mercredi 29 février 2012

L'oubli

Le Parlement français a adopté un loi faisant du 11 novembre une journée "en hommage à tous les morts pour la France". Auparavant, ce jour férié marquait spécifiquement l'armistice de la Première Guerre Mondiale, en 1918. Ce changement sémantique intervient au moment du décès du dernier vétéran connu de 14-18.

Soumis à ce que j'appellerais la "dilution temporelle", des événements jadis hautement symboliques perdent de leur force et de leur pertinence. Disparition des derniers témoins ; effets du temps qui passe ; nouveaux événements, plus clairs dans la mémoire, et qui demandent aussi d'être soulignés. Une sorte de poussière tombe sur le vieil événement. Il se dissout. Il est mangé par la terre, comme les corps de ces gens dont personne ne se souvient.


Les silhouettes anonymes de Francisco de Goya, sur wikipedia.


Qu'est-il arrivé à la mémoire des autres grandes guerres ? La Guerre de Cent Ans ? Et celle de Trente Ans ? La Guerre franco-allemande de 1870 (430 000 morts) ? La Guerre d'indépendance espagnole (607 000 morts) ?

L'oubli, patient dans sa tâche...



jeudi 23 février 2012

Ghost in the machine

Un article intéressant du Monde, qui peint le portrait d'un système bancaire déshumanisé, cupide, et mauvais pour l'humain. Mais jusqu'en haut de la pyramide. Avec des traders qui, eux aussi, en ont marre.

C'est très fashion, ces jours-ci, de taper sur les banquiers. Pour ma part, je crois qu'ils sont profondément humains, qu'ils nous ressemblent, et qu'ils partagent nos aspirations : richesse, pouvoir, succès, vanité. Les banquiers vont changer le jour où le citoyen lambda arrêtera d'acheter de faux sacs Louis Vuitton à la station Barbès, ou des écharpes Dior en acrylique à Porte de Montreuil.

Moi je crois qu'on devrait persister dans l'illusion de la croissance infinie. Mais je veux bien humaniser le système en remplaçant tous les traders déprimés par des machines. L'ordinateur ne souffre pas de remords. En plus, la machine est plus rentable. J'ai pour preuve ce simple petit radar routier qui rapporte 22 millions d'euros par année à l'État français.

Pour arriver à 22 millions d'euros de profit annuel net, un trader doit prendre des risques élevés et mobiliser des sommes considérables. Le radar, lui, n'a qu'à attendre. C'est la pêche miraculeuse. Donc mettez les traders en vacances, pour le salut de leur âme.


Radar routier, dans wikipedia.


En fait, il y a toute une économie de "l'infraction et son amende" qui reste peu exploitée. C'est dommage, car selon moi la France pourrait être propulsée au rang de première économie mondiale. Imaginez si l'État percevait une taxe à chaque fois qu'un Français pose ce genre de geste :
  • à la cantine, rendre une part de fromage "gratuite" en la dissimulant sous sa salade
  • sauter par dessus les tourniquets du métro
  • demander d'être facturé en deux fois pour arnaquer un peu l'assurance
  • profiter des largesses du système, notamment occuper seul un appartement HLM prévu pour une famille
  • partir sans payer sa bière
  • prendre le TGV sans billet

Y'a pas meilleurs que les Français pour se disculper des petites arnaques du quotidien. Leur dissidence est génétique. Contourner le système, voire en profiter, est perçu comme une preuve d'intelligence. Imaginez ce que rapporteraient, dans un pays comme la France, des machines capables de détecter la petite fraude banalisée.

mardi 21 février 2012

Mourir à la fin

Bon, j'avais résolu de vous donner mon avis sur Les 100 choses qu'il faut avoir faites dans sa vie a Paris selon le Figaro. Mais sérieusement, je commençais à m'ennuyer grave avec cette collection de suggestions nulles pour petits Bobos affectés. Et puis, en relisant la 49, j'ai eu une idée. Ça dit :
  1. S'être prise pour Shirley McLaine dans Irma la Douce (Billy Wilder) en empruntant la rue Casanova.
C'est vrai que la rue Casanova est vraiment un cadre agréable pour pratiquer le plus vieux métier du monde. Mais ça m'a surtout donné l'envie de vous faire ma Liste des 27 choses cinématographiques qu'il faut avoir faites dans sa vie a Paris. En plus, si vous suivez mes conseils, vous mourrez à la fin. Ça c'est cool !
  1. Trouvez un appartement vide près de la station Bir-Hakeim, achetez 250 grammes de beurre, et faites des cochoncetés comme dans Le Dernier Tango à Paris.


  2. Allez faire Les Quatre Cents Coups sur la rue Marcadet. Le coin est toujours aussi prolétaire, alors il se peut que les 400 coups en question pleuvent sur votre gueule pendant qu'on vous fait les poches.


  3. Portez des chaussures de couleurs différentes à l'aéroport d'Orly, comme Pierre Richard dans Le Grand Blond avec une chaussure noire. Constatez que ce détail ne trouble le sommeil d'aucun agent de sécurité.


  4. En souvenir de L'Aile ou la Cuisse, tentez de sortir sans payer d'un restaurant étoilé. Après avoir été "accidentellement" reconnu comme guide gastronomique, négociez un repas gratuit et une deuxième bouteille à emporter en échange d'un commentaire positif dans un "certain guide vert bien connu" (insistez sur ces mots pendant vos tractations).


  5. Faites-vous une thématique Amélie Poulain en balançant des nains de jardin du haut de Notre-Dame pour tuer la mère d'une fille au look rétro.


  6. Comme dans Le père Noël est une ordure, restez coincé dans l'ascenseur d'un immeuble parisien (de préférence un vieux avec la grille et tout).


  7. Sortez tuer quelqu'un, et revenez vous coincer une deuxième fois, pour faire comme dans Ascenseur pour l'échafaud.


  8. Comme dans Moulin Rouge, partez vivre à Montmartre pour devenir écrivain, et constatez que tous les habitants de Montmartre couchent contre rémunération en attendant de gagner le Goncourt.


  9. À l'instar de Robert Langdon, élucidez le code secret des toilettes du Starbucks du Louvre, et découvrez qu'une puissante organisation mondiale cherche à contrôler la planète par le biais d'une gigantesque envide de pipi collective.


  10. Comme Zazie, découvrez que les employés du métro font toujours la grève quand on a besoin d'eux.


  11. Devenez pompiste alcoolique dans un coin crade du 18e arrondissement.


  12. Comme Depardieu dans 36 quai des Orfèvres, laissez pousser votre moustache et donnez l'impression d'être atteint d'une mauvaise haleine perpétuelle.


  13. Passez une nuit dehors au froid, comme dans Les Amants du Pont-Neuf. Trouvez un clochard pour vous faire la réplique.


  14. À Bastille, alors que vous mangez des nems dans un buffet, ayez un éclair de génie et résolvez l'intrigue de Chacun cherche son chat.

Les nems, c'est bon. Source : wikipedia.


  1. Comme Woody Allen pour Minuit à Paris (et la majorité de son oeuvre), tournez une comédie pour intellos impotents dans laquelle vous mettrez en scène vos fantasmes de vieux réalisateur libidineux.


  2. Piquez une mallette à quelqu'un, volez une voiture, et roulez à plus de 160 km/h dans le tunnel des Halles. N'ouvrez jamais la mallette.


  3. Trouvez un pont. Trouvez une fille. Lancez des couteaux à la fille sur le pont.


  4. Découvrez les joies de l'administration française, comme Harrison Ford dans Frantic.


  5. Faites exploser la Tour Eiffel, comme dans G.I. Joe : Le Réveil du Cobra. Ensuite, tentez de fuir sans vous faire tuer, comme Jason Bourne dans La Mémoire dans la peau.


  6. Restez coincé sur un quai de métro pendant 45 minutes à cause d'un "accident de voyageur", et découvrez que la vraie vie va moins vite que dans Subway.


  7. Comme Michel, dans la séquence finale de À bout de souffle, effondrez-vous sur un trottoir du boulevard Raspail et dites "C'est vraiment dégueulasse" en constatant que vous avez les cheveux dans un caca de chien.


  8. Allez vous jeter dans le bassin des phoques du zoo de Vincennes, afin de commémorer l’atterrissage de Big Moustache dans La Grande Vadrouille.


  9. Prostituez-vous entre 14 et 17 heures, comme Catherine Deneuve dans Belle de Jour. Utilisez vos recettes pour un lifting.


  10. Endormez-vous au théâtre Montmartre et manquez Le Dernier Métro.


  11. Dissimulez une bombe dans un couscoussier et faites exploser une école, comme dans Les Sous-doués.


  12. Allez encaisser (et déguster) quelques pots-de-vin au Bistrot La Renaissance, rue Championnet dans le 18e, comme Boisrond dans Les Ripoux.


  13. Pour marquer le 40e anniversaire de la sortie des Aventures de Rabbi Jacob, faites comme la femme de Georges Cravenne, le publicitaire du film, et détournez le vol Air France Paris-Nice. Selon wikipedia, fragile psychologiquement, elle a menacé de détruire le Boeing 727 si le long métrage, qu'elle jugeait "anti-palestinien" et intolérable au vu de la situation internationale, n'était pas interdit. Armée d'une carabine 22 long rifle et d'un faux pistolet, la jeune femme a accepté que l'avion se pose à Marignane pour ravitaillement avant de repartir vers Le Caire. Sur place, au cours d'un échange de coups de feu, Danielle Cravenne a été atteinte à la tête et à la poitrine. Elle est décédée dans l'ambulance qui l'évacuait vers une clinique.


lundi 20 février 2012

Les Français nuls en amour


Psyché ranimée par le baiser de l'Amour,
au Louvre. Source : wikipedia.


Je savais déjà que le Français est nul au lit. Je découvre aussi que le Français est nul en amour. En effet, dans son article "Les 100 choses qu'il faut avoir faites dans sa vie à Paris", le Figaro recense seulement sept petites suggestions pour un moment de romance. Et elles manquent cruellement d'originalité. J'en suis à croire que les lecteurs du Figaro sont de mauvais amants. Voici ce que propose le journal, et mes commentaires en italiques :

  1. S'être embrassé quai de la Tournelle. (Bon, c'est à côté de Notre-Dame, y'a 180 touristes japonais au mètre carré, alors si vous décidez de le faire, ce sera vite fait. N'ayez crainte, les clochards ne sont pas méchants.)
  2. Avoir commandé un cocktail au bar Hemingway du Ritz aux couleurs des yeux de son invitée. (Bon, on voit que pour certains, un lieu branchouille et l'agencement des couleurs compte plus que le reste.)
  3. Avoir loué une chambre d'amour à l'hôtel Chopin du passage Jouffroy. (L'endroit est sympa. L'hôtel est un deux étoiles, donc faut modérer ses attentes.)
  4. Avoir gravé son nom et celui de son amour dans le mur des catacombes. (Je ne sais pas trop, mais l'association entre amour et ossements humains ne me plaît pas trop.)
  5. Avoir joué la carte du doublé gagnant "champagne + plaid" sur le pont d'un Bateau-Mouche pour profiter des lumières sur la ville. (Paraît que ça vaut le coup. Pépère mais potable.)
  6. S'être donné rendez-vous au moins une fois sur le parvis de Notre-Dame, à la fontaine Saint-Michel ou sur les marches de l'Opéra Garnier. (Complètement ordinaire. Tout rendez-vous dans le huitième arrondissement a systématiquement lieu sur les marches de l'Opéra Garnier.)
  7. Avoir pris un verre face au soleil couchant au Bourbon, derrière l'Assemblée nationale. (Une autre place banale, comme il y en a des dizaines à Paris.)

Devant cette désolante collection de pudeur rétrograde, je me dois de renchérir. Je ne suis pas Casanova, mais je vais tenter de faire un petit effort :
  • Vous aimez braver l'interdit ? Essayez un petit coup rapide avec votre tendre moitié (ou quelqu'un d'autre) au sommet de la coupole du Sacré-Coeur. L'endroit est souvent désert, et la vue sur Paris est imprenable. La seule bonne raison d'aller à Montmartre.
  • Faites-vous une balade aphrodisiaque : un plateau d'huîtres chez Bofinger, des chocolats chez Debauve et Gallais, arrêtez pour une bouchée de caviar au café Petrossian, prenez un plat à la Maison de la Truffe. Puis rentrez à l'hôtel faire une petite sieste à deux. (Notez que cette jolie promenade vous fera voir la Bastille, Saint-Germain-des-Prés, les Invalides, les Tuileries, et la Madeleine.)
  • Allez au Louvre, placez-vous devant la Joconde, et faites-vous le French kiss le plus langoureux de l'histoire de l'Art. Persistez jusqu'à ce que la foule vous photographie.

La Joconde, au Louvre. Des voyageurs de tous les continents
rapporteront votre French kiss sur leur carte-mémoire.
Encore mieux que Facebook. Source : wikipedia.


  • Offrez à chérie un vêtement Aubade, à condition qu'elle vous laisse regarder pendant l'essayage.
  • Si votre couple en est à cette étape, allez au Jardin du Luxembourg pour voir les gamins, fous de joie, qui poussent leur petits voiliers sur le bassin principal. C'est totalement mignon, garanti qu'elle voudra essayer d'en fabriquer un.
  • Chez les vendeurs de cartes postales anciennes de la Galerie Montmartre, offez-lui un mot d'amour écrit il y a 100 ans.
  • Faites des séries de photos dans un Photomaton. Osez les choses coquines.
  • Visitez les grands noms de la parfumerie et du soin corporel. Faites quelques achats pour votre bain aux chandelles du soir.
  • Offrez-lui une coupe de champagne et laissez tomber : "J'adore le champagne, c'est le seul truc qui scintille comme tes yeux... Non, c'est pas vrai ; y'a ceci aussi..." Et sortez de votre poche un diamant de chez Cartier.

Bon, je dirais bien au Figaro d'aller se rhabiller... Mais faudrait d'abord qu'il ait le talent de finir tout nu.

vendredi 17 février 2012

Bouffer à Paris


La somptueuse salle Belle-Époque du restaurant
Le Train Bleu, à la Gare de Lyon. Source : (wikipedia).


Cet article du Figaro recense les 100 choses qu'il faut avoir faites dans sa vie à Paris. C'est un point de départ intéressant si vous préparez une semaine en amoureux dans la Ville Lumière. Je vous recommande sa lecture, mais sachez que le public-cible du papier est d'abord le Parisien "bobo-branché" qui a déjà tout fait, et qui cherche de nouveaux trucs pour épater ses potes.

Dans ce billet, je vous annote les items 1 à 28, soit la partie dédiée à la bouffe. Mes annotations sont en italiques. Attention, je suis plus snob que les snobs.

  1. Avoir dîné au Tokyo Eat (XVIe) sans avoir poussé la porte du Palais de Tokyo. (Honnêtement, juste un autre resto de musée. Le Palais de Tokyo est le musée d'art contemporain le plus bordélique de la planète. L'endroit est en rénovation depuis 329 avant Jésus-Christ, alors on ne sait jamais si on est face à une oeuvre, ou simplement devant un tas de déchets du chantier. Et impossible de draguer sa clientèle de pouffiasses qui paradent leur Zadig et Voltaire de vente privée. C'est un style, peut-être que vous aimerez.)


  2. Avoir pris un petit déjeuner sur la terrasse du Café Marly, un Costes parmi tant d'autres. (Cette fameuse terrasse donne sur la cour du Louvre. Donc vous n'aurez pas le café à 99 centimes. Mais ça vaut la peine. Vos photos sur Facebook feront baver d'envie.)


  3. S'être assis autour d'une table à l'Astrance. (Très réputé. Prévoir un budget équivalent à un week-end en amoureux à Venise. Après, à vous de décider ce que vous préférez entre un resto ou Venise.)


  4. Avoir organisé un pot sans départ au Train Bleu, gare de Lyon. (Effectivement un endroit parfait pour vos fantasmes Belle-Époque. Faites comme les lecteurs du Figaro et apportez votre Rolex.)


  5. Avoir dîné chez Lipp, au rez-de-chaussée et côté rue, de préférence près d'une tête connue. (Jamais entré. Si vous voulez vivre dans le passé, libre à vous.)


  6. Avoir mangé une soupe à l'oignon aux Halles. (Oui mais où ? Les Halles sont un repaire de restos médiocres.)


  7. Avoir acheté une glace en cornet chez Bertillon, la maison mère. (C'est possible, si on consent à faire la queue pendant 45 minutes. Et si vous avez déjà mangé du gelato en Italie, vous direz "bof...")


  8. S'être délecté du Paris-Brest de Philippe Conticini à la Pâtisserie des Rêves de la rue du Bac. (Totalement. Mais si on les compare aux standards américains, 80 % des pâtisseries de Paris sont géniales. Alors repérez-en une bonne, et faites-vous un repas complet avec trois beaux desserts. Une fois dans une vie, c'est pas trop décadent.)


  9. S'être fait plaisir en remplissant son panier à la Grande Épicerie du Bon Marché. (Un vrai orgasme gastronomique. Un grand supermarché consacré uniquement aux produits fins. C'est comme Dean & Deluca, mais en 10 fois mieux. Préparez-y le pique-nique que vous n'oublierai jamais.)


  10. Avoir craqué pour le macaron au caramel au beurre salé de Ladurée. (Pierre Hermé ou Ladurée, c'est une guerre de religion. Cherchez un pâtissier qui les fait pas à l'usine. Essayez Acide, un atelier que j'ai découvert grâce à Marie-Ju et MissK. En plus, c'est dans un beau coin du 17e.)


  11. Avoir pris un thé à la menthe à la Mosquée de Paris. (Beaucoup de monde pour boire une infusion au goût de dentifrice sucré. Quand même sympathique, mais ne rêvez pas trop d'Istanbul. Reste qu'on m'a dit beaucoup de bien du hammam.)


  12. Avoir déjeuné tamoul chez Pooja. (Les Français ont horreur des épices et du piment. Donc n'écoutez jamais leurs recommandations en matière de nourriture asiatique. Si vous voulez manger tamoul et bien relevé, allez là où les Tamouls parisiens vivent, près de la station La Chapelle.)


  13. Avoir dévoré une côte de boeuf à deux à 6 heures du matin chez Denise, à La Tour de Montlhéry. (C'est quoi ce délire ? Si vous êtes encore debout à six heures du matin, profitez de l'aube sur les rues désertes pour faire les plus belles photos de votre vie. Vous irez au resto vers huit heures, quand la lumière sera redevenue moche et les rue pleines de gens taciturnes.)


  14. S'être cru à New York en dégustant un club sandwich au Harry's Bar. (Si vous venez d'Amérique, rien de bien exotique à cet endroit, à part une vague légende de la Lost Generation. Mais si vous aimez les scotchs, ça change tout : ils ont une collection unique avec des breuvages hors de ce monde.)


  15. Avoir commandé un plateau de fromages chez Marie-Anne Cantin. (Je ne connais pas cette fromagère. Mais le fromage, à Paris, c'est un des meilleurs rapports bonheur/prix. Une baguette, un fromage, une bouteille de rouge, et le Jardin du Luxembourg vous donneront plus de joie que 70 % des restos parisiens.)


  16. S'être ruiné un dimanche matin au marché bio du boulevard Raspail. (Quand on va au marché bio de Raspail, c'est pas pour ce qu'on y trouve, mais pour s'en vanter le lundi matin au boulot. Allez à Bastille, c'est moins pompeux.)


  17. Avoir déjeuné d'un bento chez Kunitoraya 2. (Attire surtout les wannabes de la branchouille. Lors de mon passage, j'ai vu au moins deux "clients à six pattes", if you know what I mean. Y'a beaucoup mieux sur la rue, en matière de comptoir japonais.)


  18. Avoir trinqué avec les vignerons lors de la Fête des vendanges de Montmartre, début octobre. (Oubliez ça. Montmartre est bondé de mauvais portraitistes 365 jours par année. Imaginez quand c'est les vendanges.)


  19. Avoir mangé un fallafel un dimanche chez l'As du Fallafel , rue des Rosiers. (Délicieuse bouffe-minute, en plein coeur du Marais. Cinq euros pour un sandwich géant garni de falafels et de légumes frais. Super pour une journée de visite chargée.)


  20. Avoir dépensé 80 euros à deux pour un poulet rôti-pommes allumettes chez l'Ami Louis. (Du poulet rôti et des frites... que c'est romantique... Je vous recommande plutôt un joli petit bar à Champagne où m'a amené mon ami Fred, le Point Bulles, en plein Saint-Germain-des-Prés. Pour 80 euros, vous aurez une bouteille de champagne très correct et un repas léger pour deux.)


  21. Avoir trouvé le filon pour aller acheter ses fleurs à Rungis et y manger des huîtres. (Beaucoup trop compliqué... Rungis n'existe que pour alimenter Paris. Alors restez à Paris et Rungis viendra à vous.)


  22. Avoir acheté son thé préféré chez Mariage Frères. (C'est vrai qu'ils font du bon thé. Mais vous le trouverez partout.)


  23. Avoir pique-niqué sur le pont des Arts. (Ça c'est vraiment agréable, même si un peu cliché. Vous allez adorer. Et aucun resto n'offre une telle vue sur la Seine.)


  24. Avoir mordu dans un sandwich libanais avenue George-V pour se croire à Beyrouth. (Pour avoir l'impression que l'Avenue George-V ressemble à Beyrouth, il faut voir pris beaucoup de LSD. Et en 4 ans à Paris, je n'ai pas trouvé un resto libanais digne de ce nom. Allez plutôt à Montréal.)


  25. Avoir fait une pause au New Nioullaville pour se remettre du Nouvel An chinois. (Avez-vous vraiment envie de manger chinois pendant une semaine à Paris ?)


  26. Avoir pris un café au Flore. (Un bon plan si vous êtes nostalgiques d'une époque où vous n'existiez pas, et prêts à payer très cher dans un café tout-à-fait ordinaire pour vous auto-convaincre que ce lieu revêt une importance historique quelconque. Demandez le menu spécial "Gros touriste crédule et exploitable".)


  27. S'être assis devant un petit-déj "plateau" à la Coupole, en habitué, sur les banquettes rouges (surtout pas en terrasse). (La Coupole est effectivement un classique qui comblera votre envie de grande brasserie parisienne. C'est bien fait, juste assez péteux, y'a une bonne ambiance, et c'est pas trop cher. Une sorte de Chartier, mais avec de vrais Parisiens et de la nourriture comestible.)


  28. N'avoir juré que par la tête de veau d'Apicius. (Pour votre info, le menu du midi de cet établissement oscille entre 160 et 200 euros. À ce prix, essayez autre chose qu'un plat composé de museau, de cervelle, de langue et de joue.)

Si j'ai un petit conseil pour votre voyage à Paris, c'est celui-ci : préparez vos adresses de restos. Une des raisons qui motivent un voyage en France, c'est la bouffe. Or, Paris est une des villes au monde où on trouve la plus forte concentration de restos dégueulasses et trop chers. L'explication est simple : 27 millions de touristes par année. Il y a beaucoup de très bonnes tables à Paris, même dans le petit budget. Mais pour chaque restaurateur honnête, il y a au moins quatre arnaqueurs qui se frottent les mains en pensant aux autocars de touristes prêts à se gaver de terrine Leader Price.


N.B. - si un des établissements mentionnés ici vous intéresse, référez-vous à l'article du Figaro pour les liens.

mardi 14 février 2012

Stasi sociale

Cet article rapporte que CNN a suspendu Roland Martin, un de ses collaborateurs réguliers, pour avoir publié des messages homophobes sur son compte Twitter durant le Super Bowl. Martin a écrit : "If a dude at you Super Bowl party is hyped about David Beckham's H&M underwear ad, smack the ish out of him!"

Une traduction honnête de "hyped" serait "excessivement enthousiaste". Donc une traduction honnête du commentaire serait : "Si un des potes à votre fête du Super Bowl est excessivement enthousiaste à propos de David Beckham et de sa pub de slips H&M, frappez-le !"




Avec ce commentaire pour seule preuve, une accusation d'homophobie ne tiendrait pas la route devant un tribunal sérieux. Moi j'ai envie de frapper David Beckham, ou toute personne montrant un enthousiaste excessif à son endroit. C'est seulement que je n'aime pas : le vedettariat, l'espace médiatique excessif accordé à un simple pousseur de ballon, les gens qui mettent trop de gel dans leur cheveux. David Beckham et ses fans m'énervent. Il n'y a aucun lien entre homophobie et beckhamophobie. Alors Roland Martin aurait dû pouvoir bénéficier du doute raisonnable. Mais il a été viré.

Dans le même ordre d'idées, vous souvenez-vous de cette Québécoise en dépression qui avait perdu son droit à ses allocations à cause de photos sur Facebook ? En gros, son assureur avait jugé qu'elle avait une mine beaucoup trop heureuse pour une déprimée.


Big Brother

On se méfie de la surveillance officielle. Dès qu'une autorité gouvernementale tente une manoeuvre coercitive, ou inquisitrice, on se lance dans les références orwelliennes. On devient frileux dès que Google ou Facebook reniflent un peu trop nos données. On sort les grands mots : atteinte à la liberté d'expression, aux droits de l'homme, à la vie privée. Pensez au Patriot Act, ou à l'Hadopi.

Mais avec l'arrivée des réseaux sociaux, j'ai l'impression d'assister à l'émergence d'un Big Brother officieux. Un tribunal de la rectitude populaire où le lynchage est permis. Un mec perd son boulot à cause d'une boutade pas nécessairement homophobe. Une déprimée sourit sur Facebook, et elle perd ses indemnités d'arrêt de travail. C'est la loi de la horde et de la rumeur qui s'impose. C'est la surveillance continue, le contrôle des esprits. On n'a pas droit à l'erreur. Le lapsus n'existe plus. La présomption d'innocence, c'est "out".

Big Brother, c'est pas l'État ou les géants de l'internet ; c'est vous et moi.

Remarquez comment votre comportement sur Facebook évolue à mesure que votre réseau s'enfle d'anciens collègues, de relations professionnelles, ou "d'amis" dont vous ne connaissez pas grand chose. N'avez-vous pas modéré un peu vos élans, depuis que tout sous-directeur des ressources humaines peut remonter un petit bout de votre vie personnelle en tapant votre nom dans Google ? N'êtes-vous pas inquiets de savoir que l'absence d'un profil public est maintenant jugé suspect par la plupart des cabinets de recrutement ? Sentez-vous une sorte de pression à la "normalité" ? Quelle est votre première réaction lorsqu'un ami "vous a identifié dans une photo" ?

Vous vous dites que vous n'avez rien à cacher. C'est vrai, moi non plus je n'ai rien à cacher aux autorités compétentes, aux flics, ou au ministère des finances. Ce qui me fait peur, c'est d'être jugé par les cons du quotidien. Le con qui mettrait mon CV au panier parce qu'il n'aime pas mon dernier statut Facebook. L'intolérant qui ne supporte pas tel genre d'humour, ou tel snobisme. Le frileux qui voudra m'imposer sa morale. Le patron qui cherche juste un prétexte pour me virer. L'inspecteur des assurances qui estime que je n'ai plus mal au dos parce qu'il a vu une photo de moi en train de jouer au ballon avec ma nièce de deux ans.

Les réseaux sociaux sont d'une instantanéité formidable. Mais ils ont aussi favorisé la croissance d'une sorte de "journalisme dégradé". Cette information incomplète, peu vérifiable, mais répétée. Cette info-rumeur, potentiellement mensongère, souvent infirmée après quelques heures.

De la même manière, les réseaux sociaux promeuvent-ils la banalisation d'une justice bâtarde ? Une stasi sociale ?



Pour m'amuser un peu, je vous mets la courbe de croissance du nombre d'agents de la stasi. Et plus bas la courbe de croissance du nombre d'utilisateurs de Facebook. Et si vous adhérez à fond à la nouvelle réalité, sachez que Google offre 25$ à qui lui donnera plus de détails sur ses habitudes de navigation.


Évolution du nombre d'agents officiels
de la Stasi, sur wikipedia.



Nombre d’utilisateurs de Facebook
dans le monde (en millions), sur wikipedia.


lundi 13 février 2012

L'Art pour l'Art

Le Nouvel Obs vient de me faire découvrir mon nouveau héros artistique. Il s'appelle Mark Roberts, il est Britannique, et sa principale oeuvre est de se foutre à poil pendant les événements sportifs (on appelle ça le streaking). Il en a fait la mission de sa vie sur terre. Si vous ne lisez qu'un truc aujourd'hui, lisez le papier du Nouvel Obs (mais revenez ici après).


Le streaking, sur wikipedia.


Dans un monde où Damien Hirst fait des millions avec des animaux découpés, des répétitions de cercles colorés, et des éclaboussures rotatives (selon moi copiées d'un kit créatif Parker Brothers de mon enfance), je trouve que Mark Roberts a aussi droit à sa place au panthéon des Arts. Si Hirst est consacré par le scandale facile d'un crâne humain serti de pierres précieuses, ou a droit aux acclamations pour un mur de pillules sensé nous renvoyer subtilement à notre dépendance au bonheur, alors j'estime que Roberts et son zizi méritent leur couverture sur Beaux Arts Magazine.


LSD par Damien Hirst, sur wikipedia.


Quoi, élever le nudisme alcoolisé au rang d'art ? Absolument. Individuellement, les simples pastilles colorées de Hirst n'ont rien de plus intéressant qu'un sous-bock. C'est leur accumulation et leur répétition sur des surfaces gigantesques qui tout à coup leur confèrent une nouvelle dimension, une voix et une signification.

On peut dire la même chose de Roberts. Avec la multiplication des apparitions, il construit une oeuvre qui sort du cadre, qui souligne par l'absurde le formalisme de nos rituels. Un sorte de lame joyeuse qui vient tirer un trait sur la toile éculée d'un match de foot. Un geste qui, par son ridicule, se place à la même hauteur que les bulletins météos dont nous sommes gavés. Un acte de rébellion humoristique contre l'asservissement de la rectitude médiatique. Un nudisme spontané et dénué d'autopromotion, qui marque le rejet du vedettariat et de ses artifices.

Damien Hirst est l'incarnation artistique du bling-bling, du consommer-jeter, et du logo géant produit en masse dans des usines chinoises. Je suis loin de rejeter sa démarche ; au contraire je crois qu'elle offre un regard pertinent sur notre époque.

S'il reprend essentiellement les même techniques que Hirst (facilité et répétition), Roberts travaille en solo, loin des officines affairistes du marché de l'art contemporain. Il a choisi de planter son style dans une approche artisanale. Ce qui fait son originalité. Roberts est le pendant Art Naïf de Hirst. Une sorte de Douanier Rousseau du scandale.

jeudi 9 février 2012

Paulstradamus

Bon petit peuple, je te sens perdu. Tu es inquiet. Tu as besoin d'un guide, d'une vision pour l'avenir. Alors pour te soulager, j'ai décidé de devenir Marabout. Here we go !


L'hiver et le froid

Il y aura un hiver l'an prochain.
  • Si cet hiver est chaud, les journalistes parleront du réchauffement climatique et recueilleront les témoignages de citoyens inquiets.
  • Si cet hiver est froid, les journalistes parleront de pénurie énergétique et recueilleront les témoignages de citoyens inquiets.
  • Si la température est normale, les journalistes rapporteront que la température est anormalement normale. Ils recueilleront les témoignages de citoyens heureux de cette bouffée de normalité, mais quand même inquiets pour la suite.
Allez voir cette fascinante collection de flocons anciens sur Wikipedia, ça vous détendra.

Source photo : wikipedia.



La Corée du Nord

L'événement géopolitique de l'année, ce sera l'effondrement du régime nord-coréen. Ma prédiction, c'est que ce sera fait d'ici 12 à 18 mois. Le régime n'est plus qu'une mince façade. Et ça soulagera tout le monde. Le trou dans le mur sera creusé du côté chinois. La Chine est le pays le mieux placé pour gérer une transition graduelle vers une économie marché, tout en épargnant la parure communiste. Et elle ne fait plus peur à ses voisins, depuis qu'elle parle la langue internationale du business.

D'ici quelques années, vous irez faire de sympathiques treks dans les montagnes vierges du Kumgangsan. Les locaux, d'un naturel accueillant, seront heureux de vous faire découvrir la culture de la région. Et les satellites photographieront peut-être autre chose que du noir lorsqu'ils passeront au dessus de la Corée du Nord.


Péninsule coréenne la nuit : wikipedia.



2017, Facebook is gone

Bon, Facebook ne disparaîtra pas de sitôt. Surtout avec le délire de son introduction en Bourse. Mais Facebook, c'est le Yahoo de 2017. La plate-forme ne propose rien de mieux que ce qu'elle est déjà. Les gens vont se lasser. Ça sera un peu comme U2, ou les sushis, ou les mojitos, ou Microsoft Word : ça reste dans le décor, c'est sympathique à l'occasion, vaguement ringard. Vous irez de moins en moins souvent. Et à un moment, vous n'irez plus qu'à l'occasion, accidentellement.

Moi, Facebook commence à m'ennuyer. Y'a pas de nouveautés depuis 2 ans, à part les boutons qui disparaissent et réapparaissent ailleurs. Leur dernier gros changement, la "timeline", est un truc cosmétique destiné à caresser mon ego, et qui m'a amusé pendant 10 minutes. Tout ce qui me reste, ce sont mes potes qui mettent des conneries rigolotes. Mais y'en a de moins en moins. Premièrement parce que l'algorithme de sélection de contenu est terriblement réducteur. Deuxièmement parce que patrons et R.H. y sont de plus en plus présents. Dans un groupe social, l'arrivée des R.H. fait le même effet que l'arrivée d'un thermomètre froid dans un orifice chaud.


Facebook en 2005 : wikipedia.


La Crise

La crise va durer 10 ans et je vais changer de métier.

Dans les années 80, la crise à duré 10 ans. Si on fait la moyenne des années 2000, la courbe est plate. La crise, et le surtout le maintien de l'impression-que-c'est-la-crise dans l'opinion, c'est pratique pour les politiciens. Ça permet de s'inventer un bilan quand on n'en a pas : "Nous avons combattu la crise. Si nous n'avions rien fait, la situation serait catastrophique !"

Il faut apprendre des politiciens, transposer leurs rhétoriques dans le couple : "Mais chérie, en ne sortant pas les poubelles, j'ai évité de me faire piétiner par une éventuelle horde de mammouths ! Imagine ta vie sans moi ! Tu l'aurais payé comment, l'appart ?"

Donc la crise va durer 10 ans et me faire changer de métier. On va me virer parce que je suis vieux, afin de me remplacer par un trentenaire qui coûte moins cher. Je ne lui en veux pas, au trentenaire. Ça fait 10 ans qu'il attend un boulot. Dix ans qu'on lui dit "vous manquez d'expérience". Cool pour lui, cool pour moi qui en a marre de toute cette connerie corporative. La vie est tellement courte, ça serait idiot la consacrer à une seule chose.

La crise, c'est pas une question d'époque. C'est plutôt une question de lieu. Dans les années 1990, pendant que l'Amérique de Clinton se roulait dans la croissance, l'Argentine sombrait. Aujourd'hui, c'est l'inverse : en Argentine, personne ne parle de crise.

Tiens, et si j'allais en Argentine ? Ou peut-être aux USA, parce qu'après la pluie... Quoique c'est la même chose en France. Sauf qu'en France, il pleut tout le temps. Quand il ne fait pas froid.


Voiture d'un Okie : wikipedia.


mardi 7 février 2012

Battement d'aile

Ironiquement, l'Histoire est souvent écrite par des inconnus sans histoire. Des inconnus qui le resteront. Ils prennent leur train le matin pour aller au boulot; ils font BBQ le week-end avec les copains; chaque mois ils mettent un peu de fric de côté pour la retraite. Ils portent des chemises à manches courtes et des cravates démodées.

Des inconnus comme ces trois ou quatre mecs d'une société d'informatique qui, probablement pour des raisons d'optimisation, font un choix contre-intuitif dans le design de leur interface-utilisateur. Et quelques années plus tard éclate un conflit qui fera des centaines de milliers de morts. Une guerre qui précipitera le déclin économique d'une grande puissance, et qui affectera durablement la géopolitique mondiale.

C'est pas de la science fiction. C'est un battement d'aile...


Source photo : wikipedia.


Si vous êtes un Occidental, quand vous lisez, vos yeux suivent un chemin en forme de "Z" : lecture horizontale de gauche à droite, et retour à gauche pour débuter la prochaine ligne.




C'est un réflexe acquis. Vous anticipez qu'un "corps d'information autonome" (une phrase, un slogan, un paragraphe) commencera nécessairement à gauche. Donc vous revenez vers la gauche. C'est particulièrement évident avec les listes. Notez comment vos yeux tracent des "Z" pendant la lecture.


Tomates à l'huile
Concombres au yaourt
Oignons caramélisés
Patates en purée
Raisins verts
...


Les listes sont parfois longues. Il peut devenir avantageux de les placer en colonnes. Dans ce cas, vos yeux feront des "Z" jusqu'au bas d'une première colonne, puis remonteront en haut pour entamer la lecture de la seconde colonne. Rappelez-vous la disposition d'un journal, et votre manière de le lire. En majorité, les gens n'aiment pas faire des allers-retours d'une colonne à l'autre. Ils aiment mieux terminer une colonne avant d'en commencer une autre.


Source photo : wikipedia.


Certaines listes sont particulièrement importantes. Par exemple, la liste des candidats sur un bulletin de vote. Dans l'exemple suivant, imaginez que vous vouliez voter pour Pierre Cocteau, candidat de la Gauche Populaire. Il est relativement facile de trouver la case dans laquelle apposer votre croix. Et aucune chance de confondre la case de votre candidat avec celle de Phil Morris, de Citoyens Unis.


Roger Moquin
Union des citoyens
Phil Morris
Citoyens Unis
Pierre Cocteau
Gauche Populaire
Jean Joule
Forces Centristes
Marie Marion
Centre Uni
Pascal Muret
Union des Forces
Lucie Larot
Groupe du Nord
Marthe Martin
Communistes Libéraux
Simon Sam
Projet Renouveau


Imaginons maintenant que le bulletin de vote soit conçu comme dans l'exemple suivant :


Roger Moquin
Union des citoyens
Pierre Cocteau
Gauche Populaire
Marie Marion
Centre Uni
Lucie Larot
Groupe du Nord
Simon Sam
Projet Renouveau
 
Phil Morris
Citoyens Unis
Jean Joule
Forces Centristes
Pascal Muret
Union des Forces
Marthe Martin
Communistes Libéraux
 


Pierre Cocteau est deuxième dans la liste, il serait naturel de cocher la deuxième case. Mais la colonne de droite est légèrement décalée vers le bas. Votre oeil doute un peu. Faut-il faire des allers-retours entre les deux colonnes pour trouver la bonne case ? L'alignement des cases semble le confirmer. C'est donc la troisième case, et non pas la deuxième, qui paraît la mieux alignée avec le nom de Pierre Cocteau. Mais la troisième case est peut-être celle de Marie Marion, troisième dans la liste "naturelle". Vous hésitez...

Ce bulletin de vote, si présenté tel quel, risque d'entraîner bon nombre d'erreurs dans la votation. Je dirais jusqu'à 25% d'erreurs. On peut ajouter divers guides visuels, des flèches, des couleurs, etc. Mais peu importe. Avec une disposition qui s'oppose au flux normal de la lecture, la moyenne d'erreurs restera élevée. Autant abandonner l'idée, et choisir une disposition plus "naturelle", non ?


Grand Mars changeant (Apatura iris)

Voici un des bulletins de vote les plus marquants de l'histoire contemporaine. Notez l'ironie : on l'avait nommé "Butterfly Ballot", car ses deux pages se déployaient comme les ailes d'un papillon. Il a servi en Floride, en novembre 2000. Notez les noms et leur position. En haut à gauche, en première position, le républicain George W. Bush. Juste en dessous, en seconde position, le démocrate Al Gore, principal opposant de Bush.

Source photo : wikipedia.


Attendez, Al Gore est-il bien en deuxième position ? Ou bien est-ce Pat Buchanan, un candidat marginal, à droite ?

Au centre, il y a la bande de votation. Il vous faut un moment, mais vous comprennez : si vous souhaitez voter pour Al Gore (deuxième dans la colonne), vous devez choisir la troisième case, soit celle désignée par la flèche numéro 5. C'est clair, non ? Si vous cochez la deuxième case, vous aurez voté pour Buchanan.

En 2000, avec ses 25 grands électeurs, c'est la Floride qui a scellé l'issue de la course à la Maison Blanche. Dans cet État de 20 millions d'habitants, le vote a été particulièrement serré, et a dû faire l'objet de plusieurs recomptages judiciaires. À un certain point, seules 327 voix séparaient Bush et Gore.

Il est intéressant de noter que dans le comté de Palm Beach, une zone à tradition démocrate, le candidat de droite Pat Buchanan a recueilli environ 3400 voix, soit dix fois plus que sa moyenne nationale. Le même phénomène a été observé dans bon nombre de comtés. Tous sont d'avis qu'il s'agit d'erreurs. Des voix qui devaient aller à Al Gore, mais qui ont fini dans l'urne de Buchanan à cause d'un bulletin mal conçu. Les seuls à proposer une autre explication ont été les Républicains de Bush, qui en toute bonne foi ont déclaré que le comté de Palm Beach était "un des bastions de Buchanan". Commentaire du principal intéressé, Buchanan : "Balivernes !"


Je côtoie tous les jours des génies qui me réinventent la roue. Qui s'enfoncent dans les culs-de-sac de l'évolution. Le brouillard du narcissisme. On se croit assez grand pour changer le monde, mais trop petit pour causer une catastrophe ? On n'est qu'un papillon ; quel mal pourrait-on causer ?


P.S. - Les données relatives au vote Bush vs Gore en Floride proviennent de Proofiness, How You're Being Fooled by the Numbers, de Charles Seife.

lundi 6 février 2012

Since 1972

Une des plus jolie PME de France, c'est le Front National des Le Pen. J'en suis persuadé, le père et la fille n'ont jamais sérieusement envisagé de gouverner l'Hexagone. Ils ont simplement décidé d'exploiter un petit filon de cette zone impopulaire, quelque part dans le flanc droit du spectre politique.

Spéculons un peu. Ce que Jean-Marie a réalisé, au début des années 70, c'est qu'aucun politicien ne souhaitait vraiment servir l'amateur de droitisme. Trop risqué pour l'image, et pas assez payant. Ce qui reste vrai pour quelqu'un qui envisage le pouvoir. Mais pour un autre qui veut juste faire du business, il y a fruit à cueillir. Une belle zone pépère, sans compétition. Un peu comme les cigarettiers, avec ces 20% de fumeurs indéfroquables, une clientèle fidèle. Et même pas besoin de promo coûteuse pour se maintenir une sainteté médiatique.

S'il devait accéder au pouvoir, le Front National s'appuierait sur qui pour former un cabinet ? Dans l'équipe, il n'y a que les chefs qui sont médiatisés. Elle fait les discours, lui s'occupe des maisons de retraite. On garde les opérations au minimum. Parce que le FN est une PME dont la business est d'être un parti officiel, avec les avantages que ça comporte en collecte de deniers publics.


Membres du FN collectant de l'argent
dans un drapeau tricolore géant
au défilé du parti en l'honneur de Jeanne d'Arc.
(Source : wikipedia)


Le FN s'efforce d'être juste assez gros pour compter, pour être considéré dans d'éventuelles négociations. Mais pas assez gros pour gouverner. D'ailleurs, lorsque sa cote monte un peu trop, Marine ou son papa ont tôt fait de se saborder un peu. Ici, madame recontre la peu fréquentable extrême-droite autrichienne. Et là c'est Jean-Marie qui désavoue sa fille.

À propos du financement, c'est vraiment le mode PME : petite collecte ici, petit emprunt là-bas, usage des tribunaux pour éviter certains paiements, et une utilisation des mécanismes nationaux d'aide aux partis officiels. Comme dans toute boîte, y'a eu des années de vache maigre. Mais 2012 s'annonce vraiment bien. Et peu importe, avec les papiers correctement notariés, les Le Pen seront tranquilles si le parti fait un jour faillite. Personne ne viendra toucher aux indemnités d'eurodéputé de Jean-Marie, ni aux salaires déjà versés.

Une majorité de gens diront que les Le Pen ont de vraies convictions. Moi, disons que je réserve mon jugement. Mais on peut dire que l'aventure du FN, depuis 40 ans, aura au moins donné à Marine et Jean-Marie un métier intéressant, et une jolie situation.

Source photo : wikipedia.


vendredi 3 février 2012

Désolé, j'ai trop bu

Forts de bribes glanées à droite et à gauche dans vos revues de mode préférées, vous vous complaisez dans votre alcoolisme. On dit que le vin rouge est bon pour le coeur. Et bien sachez que dorénavant, vous devrez aller chez le curé pour vous déculpabiliser. Selon cet article, toutes les vertus du vin sont remises en doute. L'éminent chercheur derrière les études les plus connues est accusé d'avoir falsifié ses résultats.

Moi je trouve qu'en matière d'alcool, on se fait beaucoup de mal en confondant cause et effet.

Prenons par exemple mon dernier mal de crâne violent. J'ai un ami qui est une sorte de bobo-artisan-du-dimanche. Il aime fabriquer des choses branchées chez lui. Il fabrique aussi son rhum arrangé maison. C'était vaguement marron, et il y avait des particules qui flottaient. Le lendemain, j'avais mon jogging dominical. J'ai beaucoup souffert. Mais c'est pas la faute à l'alcool. C'est parce que je choisis mal mes amis. Et parce que le jogging est un sport de crétins.


Source photo : wikipedia.


Parfois je bois. C'est pas la faute à l'alcool. C'est la faute à mon boulot. Si y'avait pas l'alcool, y'aurait le parachutisme, la cloppe, le sado-masochisme, le chocolat. Y'aurait autre chose. Parce que y'aurait toujours mon boulot. C'est pas la faute à l'alcool si j'ai un boulot.


Bêtise du groupe

En parlant de boulot, je dirais que la connerie d'une organisation se mesure à son ampleur. Je sais de quoi je parle, car j'ai travaillé pour de grandes origanisations. Alors ça me conforte un peu dans mes opinions quand je vois sur Le Point.fr qu'appartenir à un groupe rend bête.

Le titre accroche bien, mais "l'article" tient sur un seul paragraphe, cite mal ses sources et ne fournit aucune donnée. En somme, c'est du n'importe quoi journalistique. Je ne savais pas que Le Point.fr était une si grande organisation.


Conseil aux RH

Le vrai danger pour une organisation, ce ne sont pas les cyniques et désabusés. Il suffit de leur confier une mission utile. Ils en rêvent. Ils ne sont que des petits toutous déprimés. Donnez-leur un traîneau à traîner, et ils trépigneront de bonheur. Comme des huskies.

Le vrai danger pour une entreprise, ce sont les motivés à qui on a confié une mission inutile. Ils embêtent les autres jusqu'à les rendre cyniques.


Auberge chinoise

En parlant de motivation au travail, y'a les Chinois qui nous ont bâti un hôtel de 15 étages en six jours. Ah non, il s'agirait plutôt d'un hôtel de 30 étages en 15 jours. Ou selon Fox News, un hôtel de beaucoup-d'étages en 30 jours.

Même hôtel, trois versions... Bon, c'est une nouvelle chinoise, et y'a Fox News dans les sources... Alors côté crédibilité, j'ai du mal. Et si on lit bien, au delà du titre, on comprend que la structure a été assemblée à partir d'unités préfabriquées.

Tout ça pour dire que l'information, c'est du divertissement. Alors la lecture de ce blog est toute aussi pertinente. Donc arrêtez de culpabiliser.


La France a inventé internet

Vous n'êtes pas encore convaincus que mon blog est tout aussi pertinent et crédible que les grands médias ? Alors selon un article sur Le Point.fr (encore eux), la France a inventé internet... En gros, on explique que Tim Berners-Lee (inventeur du html) a travaillé au CERN, en Suisse. Mais les bâtiments du laboratoire sont à cheval sur la frontière franco-suisse, et celui où a travaillé Berners-Lee est sur le territoire français. Donc le Web est invention française, photo aérienne à l'appui (dans l'article).

Afin d'être tout aussi pertinent, j'ai décidé d'appliquer le même mode de raisonnement (présence sur un territoire + photo). Pour rester dans le thème, je combine à la tradition Internet de conclure tout argumentaire par une comparaison impliquant les Nazis (Loi de Godwin). Et j'en arrive à cette découverte révolutionnaire : la Solution Finale est une invention française.


Source photo : wikipedia.


Je vais vous le confier à l'oreille, la plus grande invention de la France, c'est sa capacité à s'attribuer le travail des autres.


Bouclons la boucle

Je laisse Coluche boucler la boucle entre ma médisance, les Français, et l'alcool (mon sujet de départ) : "Un alcoolique, c'est quelqu'un que vous n'aimez pas et qui boit autant que vous."

jeudi 2 février 2012

Je mangerai l'univers

Sur Le Monde, un article qui titre comme ceci :

"Chaque seconde, 26 mètres carrés de terres agricoles disparaissent en France."

Sur une année, ça fait 819 kilomètres carrés. L'article donne plus de détails :

"En cinquante ans, la surface agricole utile (SAU) a ainsi diminué de 20 %, passant de 36 millions d'hectares en 1960 à 28 millions en 2010."

Donc, il reste 28 millions d'hectares de terres agricoles en France. Si on enlève les forêts, bois et peupleraies (qui recouvrent 16,1 millions d'hectares), il reste 11,9 millions d'hectares pour les patates et autres machins comestibles.

Et si 819 kilomètres carrés disparaissent à chaque année, le tout dernier mètre carré de l'agriculture française aura disparu dans 145 ans. Donc en 2157, la France sera un gros Paris avec 783 arrondissements. Cette Ville-État occupera tout le territoire et comptera 139 000 brasseries. Et 9 % des Parisiens (l'appellation "Français" aura été abandonnée) gagneront leur vie à servir des cafés trop chers aux 780 millions de touristes annuels. Ces visiteurs seront devenus aussi irascibles que les serveurs parisiens, fatigués de se taper la ligne de métro 12 jusqu'à la station Marseille, parce que "Roger trouve que les hôtels intra-muros, c'est l'arnaque".


Les chiffres

Pour établir sa donnée-choc, "26 mètres carrés par seconde", l'article cité plus haut a fait une moyenne du passé et l'érige en tendance pour l'avenir. Je n'ai rien à dire sur les chiffres de cet article, car je ne les ai pas étudiés. Ils sont peut-être valides.

Source photo : wikipedia.


Mais ce qui est cool avec les chiffres du passé, c'est qu'on peut les choisir. On peut élargir l'échantillon pour aplanir une courbe. Ou au contraire établir une tendance forte à partir d'un petit échantillon. Ou bien faire le focus sur la partie de la fourchette qui convient le mieux à notre discours, qu'il soit alarmiste ou optimiste. En gros, comme l'explique Charles Seife dans son bouquin Proofiness, rien de mieux qu'un bon choix de chiffres pour conférer une crédibilité quasi-scientifique à n'importe quelle thèse.

Alors moi aussi, pour prédire l'avenir, j'ai décidé de m'amuser avec les chiffres du passé. Au cours des 20 dernières années, le rendement céréalier français est passé de 6000 à 7500 tonnes par hectare. C'est une amélioration de 25 %.

La France produit 35 millions de tonnes de blé par an. Si son rendement céréalier continue à s'améliorer au rythme actuel, dans 760 ans, le pays produira tout son blé sur une surface de 9.69 km carrés. C'est à peu près gros comme le Bois de Boulogne. (Je recommande toutefois d'éviter l'agriculture au Bois de Boulogne, car son terreau est fortement contaminé au latex.)


Encore une tendance

Dans la première année de ma vie, j'ai triplé mon poids, de 3 kg à 9 kg.

Selon cette tendance exponentielle, si je vis 75 ans, mon poids à ma mort sera de 14 780 882 941 434 592 331 608 321 020 638 000 000 000 kg.

La terre ne pèse que 6 000 000 000 000 000 000 000 000 kg.

Je peux donc prédire que l'humanité aura colonisé d'autres planètes pour m'alimenter. Car j'aurai complètement dévoré la terre. En fait, j'aurai gobé plusieurs millions de planètes similaires. Environ 2 000 000 000 000 000.

Mais il n'y a que 100 000 000 000 étoiles dans notre galaxie. Et bien peu d'entre elles ont des satellites agréables au goût.

Donc, selon mes données, je peux prédire que d'ici 2047, l'humanité aura colonisé un bon paquet de galaxies pour assurer ma croissance. Ça peut vous paraître fou, mais n'oubliez pas un point : à mesure que ma masse augmentera, mon attraction gravitationnelle croîtra aussi. Ça devrait suffire à attirer vers nous les autres galaxies, ce qui facilitera le travail.

Mais magnez-vous, car selon mes projections, je pèse déjà 12 157 665 459 056 928 801 kg. Et j'ai une forte envie de me cuisiner un bout de la Mauritanie pour dîner ce soir. En sandwich entre deux tranches de Sénégal, ça serait pas mauvais...


Source photo : wikipedia.


Une fois mort de vieillesse, je ne serai plus qu'une masse gigantesque flottant dans l'espace. J'aurai probablement ma propre atmosphère, et tout ce qu'il faut pour supporter la vie. Et comme j'ai signé ma carte de dons d'organes, n'hésitez pas, pour votre propre subsistance, à transformer une partie de mon genou gauche en terres agricoles.

mercredi 1 février 2012

Family business

Pour le complexe militaro-industriel, et les politiciens qui couchent avec, la guerre est un superbe banquet. Ça ressemble à moi en vacances : "Allez on se lâche, ça n'arrive pas souvent et c'est pour la noble cause !"

Encore une histoire d'argent disparu pendant le conflit en Irak. Ce n'est pas du tout la première. Prenez le temps de descendre l'arbre généalogique des Bush, en commençant par l'arrière grand-père Samuel. Les allers-retours entre politique et business de l'armement y sont quelque peu perturbants, surtout qu'ils s'étendent sur quatre générations.

Ce qui m'énerve, ce n'est pas tellement que la guerre soit sale. Qu'elle serve à gaver les vautours. Qu'on invoque des motifs fallacieux pour satisfaire des ambitions géostratégiques. Qu'on doive affecter des fonds occultes à la corruption. À des opérations plus ou moins transparentes. Et que tout cela, pour des raisons évidentes de stratégie, soit entouré de secret. Qu'est-ce que vous pensiez ? Que la conquête d'un territoire par la force se faisait avec fair-play, et de manière cordiale ?

Source photo : wikipedia.


Ce qui m'énerve, c'est quand un politicien se sert de la guerre pour arroser ses potes avec des liasses de fric. Et qu'il invoque ensuite le secret-défense pour se faire une retraite tranquille. Corrompre un fonctionnaire ennemi, faire abattre un chef de l'autre camp, c'est la guerre. Mais donner à des sociétés privées amies des contrats faramineux pour fournir en services une armée jusqu'alors autosuffisante, ça m'énerve.

Une des prinicipale plainte des chefs militaires pendant le conflit irakien, c'est qu'on leur a imposé de faire affaires avec des sociétés privées pour s'approvisionner. Ce même si l'armée américaine sait fonctionner en mode autonome, et surtout gérer son approvisionnement à un coût trois fois moindre.

Un politicien qui profite d'un conflit pour arroser ses amis fait la guerre contre son propre pays. À mes yeux, c'est le type de cynisme qui prend son bain avec la trahison. Pendant la guerre en Irak, des G.I. cravatés ont pillé l'Amérique. Aucun d'eux n'a été tué ou blessé. Ils n'ont même pas été inquiétés.

Transport de soldats blessés, sur wikipedia.



Vive le froid

Les journalistes adorent le froid. Ça leur permet d'hiberner. Le froid, comme Noël ou tous les autres machins attendus, permettent de sortir du placard de vieux articles déjà publiés 27 fois. Par exemple, ce machin qui nous recommande de faire attention aux chauffages défecteux. On aurait pu l'écrire en 2009. Et on pourra le republier l'hiver prochain. C'est beaucoup moins compliqué que de se questionner sur la vampirisation des fonds de l'État.