, la recherche du plaisir féminin mène souvent l'homme à claquer tout son fric (voir plus haut). Peu importe ce qu'on en pense, cette avancée scientifique apporte espoir à des milliers de mâles français.
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Le titre prestigieux d'ennemi public numéro 1 de l'univers a par le passé été détenu successivement par les communistes, les arabes, et la grippe aviaire. Depuis quelques années, ce sont les fumeurs qui trônent en haut du palmarès. Mais ils ont de nouveaux compétiteurs : les gros. Le Danemark vient de taxer le gras dans l'alimentation. Du côté de la France, de nouvelles règles limitent l'utilisation du sel et du ketchup dans les cantines scolaires.
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Nouvelle intéressante qui nous provient...
Clic, clic, scroll, clic...
Le Figaro.. euh... donc je disais, que le cerveau... Excusez-moi, une petite minute...
Merde, pourquoi il m'écrit, lui...
Ouais, donc les smartphones et le cerveau...
Ah, trop cool ce lien vers "bourrelets-de-star.com"...
Bon, alors c'est pas bon... Les smartphones... Les smartphones et le cerveau. C'est pas bon. Capiche ?
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Bonne nouvelle, les femmes font moins faillite que les hommes. Autrement dit, les femmes font preuve de retenue quand il s'agit de leur propre fric. J'en déduis qu'elles sont sujettes au mimétisme : quand elles ont en main le fric d'un mec, elles imitent le mec et achètent un maximum de conneries futiles. Si les femmes étaient intelligentes, elles apprendraient aux mecs à faire des économies, au lieu de les encourager dans la consommation imbécile.
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Ceux d'entre vous qui souhaitent être observés peuvent aller du côté du Canada. On y travaille à un nouveau projet de loi sur la criminalité qui cache dans ses subtilités de magnifiques outils d'espionnage du citoyen. Ce projet de loi sera adopté sans opposition, car le gouvernement Harper a bien pris soin de feinter les médias avec une ridicule polémique : le droit inaliénable de dresser un drapeau canadien devant sa maison. C'est pas des blagues, et ça marche !
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Si ce type de surveillance vous semble trop discrète, vous pouvez donner votre corps à la science. Des scientifiques libidineux et fatigués de perdre leur temps avec des choses moins importantes, comme le cancer, ont choisi d'étudier les rouages du plaisir féminin. C'est vrai que s'il y avait plus de plaisir féminin, y'aurait peut-être moins de cancer... Quoique, d'un autre côté, la recherche du plaisir féminin mène souvent l'homme à claquer tout son fric (voir plus haut). Peu importe ce qu'on en pense, cette avancée scientifique apporte espoir à des milliers de mâles français.
Source photo : wikipedia.
lundi 3 octobre 2011
La fuite
J'ai beaucoup aimé cette photo d'Anis Mili (Reuters). Sur la route déserte qui mène à l'aéroport de Syrte, en Lybie. Le Monde l'avait coiffée du titre "Les civils fuient Syrte, où les combats font rage".
J'aime cet escalier qui ne va nulle part. L'impression que l'avion est déjà parti. La route à perte de vue, toute droite. Les routes de fuite sont toujours semées de vestiges absurdes, qui marquent un arrêt du temps, la suppression définitive d'un quotidien historique. Partout où elle passe, la guerre tague le paysage : "Folie was here".
J'aime cet escalier qui ne va nulle part. L'impression que l'avion est déjà parti. La route à perte de vue, toute droite. Les routes de fuite sont toujours semées de vestiges absurdes, qui marquent un arrêt du temps, la suppression définitive d'un quotidien historique. Partout où elle passe, la guerre tague le paysage : "Folie was here".
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