Source photo : wikipedia.
« If it ain’t broke, don’t fix it. » – Si ce n’est pas cassé, ne le répare pas. C’est une règle fondamentale en informatique. S’il n’y a pas de problème réel, et que de réparer le « problème » n’amène aucun gain significatif, inutile de perdre du temps et de l’argent à appliquer une solution inutile.
Très simple comme règle. Pleine de bon sens. Pourtant, il est difficile d’y adhérer. Vous n’avez aucune idée des sommes investies dans ce bas monde pour revamper, « refactorer », redessiner, réinventer des choses qui fonctionnent très bien. Les fonctionnaires repensent leurs formulaires. Les ingénieurs appliquent une nouvelle technique. Les informaticiens réécrivent leurs logiciels. Si vous saviez le nombre d’informaticiens qui révisent leur code simplement pour intégrer le nouveau langage à la mode, le dernier « framework » du jour, sans gain réel. À ce jour, aucun serveur Sun Solaris n’est jamais venu me dire : « Ouais, j’adore le nouveau truc. Deux fois plus de temps CPU, mais quelle élégance dans le code ».
À la limite, je pardonne aux gens du marketing. Pour alimenter notre appétit insatiable de consommer, ils « repackagent » leurs produits. Le même bon vieux truc dans un nouvel emballage. Ça stimule les ventes. Profit direct. Il y a un gain potentiel.
Parfois, y’a des gens qui disent que je suis réfractaire au changement. C’est l’insulte à la mode en informatique. Quand quelqu’un n’arrive pas à justifier son projet de 400 jours/homme, dont l’unique gain est de « moderniser » le processus, il te traite de « réfractaire au changement ».
C’est vrai que je suis réfractaire au changement, surtout quand ce changement amène une baisse de productivité. Récemment, je me suis procuré un beau willy-waler. En France, on dit un économe. Pour mes carottes. Moi, depuis ma tendre enfance, j’avais connu un seul type de willy-waler. Un bon vieux modèle tout simple qui fonctionne très bien. Mais au supermarché, il n’y avait pas de willy-waler traditionnel. Juste un nouveau modèle super deluxe à six euros (dix dollars canadiens). Dix dollars pour un ostie de willy-waler!
J’ai attendu une semaine, deux semaines. Mais bon, après un moment, on se tanne de manger des carottes avec la pelure. Alors j’ai fini par acheter. Super ergonomique, avec un manche antidérapant, toutes les pièces métalliques en stainless, et la lame dans l’autre sens, perpendiculaire au manche. Un willy-waler de compétition. Le truc qu’il faut absolument avoir si on veut s’entraîner sérieusement pour le championnat de la patate de Bourg-La-Reine. Conçu pour fonctionner aussi bien en apesanteur qu’à six mille mètres de profondeur, parce qu’on ne sait jamais où on aura besoin de peler un navet à cause d’un visiteur inattendu : « Commandant Cousteau, ça sonne à l’écoutille du batiscaphe. Je crois que nous aurons besoin de couverts additionnels pour le repas ce soir. »
Ben calisse, il ne fonctionne pas bien le willy-waler. Il coupe mal. Le geste n’est pas naturel. Avec l’ancien modèle, je pelais avec de grands mouvements larges, perpendiculaires à la longitude du légume. Comme on aiguise un couteau. Maintenant, à cause de la lame perpendiculaire au manche, je dois aller parallèlement au légume. En essayant de ne pas me râper la peau des doigts…
Fuck you ingénieur à la con qui a soudainement eu l’idée, pour écrire ton nom dans l’histoire, de révolutionner le design du willy-waler. Il y a deux pièces sur un bon vieux willy-waler. Le nouveau modèle en compte trois. C’est prouvé que les risques de problèmes augmentent avec le nombre de pièces.
Là, vous vous dites : « bon, à quoi peut bien me servir ce petit témoignage ». Je vais vous le dire. Dans quelques jours, vous entendrez à la radio Paul Piché chanter en boucle : « C’t’aujourd’hui l’jour de l’an, gai-lon-là mon Joe malurette, il faut changer d’maîtresse ». Ça pourrait vous donner des idées.
Pensez-y bien avant d’agir. Mesdames, regardez-bien votre chum. C’est vrai, il est un peu simple. Pas très ergonomique. Pas très fashion. Il n’a pas vraiment évolué depuis plusieurs années. Il est peut-être un peu rouillé. Un peu dépassé. Vous avez peut-être un peu honte de le sortir devant la visite. Mais faites attention. Le nouveau modèle pourrait avoir le manche dans le mauvais sens.
2 commentaires:
Eh oui! C'est bien analysé!
Et comme on dit chez nous en Anjou, "on sait c'qu'on perd, on sait pas c'qu'on retrouve!"
Et en parallèle, hasard du calendrier, nous fêtons aujourd'hui avec mon mari nos 31 ans de mariage et dame, si tout n'a pas été parfait, on se connaît bien, on se respecte, on s'aime (même si c'est plus l'euphorie du début) et c'est l'essentiel pour nous! Rajoutons à cela nos 3 grands et beaux garçons et notre petit-fils d'amour.
Bonne et belle soirée, et au plaisir.
C'est beau ce que tu as, Sylviane.
Enregistrer un commentaire