mercredi 28 septembre 2011

Moi, économiste

Si être économiste consiste à se tromper une fois sur deux, moi aussi je peux le faire. Et c'est plus payant que météorologue.

Suivez ce conseil : faites le contraire de tout ce que je vous conseille.

Ces dernières semaines, les banques françaises se sont prises une râclée injuste en raison de rumeurs. Il y a deux jours, l'action de la SG croupissait à 15 euros, et je me disais : "C'est vraiment pas cher, c'est beaucoup trop bas, je devrais en acheter". D'autres boursicoteurs étaient prêts. En deux jours l'action est montée à 20 euros. Moi j'ai encore regardé le train passer, à trop écouter mon cerveau.

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Ceux qui ont encore des francs ont jusqu'au 17 février 2012 pour les convertir en euros. Après, c'est fini. Ils pourront servir de serviettes (napkin) colorées lors des repas d'anniversaire. Il y a quelques jours, je vous aurais dit d'attendre, parce que l'éclatement de la zone euro semblait imminent. Ça aurait été dommage de devoir aller une seconde fois à la banque, cette fois pour convertir vos euros en francs.

Mais pendant le week-end, les traders et économistes ont reçu une grosse livraison d'euphorisants par voie nasale. Alors depuis lundi tout est reparti à la hausse, on fait confiance aux Grecs, l'Europe est sauvée, les banques vont bien, youkaïdi !

On ne nous a pas expliqué pourquoi.

Source photo : wikipedia.


Mon pronostic : afin de limiter les avantages commerciaux de la Chine, qui maintient artificiellement sa monnaie basse, les dirigeants occidentaux on choisi de faire pareil. Leur méthode : se faire peur entre eux. Surveillez le taux de change de l'euro face au dollar canadien. Dès que l'euro passe un peu les 1,40 dollars, on nous parle de la Grèce. Dès lors, les bourses européennes chutent, et l'euro passe à 1,35 dollars. Dans le cadre de cette politique monétaire dite de la "trouille homéopathique", l'euro à 1,40 est un signal de vente. Il est aujourd'hui à 1,39. J'estime qu'on va nous faire peur dans les dix prochains jours.

GRÈCE !

(Je vous ai fait peur ?)

Mais bon, ne vous fiez pas à mon observation, en raison de cette autre observation : le truc "Désastre Grec" commence à avoir fait son temps. Il a bien fonctionné au cours des 18 derniers mois, mais il faut dorénavant claironner de plus en plus fort, pour des résultats de moins en moins durables. Même les expressions corsées comme "éclatement de la zone euro" et "forte exposition des banques aux actifs toxiques" ne causent plus qu'un tiède frisson sur les marchés.

Après l'Irlande, le Portugal et la Grèce, on devra bientôt passer à un épouvantail plus saisissant pour réguler la force de l'euro. Ma prédiction (à ne pas écouter) : "La France, sa dette, et son économie stagnante. A-t-elle les reins assez solide en cas de débandade ?" On fois qu'on aura usé la France pendant une douzaine de mois, on utilisera en dernier recours "L'Allemagne, moteur de l'Europe, souffre d'un ralentissement inquiétant". Après, on verra bien... On aura peut-être permis l'entrée de la Turquie dans l'euro, ce qui nous fournira un bouc émissaire opportun. Ou bien les Chinois auront eu le temps d'acheter 51% de l'Occident, alors le bordel de la dette leur retombera dessus.

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