mardi 3 mai 2011

Le Bloc est mort, vive ma migraine !

(À mes lecteurs Français : désolé, cette fois-ci je parle aux Québécois. Mais vous pouvez lire si ça vous intéresse.)

Depuis lundi soir, le Bloc Québécois se retrouve avec seulement quatre sièges à Ottawa. Les médias parlent de débâcle pour cet absurde parti. Moi je parlerais plutôt de grande victoire pour les séparatistes. Le Bloc est peut-être mort au combat, mais il a accompli sa mission-suicide.

Cette mission, je vous en parlais dans un autre billet, il y a environ 18 mois. Relisez les quatre derniers paragraphes.

En 20 ans d'existence, le Bloc a réussi à cantonner dans l'opposition, donc loin du pouvoir, la deuxième province canadienne. Les résultats de l'élection de lundi sont de loin les plus catastrophiques que le Québec ait connus. Seulement 6 sièges au gouvernement, pour une province qui compte le quart de la population canadienne. Par comparaison, le Nouveau-Brunswick (2,5% de la population) a obtenu 8 sièges. Et la Saskatchewan (4% de la population) aura 13 sièges. Je parle ici de sièges à la majorité, là où les projets sont élaborés, où les décisions sont prises, et où sont attribués les budgets. Là où les voix comptent.

Si certains d'entre vous rêvaient de meilleurs jours au Québec, faudra attendre. Maintenant qu'il a sa majorité, le P.M. Harper n'aura plus besoin de chercher à séduire l'électorat québécois. Même qu'il risque de vouloir déplacer le pouvoir, l'influence, et l'argent à l'ouest du pays, là où il a sa base. À tout le moins vers Toronto. Le Québec a voulu se cantonner dans la marginalité ; il aura ce qu'il souhaitait.



Bravo au Bloc pour sa patience au long de sa lente et fastidieuse mission d'érosion. Sa naissance comme parti, en 1991, a contribué à achever le Parti Conservateur. Je parle du Parti Conservateur de l'époque, le parti pan-canadien où le Québec était fortement représenté. N'oubliez pas que la formation portée au pouvoir lundi est en réalité le Reform Party de Preston Manning, qui a simplement racheté la marque conservatrice après sa faillite, question de se draper d'un logo mieux accepté (après un brève transition sous l'appellation "Alliance Canadienne").

Le Bloc s'est ensuite attaqué au Parti Libéral, autre institution où le Québec avait une voix forte et pertinente. Comme tout parti après quelques mandats, les Libéraux ont été coulés en bonne partie par leurs propres scandales. Mais ils ont grandement été aidés dans leur affaiblissement par le Bloc. Les Libéraux avaient deux pilliers : le Québec et L'Ontario. Le Bloc en a scié un pendant 15 ans.

En gros, en 20 ans, le Bloc a dépouillé le Québec de ses accès au pouvoir canadien. Mais il n'a proposé aucune solution de rechange. Dans le vide créé par l'effondrement des deux grands partis traditionnels, le Parti Conservateur (version nouvelle mouture du Reform) s'est installé. Et Dieu sait que le Québec n'est pas aimé dans le PC de Harper.

Ce lundi, au lieu de redonner un peu de vigueur aux Libéraux, le Québec à préféré une amourette avec le NPD, une formation marginale qui n'a aucune base dans la province, et qui n'a aucune connaissance du pouvoir. Il n'était pas question de voter pour Harper, et la haine des Libéraux entretenue par le Bloc est encore vive.

Résultat final : le Québec est complètement à la marge pour les quatre prochaines années.



Isolement politique, privation de pouvoir, stagnation économique. Les ingrédients des fameuses "conditions gagnantes" sont réunis. Encore mieux si le pouvoir est aux mains d'un groupe qui reconnaît plus ou moins la particularité culturelle du Québec. Les séparatistes ont tout en main pour faire monter la grogne. Parce que les sécessions, les séparations, vous croyez qu'elles sont bâties sur un sentiment de bonheur collectif ? Quand on vous a parlé de conditions gagnantes, aurait-on oublié de vous dire que la plus gagnante sera votre frustration ?

Belle coïncidence, des élections provinciales au Québec devraient survenir d'ici 12 à 18 mois. Le gouvernement Charest aura fait son temps. Seule solution de remplacement : le Parti Québécois. Et Duceppe qui se cherche un nouveau boulot...

Quoi qu'il fasse, j'ai le sentiment que Harper risque de passer à l'histoire. Si, malgré le rejet à son endroit, il ne néglige pas le Québec, il pourrait devenir ce remède de cheval qui aura soigné la province de son ver solitaire séparatiste. Mal nécessaire. Et pendant ses quatre années de purgatoire (ou de purgatif), le Québec verra peut-être la naissance d'une nouvelle force de centre-gauche, une fusion des Libéraux et du NPD, où il serait plus raisonnablement représenté. Mais si Harper se montre revanchard, les séparatistes pourraient bientôt avoir leur orgasme collectif. Un orgasme pour lequel le Québec aura servi de poupée gonflable.

5 commentaires:

Monsieur Seb a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Monsieur Seb a dit…

T'as une migraine? T'es chanceux, les Québécois ont la graine au complet, pis je te dis pas où...

martin a dit…

Le Bloc est mort, Vive la souveraineté!

Mon nom est Paul a dit…

Avertissement : je ne répondrai pas aux commentaires sur ce billet. Quand nous discutons, les séparatistes et moi, ça ne finit plus. Alors ça ne sert à rien.

Si vous n'êtes pas d'accord, vous avez toujours la possibilité d'ouvrir votre propre blogue. Ou laissez un commentaire. Mais n'attendez pas une réponse.

Et pour Raymond Villeneuve : j'habite au 3730, boul. Crémazie Est
4e étage
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H2A 1B4

La boîte postale est assez grosse pour les colis.

noèse cogite a dit…
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