mardi 22 février 2011

Grippe d'homme

Parmi les nombreux rôles qui m'ont été assignés dans mon existence, il y a celui de dégrossir l'humanité. C'est pourquoi j'aimerais profiter de mon petit arrêt de travail pour démystifier une maladie grave et souvent sous-estimée : la grippe d'homme.

La gent féminine, probablement à cause de son nombrilisme inné, a tendance à mépriser l'ampleur des symptômes de la grippe d'homme. Il est connu que les femmes sont génétiquement programmées pour solliciter toute l'attention, en tout temps. La survie de l'espèce en dépend. Sans cette tendance naturelle, l'humanité aurait pris fin suite à une interminable partie de foot. On ne peut donc pas accuser de mauvaise foi les dames lorsqu'elles nient l'existence de la grippe d'homme ; leur réaction est le fruit d'un réflexe de survie.

Mais reste que la grippe d'homme s'explique le plus simplement du monde par un bref calcul statistique. Le poid moyen des hommes Français est de 77 kilos. Celui des Françaises est de 63 kilos. Un peu partout sur terre, on constate un écart similaire : la masse des hommes est 22% plus évelée que celle des femmes.

En gros, les hommes ont 22% plus de muscles, 22% plus d'os, un cerveau 22% plus gros, et 22% plus de terminaisons nerveuses. Donc leur douleur perçue est 22% plus élevée que celle des femmes. J'avancerais même qu'elle est en réalité 30% plus élevée, car les femmes ont une proportion plus importante de masse adipeuse, et personne n'a jamais rapporté avoir mal à sa graisse. Autre facteur qui propulse la grippe d'homme au panthéon des grandes douleurs : la pillosité. Une vraie bonne grippe fait souffrir jusqu'à la racine des poils. Or, les femmes sont moins poilues que les hommes, donc moins souffrantes en cas de grippe.

Source photo : wikipedia.


Si la création d'une distinction pour la grippe d'homme est un événement récent en médecine moderne, on trouve quand même des mentions de la maladie dans des textes très anciens. Dans son 8e épitre aux Lithuaniens, datant de 267 après Jésus-Christ, Saint-Philibert écrit : « Rappelez-vous, mes frères, que la justice de Dieu est infinie. Le 8e jour, Il créa la grippe d'homme pour équilibrer un peu la somme des douleurs au cours d'une vie. Ainsi la femme enfantera 3 fois, et l'homme aura une trentaine de grippes, une répartition somme toute assez honnête. Après, si la meuf décide d'en faire un quatrième, c'est son problème. On ne commencera pas à attraper des virus par solidarité, quand même. »


Symptômes

La grippe d'homme se caractérise par plusieurs symptômes. Hormis l'affection de toute terminaison nerveuse du système pileux mentionnée plus haut, on retrouve :
  • Impression d'avoir du silicone dans les sinus.
  • Acouphènes en stéréo rappelant l'oeuvre d'Edgar Varèse. (Enregistement ici.)
  • Maux de tête qui, par leur ampleur, sont d'une certaine manière bénéfiques pour l'égo.
  • Fièvre, frissons, et le sentiment d'avoir une batterie 9 volts connectée à la base de l'épine dorsale.
  • Étourdissements.
  • Courbatures toujours plus sévères. (Des statistiques remontant à 1932 indiquent que chaque nouveau cas de grippe d'homme, sans aucune exception, a établi un nouveau record mondial de la courbature.)
  • Le souhait de regarder longuement la télé, la bouche entre-ouverte, en laissant s'écouler un filet de salive.
  • Toux profonde rappelant le cri du tracteur de ferme diésel, accompagnée de roulements de mucus similaires au bramements du cerf de Laponie.
  • Souhait obsessif d'avoir 8 ans et de pouvoir crier « maman ».


Une grippe d'homme mal traitée peut résulter sur une infection globale de toute canalisation de la partie supérieure du corps et de l'âme. On notera enfin chez le patient une sous-stimulation des récepteurs d'empathie féminine, parce que les femmes de l'entourage ont le réflexe injuste et inhumain de feindre une indifférence totale aux symptômes décrits ci-haut.


Traitement

La grippe d'homme est une maladie coriace qui se joue bien de tout ce que la science moderne peut offir. Toutefois, à l'aide d'une multi-thérapie intense, il est possible soulager légèrement et temporairement les symptômes du patient. Sont recommandés, en combinaison, et sous autorisation d'un professionnel de la santé :
  • Antibiotiques oraux. (Par exemple, Amoxicilline.)
  • Cachets d'antidouleurs. (Ibuprofène.)
  • Sirop pour la toux au goût de caramel. (Les surplus peuvent être réutilisés dans une tatin préventive.)
  • Application de Vicks Vaporub sur le torse et la gorge.
  • Application de Vicks Vaporub sur tout ce que vous touchez ensuite parce que cet onguent graisse pas mal les doigts.
  • Jus d'orange frais.
  • Liquides en bonne quantité.
  • Soupe au poulet avec crackers.
  • Pop-tarts.
  • Séances de sommeil sur le sofa. (L'insignifiance de la télé dans l'après-midi aide beaucoup à la prise de repos.)
  • Gémissements répétés.
  • Rhum martiniquais. (Sauf s'il y a prise d'antibiotiques, consulter son médecin.)


lundi 21 février 2011

Guide du ginglard

On m'a beaucoup fait rêver avec la bouffe sicilienne avant mon départ pour Palerme. Je salivais de ces pâtes aux broccolis et aux pistaches, de cette assiette où se recontrent l'Italie et l'Orient. Et bien, déception totale. Je dois malheureusement vous informer qu'après ce billet, j'aurai la mafia sicilienne sur le dos. Ou peut-être une autre mafia : celle des guides touristiques. Visiblement, certains établissements paient fidèlement le pizzo...

C'est normal d'avoir un peu de malchance en voyage. On tombera toujours sur un resto nul, parfois deux. Mais pas trois jours d'affilée. Surtout un gourmand comme moi. Je prends mon temps, je tourne en rond. Ça doit sembler frais, rempli d'indigènes, hors des lieux trop touristiques, ouvert depuis un moment. Il y aura parfois un sticker de recommandation touristique sur la porte, mais ce n'est pas nécessaire.

En fait, je me méfie un peu de ces recommandations touristiques. Avec Lonely Planet, c'est pas toujours bon, mais généralement le cadre est sympathique, le personnel agréable. Mais y'a une petite plaque, en particulier, qui me fait déguerpir. Cette petite image, sur une porte, est à mes yeux l'incarnation de la terreur alimentaire.


Source photo : wikipedia.


Pourtant, à Palerme, j'ai encore fait l'erreur de donner une dernière chance au guide XXXX. De dehors, la trattoria avait l'air sympa, remplie de vieux habitués (généralement un bon signe). Voici mes impressions, notées en live ce soir là. Elles témoignent bien du côté bouffe de mon séjour à Palerme :

Un ostie de restaurant de has-been. Que des vieux. Pâtes trop cuites, nourriture molle pour rateliers mal ajustés. Pour un anniversaire, les convives se font servir des bouchées dans de ridicules paniers recouverts de papier d'aluminium. Est-ce qu'il existe encore une seule personne sur terre qui associe mentalement le papier d'aluminium aux grandes occasions ?

Dans un coin, une télé beugle une version italienne de 'Gagnez des millions'. À chaque quitte ou double, le réalisateur met en trame de fond la musique de 'Vendredi 13'. Le tout entrecoupé de pubs de lessive. C'est comme un deuxième degré de mauvais goût dans ce boui-boui momifié. Bonjour l'ambiance. Après des pâtes tièdes, accidentellement fondantes, et recouvertes d'une purée de broccoli beige, on me sert ma friture de poisson sur une dentelle en papier. Ça remonte à quand, la dernière fois que j'ai vu une dentelle comme ça, 1983 ? (Ndlr : on dit que le pouple perturbe le sommeil quand il n'est plus trop frais. J'ai fait des cauchemars horribles toute la nuit suivante.)

Merci, guide XXXX. Encore une fois, une belle recommandation. À moins qu'il existe un trafic de vos petites plaques, vous avez aimé cet endroit en 2005, 2006, 2007. Et ça ne pouvait pas être mieux lors de vos « visites », parce que la déco (et la bouffe, et le personnel, et la clientèle) datent de 1972.

Après avoir mangé médiocre à Nice, en Bretagne, au moins 10 fois à Paris, en Espagne, en Allemagne, je m'étais juré de ne plus jamais entrer dans lieu estampillé guide XXXX. C'était ma petite promesse à moi-même. Que je n'ai pas tenue, encore. Pourquoi je me trahis ainsi ? Pourquoi cette perversion ? Pourquoi cette propension à répéter mes erreurs ? Ça mériterait une psychanalyse.

Mais en attendant, j'ai compris que mon humble rôle dans la vie, si je ne dois en avoir qu'un seul, c'est de livrer à l'humanité cet avertissement : le guide XXXX, c'est trop souvent la garantie d'un repas moche et d'un hébergement passable. La dernière fois que XXXX a réévalué ses recommandations, c'était probablement sous Hérode. D'ailleurs, c'est peut-être à cause d'eux que le Christ est né dans une étable : « B&B de l'Étoile. Établissement coquet en retrait de la ville, qui malgré son côté rustique, est autant fréquenté par le jet-set oriental que par les gens du coin. Confort à l'ancienne, comme on aime, avec joli cadre naturel. La suite de l'Âne et du Boeuf (30 deniers/pers./nuit) offre une large vue sur les collines. »

(Ndlr 2 : comme c'est risqué d'avoir une opinion aujourd'hui, j'identifierai XXXX uniquement auprès des amis qui m'en feront la demande. Si vous êtes avocat, oubliez ça.)

Petite note en terminant. À Palerme, en cas de doute, restez-en au café (toujours incroyable), aux cannoli (les meilleurs de ma vie), au gelato à la pistache (un vrai goût de pistache, pas de colorant vert), et aux olives (croquantes et toniques). Ou louez une chambre avec cuisinette et profitez des splendides marchés de quartier.

Et en passant, de retour à Paris, cet article du Figaro confirme mon impression de Palerme : « Ne pensez pas trouver une canonnade de restaurants formidables, une pincée suffit après tout. » Suivi de quatre petites recommandations qui m'apparaissent plutôt tièdes. Habituellement, le style d'écriture magazine se livre à des débordements d'enthousiasme un peu plus baroques.

jeudi 17 février 2011

L'ère imberbe

Aujourd'hui sur Facebook, une amie a mis un lien vers cet article du journal Le Monde. En gros, le papier nous apprend qu'un artiste danois a été temporairement exclu de Facebook pour avoir mis sur son profil le tableau L'Origine du monde de Gustave Courbet. Si vous ne connaissez pas, en voici une image, gracieuseté de wikipedia (site qui sait toujours égayer ma journée).



Ce tableau me plaît bien, pour des raisons que j'estime évidentes. Une partie de moi s'émeut toujours à la vue de cette oeuvre, ce qui tend à me rassurer sur ma personne.

Bien qu'elle n'ait pas commenté le lien, je présume que mon amie, elle-même artiste et jouissant d'une certaine ouverture d'esprit, souhaitait dénoncer la réaction ridicule de Facebook. Je ne rate jamais une occasion de sauter dans la piscine olympique du ridicule quotidien. J'ai donc réagi avec ce commentaire : « Le problème, c'est pas vraiment les parties intimes. C'est le poil. Aujourd'hui, on ne tolère plus le poil. À New-York, on oblige les restos à avoir une section réservée aux poilus. La ville songe même à interdire complètement le poil dans les lieux publics. »

Une autre amie a répliqué : « Paul a raison, nous sommes à l'ère d'une autre nudité... » Ce qui m'a inspiré cette autre insignifiance : « C'est vrai : nous sommes à l'ère de l'imbécilité nue et décomplexée. Le jugement et le deuxième degré ont été rasés. »

J'ai tapé ce dernier commentaire en attendant le RER. Et comme souvent, j'ai attendu longtemps. Ce qui m'a donné le temps de penser un peu. Et c'est là que tout à basculé.

Et si nous étions entrés dans l'Ère du gamin ?

Je m'explique. Depuis quelques années, j'ai l'impression d'une croissance de la rectitude politique. Une nouvelle police morale, de plus en plus simpliste, semble veiller à ce que tout soit bien lisse, inoffensif. Par exemple, il y a quelques semaines, un organisme de réglementation canadien retro-interdisait la diffusion de la chanson Money for Nothing de Dire Straits, parce qu'elle contient le mot « faggot ». La chanson date de 1985.

On en rira. On criera « Honte aux curés ! » Mais si c'était nous, les curés ? Nous tous.

Y'a pas si longtemps, je regardais un documentaire sur Georges Wolinski, le célèbre dessinateur du Paris Match. Une image pour vous aider :



Dans le document, on a demandé à Wolinski ce qu'il pensait de la bédé grivoise d'aujourd'hui. Je paraphrase, mais il l'a décrite comme moins crue, peut-être moins grossière. Il semblait la trouver plus enfantine, autant dans le trait que dans le propos.

Et puis il y a tout ce nouveau design, dont nous sommes si friands depuis quelques années. On dirait que les objets de consommation qui nous plaisent ressemblent de plus en plus à des jouets.


Fiat 500 (source ici)



Logo Android



Coussin Pépin le malin (source ici)


Y'a cette expression qui revient constamment quand on crée des choses : « Faut que ça soit ludique. » Même au boulot, on veut des présentations Power-Point colorées, rigolotes.

Et puis y'a la nouvelle manière de communiquer, 140 caractères. Les vidéos qu'on abandonne après deux minutes parce que trop longues. La prépondérance de l'optimisme, de l'enthousiasme, de l'enjoué. La fin de la vieillesse. Les couleurs vives. Le réalisme bâillonné. L'épilation complète. L'atténuation des angles.

Je suis comme ça, moi aussi. Comme tout le monde, j'en redemande.

Alors y'avait toutes ces idées qui me traversaient l'esprit, et qui m'apparaissaient pointer vers une vague de fond, un vent dominant. Mais bon, c'était peut-être juste l'air déplacé par le RER, qui entrait finalement en station.

mercredi 16 février 2011

3 jours à Palerme

Bon, ce n'est pas 100 jours. Mais la fin est moins sanglante. Voici quelques-unes de mes notes sur un long week-end dans la capitale sicilienne.


Jour 1

Dès l'aéroport "international", on sent que Palerme vit en retrait des voies touristiques principales. Pour un ville de 1,5 million d'habitants, qu'une petite demi-douzaine de portes d'embarquement. Le tarmac presque désert : trois moyen-courriers low-cost, et le nécessaire Alitalia. Ils repartiront après une escale de 45 minutes. On ne fait pas le plein à Palerme. Une vingtaine d'arrivées par jour, le week-end. Je n'ose pas imaginer le lundi.

Palerme ressemble à un gros Hochelaga-Maisonneuve qui aurait été bombardé, mais il y a très longtemps. Ce qui est le cas.



L'ambiance est délinquante. Entre ruines et édifices en passe de le devenir opèrent des trésors de marchés. Poissons frais, darnes d'espadon à même la bête, petits calmars, broccolis vert tendre, olives géantes, câpres au sel, vendeurs d'anchois, agrumes, fenouil, pistaches, boutargue et thon séché. Les mobylettes poussent les gens, on crie, on invective. Sur les mêmes marchés, les jeans à 5 euros qui iront bailler sur les culs locaux, les cotons flasques, les nappes en vinyle, les rideaux en polyester. Plus haut, aux balcons, sèchent les mauvaises fringues achetées six mois plus tôt.

Marché du quartier Capo.


Marchand d'anchois.


Vendeur de broccolis itinérant.


Dans les venelles, murs écroulés et sofas abandonnés en 1983. Près des porches, des trios de chiens pouilleux dorment au soleil, les uns sur les autres. Les femmes font ce qu'elles peuvent, les mecs ont abdiqué. Des gueules qui semblent n'avoir jamais envisagé plus loin que la fin du mois. Même sur les rares vestons, on détecte dans l'absence de lustre la marque d'un temps dur qui s'éternise en normalité. Pas de soie luisante ici. Pas de mouchoir, pas de cuir verni. Peut-être quelques vieilles Mercedes poussiéreuses, mais rien de plus. Que du stuc qui s'effrite, des carreaux cassés, et les enseignes rouillées de cafés fermés il y a longtemps. Ça vit. Mais ça n'attend rien. Une seule chose semble compter : de la bouffe fraiche dans l'assiette. C'est déjà ça.


Jour 2

Palerme trouve un certain charme dans la tranquillité du samedi matin. Les rues désertes des vieux quartiers, l'occasionnel vendeur de fleurs qui promène son chariot vers le marché, l'herbe qui s'accroche à la pierre sale des balcons. C'est une ville peinte pour la lumière rude des étés brûlants, un dédale qui appelle une lassitude accablante. En février, on dirait qu'elle attend cet été comme un vieil amour malsain surtout fait d'habitudes.







Malgré tous les documentaires du Discovery Channel, l'Occident n'est pas parvenu à totalement démoniser Il Duce aux yeux des Siciliens. Discrètement, il garde sa place dans les magasins de souvenirs et les tabacs. Au même titre que Jean-Paul II, on lui dédie briquets, calendriers, assiettes décoratives. Dans la vie, chacun sa gamelle : Che Guevara ou Mussolini. Frijoles ou pasta.

Étrangement, cette ville fait moins peur le soir que le jour. Mais c'est peut-être le vin qui me fait ça. Je ne saurai pas pour la nuit ; je vais me coucher.



Jardin Garibaldi.


Jour 3

Dimanche, petit matin, je m'offre le luxe de traverser la rue lentement, sans craindre de finir encastré dans un pare-chocs.

Il y a un potentiel à Palerme. La Meditérannée, la Vucciria, la Kalsa. Ça pourrait être Barcelone. Pour commencer, quelques coups de pinceau sur la quantité de façades grandioses qui attendent une deuxième vie. Nettoyer les rues ; les gens y abandonnent bouteilles de bière, carcasses de voiture, matelas et vieux lavabos. Vider les poubelles qui débordent. Tenter de changer les mauvaises habitudes. Ne plus tolérer le stationnement sauvage sur les jolies places. Ni les raccordements électriques douteux. Dé-barricader les églises fermées. Et puis après, si on trouve du fric, travailler le bord de mer. Enlever le béton, mettre un peu de sable. Ensuite trouver un coeur de ville, un point de rassemblement.

C'est peut-être en train d'arriver. Quand on s'enfonce dans les ruelles sombres la nuit, les fesses un peu serrées, on trouve des piazzettas avec de sympathiques enotecas. Mais bon, qui suis-je pour pontifier ? Les Palermitains peuvent bien m'envoyer chier avec mes grandes ambitions, c'est leur droit.











Je dirais que Palerme est une destination pour qui a envie d'un air de clandestinité, d'un certain laisser-aller. Une authentique négligeance, un côté délinquant. Mais surtout pas la "délinquance" à la Jean-Paul Gaultier. Plutôt celle qui, occasionnellement, passe la nuit en prison.




mardi 8 février 2011

Y'a pas l'feu

Je n'ai pas beaucoup de temps ces jours-ci. Je sais que je vous néglige. Je n'ai pas grand chose de consistant à vous offrir. J'ai toutefois cette perle qui m'a été transmise par mon ami Fred.

Ça concerne un incendie survenu à la station de métro Ménilmontant, en août 1903. Ou plutôt, de ce qui s'est passé à la station juste avant : Couronnes. Une rame de métro bondée est arrêtée. Averti qu'il y a le feu un peu plus loin, le chauffeur ne redémarre pas. Bien logiquement il prie les gens de descendre pour évacuer la station.


Source photo : wikipedia.


C'est la suite qui est intéressante. Vous direz que je suis méchant, mais je la trouve révélatrice d'un certain esprit bien français : « Les gens commencent à en gravir les marches (de la sortie) lorsqu'une personne se met à demander qui va rembourser les billets. Trouvant cela légitime, les autres voyageurs se rassemblent et interrogent le conducteur qui ne sait pas. La foule s'énerve et proteste.

Cependant, la fumée de l'incendie (la fumée uniquement, le feu étant resté circonscrit à la rame de métro), qui a envahi la station Ménilmontant évacuée, se propage dans le tunnel pour jaillir soudainement dans la station Couronnes, côté tête du train où se trouvent les protestataires. Aveuglé, par réflexe, le groupe fuit la fumée vers l'autre extrémité du quai, malheureusement sans issue. Quelques heures plus tard, les pompiers compteront 84 corps, entassés les uns sur les autres. »


Je vous laisse tirer vos propres conclusions. Le texte original est ici.