jeudi 24 juillet 2008

À ma sainte maman



Je crois que j’ai un peu de sang italien : au fond de mon cœur je voue une dévotion sans borne à ma sainte maman et j’espère que le Bon Dieu me la gardera encore longtemps. Quand je vais à Baie-Comeau, j’apporte parfois ma poche de hockey pleine de linge sale. Il y a si peu à faire à Baie-Comeau, pourquoi ne pas faire un peu lessive?

Mais au fond de moi, je sais très bien que ma mère va insister pour tout nettoyer elle-même, avec soin, allant presque jusqu’à repasser mes bas. Des fois, j’ai l’impression qu’elle est contente. Un peu comme si c’est moi qu’elle tenait dans se bras lorsqu’elle transporte mes brassées de foncé. Elle n’a plus souvent l’occasion de me porter depuis que je fais au moins une fois et demie son poids

Si c’est comme ça pour toutes les mamans du monde, je dois lever mon chapeau aux mamans parisiennes. Sérieux, pour aimer faire la lessive à Paris, il faut avoir beaucoup d’amour dans son cœur ou avoir fait un stage avec Monsieur Miagi (le ti-vieux de Karaté Kid. Comment ça s’écrit « Miagi »? Dois-je mettre un « u » entre le « g » et le « i »? Parce qu’en français, sans le « u » ça donne « Miaji ». Mais pas en japonais. C’est la question du jour. Les lignes sont ouvertes…)

Donc, je disais… Faut avoir du cœur pour faire la lessive en France.

Source photo : wikipedia.


Premièrement, la laveuse française moyenne accepte trois bobettes et une paire de bas. C’est pas compliqué, il faut que ta brassée rentre dans un Ziploc à sandwich. Si t’en mets plus, tu risques de voir ta laveuse aux informations, poursuivie par quatre chars de police sur le boulevard Voltaire. Avec des brassées si petites, impossible de mélanger les couleurs, à moins d’avoir des bobettes léopard. Une serviette de plage? No-way. La laveuse accepte maximum 3.5 kilos de linge mouillé. Pèse ça, une serviette de plage trempée. Au moins 10 livres.

Et le linge tourne en petit tas au milieu pendant une heure et demie. Ça fait des nœuds. Ça vient tout pogné. Aucune chance de bien évacuer ce que j’appellerais « l’accumulé ». Quand je sors mes vêtements, ils sont pleins de petits poils tout propres. Et y’a des petites mousses rouges, jaunes, bleues, vertes, bien collées sur les collets de chemise. Même après trois brassées de blanc y’a des petites mousses colorées. Elles sont de toutes les couleurs. Sauf quand tu laves du noir; là évidemment elles sont blanches. C’est comme un commando des FARV, les Forces Armées Révolutionnaires Vestimentaires. De temps en temps elles kidnappent un bas.

Ensuite, faut faire sécher. « Au naturel ». Tout le monde a son gros rack à linge de six pieds avec un pouce d’espace entre les broches cheaps. Ça accroche, ça veut pas rentrer, les broches plient, elles vont rouiller dans trois semaines et laisser l’impression d’une trace de break sur le fond de tes boxers Calvin Klein à 40 piasses.

À Paris c’est plein de porches, de cours intérieures, de petites allées entre les façades, de passages, d’impasses, etc. Vraiment joli. Mais pas une maudite corde à linge. J’ai de belles grandes fenêtres qui ouvrent sur l’arrière, avec un bel espace où je fantasme comme c’est pas possible d’installer une corde à linge.

Je veux bien tolérer un certain retard technologique. Je peux vivre avec le fait que les Français viennent juste de découvrir le rideau de douche (je comprends pourquoi est disponible partout un formulaire appelé « Constat amiable de dégât des eaux »). Mais là, même les Espagnols ont des cordes à linge. J’en ai vu à Bilbao et à Salamanca, deux villes suffisamment éloignées pour présumer que l’habitude est nationale. Calisse, est-ce si difficile de traverser les Pyrénées avec deux poulies de 8 pouces et 50 pieds de fil d’acier recouvert de gaine? Y’a des tunnels, me semble? Y’a le train, non? Je propose d’organiser une expédition.

Ça fait trois heures que je lave et j’achève juste de faire le blanc. Ma laveuse à un cycle « 32 minutes ». Je ne l’ai pas essayé. Il me tente en maudit, mais il ne fait le spin et le linge reste mouillé. 32 minutes de lavage, mais 3 jours de séchage. Je commence à comprendre pourquoi certaines pensions européennes ne fournissent pas les serviettes.

En tout cas… L’amour d’une maman est infini. Les laveuses européennes peuvent en faire la preuve hors de tout doute.



4 commentaires:

Anonyme a dit…

MOUHAHAHAHAHA!!!!!!!!!!!!!!!

MissK a dit…

Euh... et les serviettes, tu les jettes quand elles tiennent debout toutes seules ou tu les laves à la main?
Quant aux bas, ça prenait bien un gars pour inventer une histoire pareille! Kidnapping. Retourne jouer avec tes petits soldats verts, Paul. Les bas qui disparaissent, c'est parce qu'ils divorcent, tout simplement. Si t'es chanceux, c'est la femme qui quitte et alors, elle remporte tout l'avoir du couple et part avec un gros baluchon rempli de mousses et de poils. Mais sinon, si la femme reste, alors t'es pogné avec un bas qui refuse totalement de se matcher avec un "pas pareil" et d'la mousse en prime!

Unknown a dit…

Boy, t'as pas la bonne machine.
Moi chuis contente quand je rentre dans ma famille en Belgique de faire mon linge. La machine elle BRASSE, elle lave VRAIMENT et à CHAUD (90C pour le blanc) le linge. Pas comme le wish wash wish wash du bras dans la machine américaine...qui ressort le linge avec les mêmes tâches.
T'as pas d'chance... Tiens, ça tente un tour en campagne en Belgique HAAHAHAH

Mon nom est Paul a dit…

Je sais, j'ai une machine cheap...

La Belgique, c'est sur ma liste. Le petit train qui longe la côte. Ça a l'air joli. Knokke-Le-Zoute, ça vaut la peine juste pour voir ce nom écrit en toutes lettres sur un panneau de circulation. Et j'en profiterai pour faire ma lessive dans l'océan.