dimanche 1 août 2010

Tour de Paris

Y'a une semaine, j'ai vu l'arrivée du Tour de France, rue Rivoli. Cette semaine, c'est moi la star. À défaut de temps, je me contenterai d'un tour de Paris. Et à défaut d'EPO, je prendrai de la bière.

Départ en bas de chez moi, j'enfourche un Vélib, direction Paris 19 pour le Bassin de la Villette. En passant devant le Père Lachaise, je salue les grands morts. Puis c'est Belleville, métissé, cahotique. Asie, Afrique téléportées dans un quartier du nord. Tout le monde fait son hypermarché. Le marché proprement dit, c'était plus tôt dans la matinée. Feuilles de laitue flétries et cartons jonchent encore le sol. Faut faire son chemin entre les petites familles, les voitures garées illégalement, les gens qui dévorent des gâteaux à la semoule.

Première pause à la Villette. C'est Paris-Plage. Sur le bord de la Seine, ça m'a toujours paru un peu con. Mais à la Villette, j'avoue que c'est sympa. Moins de voitures, plus d'espace, plus d'enfants qui crient / chiâlent / jouent à la pétanque / se foutent de la glace partout dans le visage. Les femmes ont la toile légère; les hommes ont l'oeil avisé. La fesse parisienne est plus pâle que la niçoise, mais ça fait quand même plaisir.

Avant de repartir, je passe à pied dans le quadrilatère indo-bengalo-pakistanais, près de la station La Chapelle. C'est noir de monde, ça klaxonne, et les petits caïds roulent sur le trottoir, à deux sur leurs mobylettes. Y'a aussi les Hell's Angels parigos qui ont leur repaire dans le coin. Moi j'y vais pour faire le plein de conserves. Undhu, Chana Masala, Palak Paneer, avec du riz Basmati ça dépanne toujours quand on n'a pas le goût de cuisiner. Je suis le seul blanc dans le magasin. La caissière me demande avec un drôle d'air: « Vous ne trouvez pas ça trop épicé ? » Je lui explique que je ne suis pas Français, et que j'aime manger autre chose que de la crème fraîche. Je comprends les Basques, avec leur piment d'Espelette. Ils ont raison de vouloir faire sécession, gastronomiquement du moins. La caissière rigole. Elle me suggère un resto du coin qui saura me réveiller les papilles.

En direction de Barbès, à la recherche d'une monture fraîche. Sous le métro aérien, les pouilleux dorment sur des cartons pisseux. Ils ont la plante des pieds noire. Les pigeons leur chient dessus. Je trouve un vélo et je traverse Barbès, sa cohue et ses vendeurs à la sauvette. Ensuite je fonce vers Pigalle et ses touristes. Sexe, peep shows, XXX, les néons en plein jour. J'envoie la main à Dalida devant le cimetière Montmarte.

Après la Place de Clichy, c'est relax. Plus loin c'est le dix-septième. C'est un peu plus snob, y'a des boutiques de chandeliers, des chaussures anglaises, et des façades fraîchement ravalées. Les avenues sont plus larges, ce qui, semble-t-il, autorise les propriétaire de Mercedes à stationner en double. Je change de vélo et je continue.


Source photo : wikipedia.


Je traverse Porte Maillot comme un poil dans la soupe routière, et je longe le Bois de Boulogne. Il est tôt, mais une dame, à en juger par son accoutrement criard et vulgairement révélateur, semble préparer sa soirée. Elle râle après un mec qui sort des machins d'un vieille bagnole. Je ne savais pas que les putes avaient des assistants.

Je fais l'erreur de couper par le seizième. Comme tout quartier de riche, il est conçu pour limiter la circulation et assurer la tranquilité de ses résidents. À plusieurs moments, je me vois forcé de rouler en infraction. C'est un véritable scandale; que dis-je, une ignominie ! Mais j'ai soif, alors pas de temps à perdre avec les sens uniques. Et non plus avec les vieilles de chez Dior qui rampent derrière leur marchette en traînant des caniches trisomiques.

Je me pose dans un café pas loin de la Seine. Le serveur est sympa. Merde, je n'ai pas mon appareil photo. Personne ne me croira: « Un serveur parisien qui sourit, non mais tu te payes ma tête ! » Il est probablement étranger et on ne l'a pas averti. Devant moi, l'inexplicable rotonde de Radio France Internationale. Avec ça, les Halles, et la Bibliothèque François Mitterand, je comprends les Parisiens de craindre l'architecture contemporaine. Je descends mon demi et je repars.

Pont du Garigliano et la cabine téléphonique de Frank Gehry. Je traverse le quinzième en coursant le tramway. Après Porte de Versailles, surprise, il y a une côte. Une longue, une vraie. J'ai peine à rester sur la petite troisième vitesse de mon vélib. Mais je donne tout. C'est mon col à moi. Couic-couic-couic, j'avance avec ma bécane d'une demi-tonne qui frotte de partout. Je dépasse les roller-blades, je fais peur aux piétons, je crois avoir vu mon nom en grosses lettres blanches sur le bitume. Porte d'Orléans, j'ai encore soif.

À ma droite sur la terrasse, deux Italiennes aux yeux cochons se font draguer. À ma gauche, un p'tit-vieux prend son pied en regardant passer les jupes courtes. Je l'imite le temps d'une Grimbergen. Tout fier d'avoir trouvé un compère de chasse, il me fait des clins d'oeil dès qu'approche un beau galbe. J'achète des cloppes et je repars à pied.

Le Parc Montsouris est splendide. On dirait presque le Parc Lafontaine, à Montréal. Y'a des filles sur l'herbe et des vieux Maghrébins qui discutent à l'ombre. Je fais une petite pause devant deux gigantesques cèdres. On dirait que ce bout de Paris a décidé de prendre son temps. Et ça me coupe l'envie de rouler vite. Je rentrerai à métro.

(Le parcours est ici, pour ceux que ça pourrait intéresser.)


3 commentaires:

Olivier a dit…

Ton tour ne me rajeunit pas : il n'y avait ni Vélib, ni Paris-Plage, ni tramway quand j'étais parisien... J'espère que tu t'es arrêté pour embrasser le sol devant le 150 Bd Pereire : c'est là que j'ai passé les 24 premières années de ma glorieuse existence (il doit y avoir une plaque). Bonne idée, cette virée solo.

un courant d'air a dit…

Pffff Quelle virée !
Ben oui la tite côte, t'avais qu'à me demander, je t'aurais prévenu, ah ah ha !

Anonyme a dit…

belle promenade en velo droit autour de Paris.

C'est vrai que les parisiens ne sont pas très souriant en général dehors et qu'on passe plus de temps dans le metro et la rue qu'a l'hopital.
Pour avoir tester les hôpitaux de Montreal, je dirais que j'espère pas finir mes vieux jour a Montréal. Ça va bcp plus loin que de ne pas sourire pour le personnel medical... C'est limite criminelle.