En gros, il s'agit d'un fonds spéculatif (hedge fund) lancé par la firme londonienne Derwent Capital Markets. Si j'ai bien compris, ce fonds s'appuie sur un algorithme qui analyse l'état mental des utilisateurs de Twitter d'après leurs commentaires. Petite déprime sur la TwitterSphère ? On vend tout !
Non seulement l'idée n'est pas nouvelle, mais (et c'est ce qui me perturbe plus particulièrement) elle est avérée. En 2010, on a publié les résultats d'une analyse de plus de 10 millions de tweets émis pendant l'année 2008. Il a été vérifié qu'un pic d'anxiété Twitter précédait en moyenne de six jours une chute des marchés boursiers.
Quoi, vous ne saviez pas que des ordinateurs décident de la valeur de l'Euro ? Que de bonnes vieilles puces Pentium donnent à nos gouvernants tout le loisir de couper les retraites en évoquant Ze Crise ? Allons, vous êtes en retard de quelques mises-à-jour. Et sachez que nos amis les microprocesseurs peuvent déjà revendiquer un krach. Le 6 mai 2010, une panique dans les algorithmes de trading automatisé a fait chuter le Dow Jones de 900 points (environ 9% de sa valeur) en quelques minutes. On a appelé ça le Flash Crash.
Je fais de l'informatique dans le monde bancaire. Soyez rassurés, ça ne me donne aucune autorité pertinente en la matière. Mais ça me permet d'observer des choses. Il y a quelques années, je fumais ma cloppe en regardant les pigeons. Ils se rassemblaient sur les arcades de l'ancien siège de la BMO, la Bank of Montreal. Puis comme ça, sans raison, sans qu'il y ait eu pétarade ou livraison de pain rassis, l'un d'eux prenait son envol. Suivi d'un autre, et d'un autre. Et bientôt toute la volée traversait le ciel de la Place d'Armes, faisait la grande courbe devant la cathédrale Notre-Dame, et revenait se poser... sur la BMO.
Place d'Armes, Montréal (source photo)
À l'époque, j'avais trouvé qu'il s'agissait d'une jolie métaphore des marchés financiers. Ben quoi, vous trouvez ça réducteur ? C'est vrai, le comportement des pigeons nous paraît souvent stupide et chaotique. Mais rappelez-vous que cette espèce est plutôt prospère. Et l'arrivée de Twitter dans le monde de la gestion financière me conforte dans ma clairvoyance métaphorique.
Il y a juste un truc que je m'explique mal. De plus en plus de décisions boursières sont prises par des ordinateurs. Et dorénavant, l'orientation des marchés peut être déterminée par les crises d'angoisse d'une masse de technophiles. Alors pourquoi les traders sont-ils si bien payés ?
Certains avanceront que l'explication de la prochaine crise risque de tenir sur 140 caractères. Moi je dirais que seulement cinq caractères suffisent à expliquer toutes les crises : m,é,t,é,o. Et rappelez-vous : je pépie donc je suis (du vebre suivre).
P.S. - Merci à MissK de m'avoir fourni ce sujet. Elle est toujours au courant avant tout le monde. C'est sur elle qu'on devrait brancher les automates de trading.