dimanche 30 août 2009

Trouver la rivière



Il y a de ces endroits qui te font la tête et le cœur en page banche, sur laquelle suffiront deux ou trois traits fins au fusain. Mais aussi peut-être rien. Parce que le silence a sa propre force. Parce que rien, ça fait du bien, quand l’habituel quotidien t’aplatit avec son trop de tout.

En fait, ce n’est pas vrai. Il y a quelque chose. Il y a le sable. L’horizon. Des oiseaux qui sèchent leurs ailes sur la plage. Des vaches et des chevaux qui mangent le trèfle. Le vent qui secoue un peu les foins. Les tracteurs qui, à la vitesse pépère, remontent les huîtres lorsque la marée est basse. Il y a les hirondelles qui ne te demandent rien. La Voie Lactée. Les pierres. Tout un paquet de choses qui se taisent.

Élizabeth a mentionné une rivière souterraine sous le Biao Cotentin. Elle a dit qu’une rivière, ça remet les choses à l’endroit. Quelque chose de ce genre. Moi j’ai parlé de « bonnes vibrations ». Peu importe. Quelque chose a attiré Élizabeth et David à Bretteville sur Ay. Ça les a convaincus d’ouvrir un B&B, de mettre le temps qu’il faut pour rénover une ferme vieille de cinq siècles. Rénovations à l’ancienne, celles qui prennent du temps, qui se font à la main avec des matériaux traditionnels. Le projet avance. Il est grand, il est beau. Le bâtiment comportera un atelier pour des artistes en résidence. Un grand patio pour les bouffes communautaires. Dans cette vaste pièce qui lui sert en ce moment d’entrepôt, David nous dessine d’un geste large ses deux futurs planchers. Une autre chambre ici. Une cuisine là. Dans son regard il y a cette étincelle permanente. Il sourit. Il sourit tout le temps. Mais un sourire qui laisse la place à l’autre. Une sorte d’invitation.

Rivière ou non, je m’en fous un peu. Je ne suis ni hydrographe, ni sourcier. Ni cinéaste, ni astrologue. Alors pour les recoupements de symboles métaphoriques, il faudra repasser. En fait, j’ai seulement une impression. Que ce soit par hasard ou par destinée, j’ai l’impression qu’Élizabeth et David sont les bonnes personnes qui ont fait la bonne chose, au bon endroit et au bon moment. Au Biao Cotentin, j’ai l’impression que tout s’agence naturellement. Que tout tombe à sa place. Que les choses s’alignent.


Petit clin d’œil : David et Ti-Loup (photo de Miss K).

Volontairement ou non, avec le magnifique repère qu’ils se sont bâti, et leur accueil fait de douceur, d’empathie et de sourires, Élizabeth et David sont devenus des médecins de l’âme. C’est une lourde responsabilité. Peut-être ingrate aussi. Chacun ses choix. Moi, le Parisien égoïste, je compte bien en profiter quelques fois encore. Parce que ça me soigne un peu.

Je vous laisse sur quelques images de la fin du jour, telle qu’on la vit dans le Cotentin. Sans aucune retouche photographique!






















P.S. – Le titre de ce billet m’est venu d’une chanson de R.E.M., « Find the River ». C’est une des chansons qui me font du bien. Elle clôt de belle manière le très touchant « Automatic for the People ». Petit fond de country-rock qui me rappelle mon coin de pays. Un must sur la 138. (Ici une version basse-qualité sur YouTube, pour les curieux.)


Aucun commentaire: