Faut changer d'adresse.
Le site de la préfecture te dit de te rendre à l'antenne de police de ton quartier. Donc tu y vas. Mais le policier regarde ta carte de séjour pendant 30 secondes, disparaît deux minutes, et revient pour te dire: "C'est pas ici...
- c'est où?
- sais pas. Essayez sur le boulevard Ney."
Sur le boulevard Ney, y'a une sorte d'antenne de la préfecture pour les étudiants étrangers. Tu sens que ce sera pas là non plus. Mais tu fais la queue une heure dans l'espoir qu'on puisse te donner un renseignement.
Devant toi, les autres passent, et chacun raconte une histoire bordélique de visa perdu, de papier en retard, ou de demandes contradictoires. Chacun repart frustré. Le fonctionnaire en a visiblement marre de toutes ces histoires et de son incapacité à apporter des solutions, coincé qu'il est par ses directives et ses listes de papiers obligatoires. Alors il fait la gueule.
Vient ton tour. Pas compliqué: "C'est pas ici...
-Oui mais c'est où?
-Essayez dans le 15e.
-Où dans le 15e? Vous avez une adresse? Parce que c'est grand comme arrondissement...
-Métro Falguière.
-Vous avez une adresse? Un nom?"
Ça le fait chier. Il se lève lentement, cherche derrière lui dans une pile de vieux bottins, te file une adresse douteuse, et râle "personne suivante!" en regardant par dessus ton épaule. Tes deux minutes sont écoulées.
Dehors, tu cherches rapidement sur Google Maps. L'adresse en question est celle d'une boîte d'intérimaires, genre Select Consulting Business Power. T'as perdu ta demi-journée, tu rentres au boulot.
Mais au boulot tu cherches un peu sur le net, toujours sur le site de la préfecture, et tu trouves un lien bizarre mais prometteur. Y'a une adresse mail vers une Direction départementale régionale de secteur des étrangers et autres causes perdues Paris 17. La DDRSEACPP.
T'écris. Réponse rapide, par un humain. Tu expliques. On comprend. On te demande un scan de ton titre de séjour. On te demande ta nouvelle adresse. Espoir. On te dit que les papiers seront expédiés dans la journée et qu'il suffira de les remplir et de les renvoyer. Jubilation.
Deux jours plus tard tu reçois l'enveloppe. Elle pèse 1 kilo. C'est le formulaire pour une première demande de titre de séjour. Celle que l'avocat de ta boîte avait complété à ton arrivée en France. Et qui avait nécessité deux rendez-vous à la préfecture, une lettre de ton employeur, un cv, tes diplômes, 6 photos d'identité officielles, un acte de naissance, un confirmation de prise en charge par la sécu, une radiographie des poumons, et trois mois d'attente.
Tu te dis: "Bon, on va essayer une autre fois. Dans un mois ou deux."
3 commentaires:
Pour un simple changement d'adresse c'est au commissariat de ton quartier mais seulement si tu déménages de Paris à Paris. La plupart des gens changent d'adresse seulement lors du renouvellement de leur carte ... moins compliqué!
Y'a 3 commissariats dans mon quartier. Les trois m'ont dit "pas ici". J'ai fait l'histoire plus courte que la réalité...
Ça me rappelle le temps de mes études universitaires, quand j'étudiais en France. J'ai tenté d'obtenir le permis de séjour, afin de bénéficier des subventions pour le logement étudiant.
Le bureau des étudiants étrangers de la SupdeCo, où je m'adresse en premier, m'envoie au commissariat. Le commissariat me renvoit à la préfecture, où on me renvoie à la case départ, le bureau des échanges internationaux de SupdeCo! Digne des 12 travaux d'Astérix! J'en ai fait des cauchemars des années après!
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