lundi 27 juillet 2009

Super sales gueules



Bon. J’ai des comptes avec régler avec deux super sales gueules qu’on voit partout en France. Pubs au cinéma, pubs dans le métro, pubs pour des bonnes causes, pubs d’anti-sudorifique, pub de parfum pour mec, pub de n’importe quoi.

Le premier, c’est Vincent Cassel. Super bon acteur. Super méchant. Tête idéale pour les rôles de truand, petit ou grand. Je l’adore à l’écran. Voyez-le dans ce court métrage absolument délirant. On nous a gavés d’une bonne portion de Vincent avec le film Mesrine. Et maintenant on lance le DVD, alors Vincent est sur tous les murs de la ville :



Tant mieux pour lui, Vincent vient de décrocher un contrat probablement très juteux avec Yves Saint-Laurent. Parmi 3,5 milliards d’hommes, on l’a choisi pour nous vendre le parfum « La Nuit de l’homme ». Alors c’est double portion de Vincent dans les magazines et sur la rue.

Mesrine, ça va. Mais le parfum, je comprends moins. Entouré de deux femmes qui s’apprêtent à le lécher partout, notre ami Vincent, dans un super costard de luxe, nous fait la plus sale gueule de l’univers :



Je présume que le photographe a dit : « Allez mon matou, fais-moi une tronche de méchant, un truc virile, mâle en rut, comme j’aime, grrrr ». Mais moi, je trouve Vincent a plutôt l’air d’un mec aux prises avec un problème de digestion. Un mâle rendu vaguement nauséeux par un rot fétide. Il a l’air de se dire : « Merde, la deuxième assiette de choucroute était de trop ». En fait, avec cette coiffure style « greasy-léchage », il ressemble parfaitement à un vieil ivrogne qui se tient au bistrot près de chez moi. Tous les matins, il est là ce vieux tout maigre, avec ses cheveux gras, sa bière, et sa sale gueule. Il ressemble à Vincent par Saint-Laurent. En plus, les deux femmes-objets libidineuses ajoutent au ridicule. Moi, la femme, je la trouve sexy avec une lueur d’intelligence et un minimum de classe. Oui, à la base elles sont jolies les deux filles. Mais elles ont été photographiées comme deux femelles Golden Retriever heureuses de retrouver leur maître. Et au centre Vincent qui semblent se dire : « Ces filles ont tellement mis de parfum, je crois que je vais gerber ». Plus je regarde la photo, plus j’ai envie de prendre de l’aspirine.

Qu’est-ce que Vincent Cassel fait dans une pub de parfum? Vincent, à la base, il est très laid. Lui seul maîtrise à ce point le look du rongeur insomniaque, comme en fait foi cette photo :



Pourtant, Vincent a quand même du sex-appeal. Je crois qu’il plaît beaucoup aux dames. Un truc chat de gouttière (sans insulte), street-smart, gangster, Joe la Gachette. Il a la gueule du risque. Il sent le poker, la vodka et les cigares. Un peu comme Serge Gainsbourg, mais en plus écorché. Il peut même faire beau délinquant :



Je crois que Vincent devrait donner une pause à sa sale gueule. Je le verrais bien dans une comédie. Quelque de chose de vraiment français, qui décape, où ça se crie des injures. Pas « Les Ch’tis »; c’est trop gentil. Un truc sans queue ni tête, délirant, comme les classiques « Le Père Noël est une ordure » ou « Les bronzés font du ski ». Mais dans un genre renouvelé, actuel. J’ai envie de voir Cassel rire tout en saignant du nez.

Chabal, maintenant…

Mon autre sale gueule, c’est Chabal, le héros du rugby français. Chabal trône probablement au sommet du panthéon du mauvais casting en pub. Chabal, il a l’air d’un ogre. Il a l’air d’un taureau enragé. Et sur un terrain de rugby, c’est super. Mais les créatifs français le rendent ridicule dans des castings odieux. Déjà, pour du parfum, le rugby en costume, c’est pas trop crédible :



Mais le top, c’est pour les Ampoules Urgo (le Docteur Scholl des Français). Chabal en talons aiguille? What the fuck!



Et celle-ci, où le pauvre rugbyman à l’air aussi à l’aise qu’une banane dans la main d’un gorille :



Chabal et les soins de pied féminins! C’est aussi crédible que Caillou qui vend des AK-47.

Chabal, il a une gueule de Viking. Il a une tête de lion. Il a l’air dur comme le roc. Le mec est certainement gentil comme tout, mais il fait peur. On devrait lui faire annoncer du steak. Un détergent surpuissant. Des camions… Et en ces temps difficiles sur les marchés, il y a certainement une banque qui aimerait envoyer un message de solidité. Difficile de faire plus solide que ça :




dimanche 26 juillet 2009

Le syndical est un langage



« Le syndical est un langage, et la France est le meilleur endroit pour l’apprendre ». J’ai cette boutade de mon cru qui traîne dans la liste de mes sujets de blog depuis des mois. Je ne sais pas trop quoi en faire. Je n’ai pas d’idée structurée, pas d’angle clair. Encore une fois, comme tout le reste, c’est seulement une impression d’expatrié.

Depuis des mois, je collectionne ces petits prospectus syndicaux qu’on me remet à mon arrivée au travail. Une ou deux fois pas semaine, un cordon de syndiqués se poste à l’entrée de la grande tour. Les militants distribuent un petit bulletin de nouvelles à tous ceux qui passent. Ils sont souvent six ou sept. Ils sont sympas, mais pas discrets.

À mon arrivée en France, j’avais été impressionné par cette forte mobilisation. Aussi par la teneur des bulletins distribués. Leur langage est assez fort. Sarcasme, accusations, manichéisme (les patrons ne sont jamais honnêtes), dérision, diabolisation, caricature. Voici quelques extraits :

« Cela démontre une fois de plus le mépris de la direction vis-à-vis de ses salariés! »

« … le petit Nicolas … » (pour désigner Sarkozy)

« … les dirigeants et hauts cadres s’engraissent allégrement … »

« … dénoncer ce scandale … »

« … des mauvais coups se préparent … » (en parlant des patrons)

« Que Jérôme Foucaud tourne sept fois… car il est attendu au tournant. »

Dans cette dernière citation, j’ai mis remplacé le nom réel d’un quelconque patron par le nom fictif de « Jérôme Foucaud ». Mais dans les brochures syndicales françaises, on nomme les gens. Le ton est à l’accusation personnelle directe et un peu menaçante : « Tremblay a menti lorsqu’il a dit… », « Bergeron doit savoir que ses actions sont surveillées. » Etc.

Source photo : wikipedia.


Ce qui m’impressionne le plus, c’est que ce langage plutôt vindicatif est utilisé en temps de paix. Au Québec, je suis habitué à plus de diplomatie. Les attaques personnelles et les remarques assassines sont réservées pour les conflits graves. La plupart du temps, la mobilisation syndicale se fait dans l’ombre. Les dossiers avancent sans trop de bruit. Les négociations se font sans trop de théâtre.

Peut-être que le syndicat français est moins intégré dans le processus décisionnel. Peut-être que le syndicat est considéré comme un organisme marginal. D’où la nécessité de faire plus de bruit. De crier plus fort.

Reste que l’apparence de forte mobilisation, les nombreux mouvements de grèves concertées, et l’acidité des communications, m’avait donné une impression de très grand militantisme. C’est pourquoi j’avais été très surpris en lisant, il y a quelques mois, que la France est presque moitié moins syndiquée que l’Amérique. (À ce sujet, je vous renvoie vers un de mes textes de mai dernier).

En guise de conclusion à ce texte sans direction, je vous invite, si vous en avez l’occasion, à bien remarquer ces véhicules suspects qui suivent souvent les grandes manifestations françaises. Vingt-cinq ou trente voitures sombres, banales, conduites par des mecs en imperméable gris portant des lunettes noires. Observez bien, il n’est pas toujours facile de les détecter. Ces voitures suivent discrètement la parade, essayant de se fondre dans la circulation. Police secrète venue observer les manifestations pour prendre des notes et monter des dossiers? Pas exactement. Il s’agit plutôt de manifestants du CNSP-ARP, un syndicat de détectives privés… ;-)


samedi 18 juillet 2009

Pourquoi les jambes?



Je parle encore de la femme. De son traitement dans l’espace médiatique. Je suis peut-être un peu redondant. Mais bon, c’est quand même un sujet assez vaste. Et je souhaite aller au bout de certaines observations. Et de toutes manières, la femme fait partie des sujets vers lesquels on revient toujours. La bouffe, la météo, les voyages, le plaisir, la femme. Selon moi, ces cinq thèmes suffisent à constituer une instance du bonheur.

Donc, les Galeries Lafayette remettent ça cet été avec leur pub de bikini. Elle est partout dans le métro. J’avais parlé de cette pub l’an dernier. Je disais qu’elle me sciait les genoux. Je perdais mes moyens. Que j’avais dû manquer au moins cinq trains à cause de cette pub. Ça va mieux cette année. Je m’y suis habitué. Voici la pub en question, pour ceux et celles qui ne savent pas de quoi je parle :



Avouez que la madame est sexy. Toute huilée, bien bronzée, petit sourire coquin. La culotte du bikini au bout du pied. Le soutien-gorge défait, presque retiré. C’est audacieux. C’est joyeusement cochon. Peu importe ses principes, le mec moyennement hétéro ne peut rester de glace devant un tel spectacle.

Mais la pub, ça vit dans l’instant. Ça doit plaire immédiatement. C’est conçu pour frapper l’esprit avant qu’il puisse analyser, réfléchir. En fait, la pub supporte très mal l’analyse. La pub ne survit pas au long terme. Elle prend au dépourvu et donne tout pour convaincre. Mais si on résiste à ce premier assaut, la pub souvent s’effondre. La pub est un décor de cinéma, une façade en carton-pâte.

Ma petite dame Lafayette me plaît un peu moins cette année. À force de l’observer, j’ai commencé à la trouver bizarre. Un peu difforme. Quelque chose de beaucoup trop long dans ces jambes qui jadis me faisaient fantasmer. Pour vous qui voyez cette image pour la première fois, arrêtez-vous un moment aux jambes. Laissez votre première impression s’estomper. Continuez à regarder… Comparez avec le reste du corps… Est-ce que chez vous, comme chez moi, naît une impression d’étrangeté?

Plus je regardais cette pub dans le métro, plus je me disais que la petite dame avait les jambes trop longues. Alors j’ai mesuré. Je me suis basé sur le canon à 8 têtes, qui décrit les proportions moyennes et souhaitables pour un adulte. Voici une image :



En gros, ça dit que la longueur totale du corps adulte est égale à huit fois la longueur de la tête (du sommet du crâne au menton). Le milieu du corps, c’est le pubis. Donc, pour les jambes, il y a un total de quatre « têtes » : 2 pour le haut de la jambe, soit du pubis au bas de la rotule, et 2 pour le bas de la jambe, soit de la rotule à la plante du pied. (Plus d’information ici.)

Alors revoici la petite madame Lafayette, avec quelques chiffres, pour vous aider à voir :



Mes calculs sont approximatifs. Mais bon, la charmeuse semble avoir une proportion de 5.25 têtes pour la partie inférieure de son corps, au lieu des 4 habituelles. De plus, sa partie cuisse est 20% plus longue que sa partie tibia. Étonnant. Il y deux possibilité : ou bien cette mannequin est spécialisée dans le marché de la longue jambe suite à un problème de croissance; ou bien on a amplement utilisé Photoshop. Une amie qui évolue dans le domaine des magazines me disait récemment que « l’élongation » de la jambe est une retouche courante.

En fait, comme je l’avais appris en regardant le magnifique documentaire « How Art Made the World » de la BBC, l’habitude de la retouche n’est pas nouvelle. L’hypothèse portée par ce documentaire est qu’en art, l’ordinaire réaliste est ennuyant. Et que nous sommes naturellement portés à exagérer. Pour rendre les choses intéressantes. Dans nos contes, dans nos tableaux, au théâtre, en pub, nous exagérons. Allez absolument voir cet extrait du documentaire sur YouTube. C’est un peu long, et en anglais, mais ça vaut la peine. Vers la huitième minute, vous verrez comment les statues de la Grèce antique, supposément si réalistes et parfaites, sont en réalité des exagérations couvertes de retouches. Courbe du dos trop prononcée. Muscles impossibles dans la région iliaque. Profondeur incroyable du canal des vertèbres. Absence de coccyx. De toutes petites retouches.

Le documentaire mentionne aussi la Vénus de Willendorf, cette statuette sculptée il y a 25 000 ans, au paléolithique. Dans Wikipedia, on pourra aussi suivre le lien vers la Vénus de Lespugue, datée de la même période. Sur ces icônes, l’exagération est au niveau des seins, du sexe et des hanches. Je présume que la fécondité était très valorisée, il y a 25 000 ans, en plein pendant la période glaciaire dite « de Würm ». D’ailleurs, les Américains, avec leur préférence marquée pour les gros seins, semblent toujours coincés dans une certaine ère glaciaire. (Meeuuu nonnn Pamela! C’est juste une mauvaise blague!)



Le titre de ce texte est une question : pourquoi les jambes? Pourquoi, aujourd’hui, notre fascination se porte-elle sur ces membres? Pourquoi les chansons « Hot Legs » de Rod Stewart et « Legs » de ZZ Top, au lieu de « Hot Earlobes » ou « Armpits »? Pourquoi les talons-aiguilles? Tina Turner? Les bas de nylon? Le French Can Can? Moi j’aime bien toutes ces jambes. Je suis comme tous les autres mecs. Mais je me pose la question. Je me demande ce que diraient les archéologues de l’an 4000, s’ils redécouvraient les tunnels du métro parisien et leurs publicités. « C’était l’ère du voyage. De la communication. Multiplication des moyens de transport. Diminution des distances, contraction du temps. Les humains des années 2000 étaient fascinés par la vitesse. D’où cette obsession pour la jambe, le membre de la mobilité. » Ce n’est qu’une hypothèse délirante en attendant une meilleure explication.


jeudi 16 juillet 2009

Une colle, pour vous



Ça se passe il y a quelques mois. Je viens de sortir du RER. Entre le wagon et mon travail, je passe souvent chez MacDo pour attraper un café à l’américaine, c’est-à-dire très allongé. Un gars fait ce qu’il peut pour combattre la nostalgie. Et j’ai déjà parlé de ce que j’appelle « l’effet soupe » d’un grand café. Anyway.

En route vers MacDo, je passe devant la boutique Étam. C’est un détaillant français de lingerie. Un peu comme La Senza au Québec. C’est populaire, il y en a partout, ils doivent avoir un très gros budget publicitaire. Donc je passe devant la boutique, et dans le flou de ma vision périphérique je détecte à peu près ceci :



Disons que 90% des hommes sont génétiquement programmés pour répondre à ce type de stimuli. Ces mensurations, ces « proportions », sont burinées dans notre cerveau reptilien. Le réflexe est profond, primaire, et très clair. C’est du même niveau que « brocoli vs côtes levées BBQ ». Dans un duel honnête, les côtes levées l’emportent toujours. Nous sommes programmés pour détecter très rapidement le meilleur apport en énergie. Celui qui me dira « je préfère le brocoli » est un menteur. Il se ment à lui-même. À coup de slogans, de campagnes gouvernementales, de modes végétariennes, il a fini par s’auto-hypnotiser. Mais cinq jours sur une île déserte, sans manger, suffiraient amplement à rétablir l’ordre naturel des choses chez ce pauvre hurluberlu : il choisirait les côtes levées.

La silhouette d’une femme a un impact très puissant dans l’esprit d’un homme hétéro. Certaines croient à défaut que, devant une belle femme, l’homme se met à saliver comme un chien. Qu’il laisse aller son esprit aux pensées les plus lubriques. C’est faux. À tout le moins, ce n’est pas immédiatement vrai. Quand une femme traverse le regard d’un homme, et qu’elle lui plaît, le premier effet est un vide total. Toute pensée est effacée. Pendant quelques secondes, c’est le nirvana. Un état momentané de béatitude, dépourvu de toute réflexion consciente. On attrape parfois le regard d’un mec subjugué par une belle femme. Il a toujours l’air d’un grand con un peu attardé, sa bouche entrouverte esquissant un léger sourire idiot.

Parce que la vision d’une belle femme, dans les premières secondes, provoque un état de contentement similaire à celui donné par un coucher de soleil sur la mer, ou un paysage de montagne. C’est tout simplement « beau à couper le souffle », pour reprendre le cliché. Pendant deux secondes, le mâle perd conscience de sa propre existence. Il n’est plus que contemplation. C’est un peu plus tard que son existence le rattrape, peu importe la manière (bosse gênante dans le pantalon, coup d’œil fusillant de la copine attitrée, accident de voiture, etc.)

Donc je passe devant Étam, où on a tendu un piège à mon cerveau reptilien. C’est la vision périphérique qui sonne l’alarme. Je me retourne dans la milliseconde. Focus sur ceci :



Mon existence me rattrape avec un malaise. Un très gros malaise. D’un côté, il y a mon cerveau reptilien qui dit : « OH MY GODDD!!!! Thank you Jesus! Life is so fucking beautiful! ». Évidemment, mon cerveau reptilien ne parle pas anglais. En fait, son langage n’est pas sémantique, mais télépathique. Mais la télépathie s’écrit mal, alors il fallait bien que je lui donne une voix pour les besoins de ce texte.

De l’autre côté, il y a mon cerveau conscient qui dit : « Merde! Mais c’est ma nièce de 12 ans! » Dans ma tête flottent soudainement des concepts peu attrayants comme « traite des blanches », « pédophilie », « bordel à Bangkok ». Je n’aime pas. Mais pas du tout. Je suis même un peu en colère. Mais qui est cette fillette? Comment ose-t-on la faire poser ainsi? Pourquoi on me met ça sous les yeux? Pourquoi ça, et pas une femme clairement majeure?

La fillette en question, c’est Natalia Vodianova, une super-modèle d’origine russe. Elle a 27 ans. Elle est maman de trois enfants. Elle est mariée à un riche héritier britannique. Elle est engagée dans des œuvres philanthropiques. On l’a vue chez Gucci, Calvin Klein, Louis Vuitton, Versace, Chanel. La dame exploite son talent, son potentiel commercial. Elle a sa carrière en main, et des clients intéressés à ses services. En plus, son métier lui donne le temps d’élever une famille. Bien des femmes de carrière n’ont pas vraiment cette opportunité avant la trentaine. (Recherches gracieuseté de MissK, à qui j’avais parlé de la chose)

Donc, tout est légal. Tout est OK… Mais mon malaise reste. Voici d’autres photos des campagnes de pub Étam :







Et celles de Guerlain :





Natalia Vodianova a une gueule de fillette. À ses débuts, selon Wikipédia, on la surnommait « Baby-Romy », en raison de sa ressemblance avec Romy Schneider. On devine facilement la raison du préfixe « Baby ». Mais Vodianova peut aussi avoir l’air d’une femme un peu plus adulte. Elle peut faire au moins 23 ou 24 ans, au lieu de 14. Jeune adulte, au lieu de pubère. Bon, elle fait toujours jeune, mais disons qu'elle peut donner autre chose qu'un regard de "nymphette docile" :





Pourquoi ces choix photographiques pour les pubs? Pourquoi cette moue plutôt adolescente, ce regard mal-assuré? Pourquoi envoyer ce qui me semble une image non pas de « femme-enfant », mais plutôt « d’enfant-femme »? Moi, ça me perturbe. Plusieurs choix publicitaires des modistes français me perturbent. Comme en Amérique, on triche un peu. On adoucit les peaux. On allonge les jambes. Parfois, on joue la sexualité assez explicitement. Voici notamment une pub des Galeries Lafayette qu’on a placardée des toutes les stations de métro :



Mais il y a truc en France qui me dérange un peu. J’en vois plus souvent qu’en Amérique, de ces mannequins à la gueule d’enfants. Ça va, elles sont majeures. Mais Dieu qu’on les fait paraître jeunes. Et Dieu que ça me met mal à l’aise. Il me semble qu’on ne devrait pas faire ça. Peut-être que je suis trop vieux. Trop conservateur. D’un autre côté, je tiens à la liberté d’expression. Concept qui inclut la liberté d’apparence. Mais bon, disons que Natalia me permet de mesurer certaines de mes limites personnelles. Imaginez mon choc culturel lorsque j’irai au Japon…

C’est mon débat moral pour vous. Ma colle. N'oubliez pas: elle est majeure et maman...

mardi 7 juillet 2009

Logo de métal



On dit parfois de la Tour Eiffel qu’elle est la structure la plus reconnue au monde. Bon, je ne sais pas d’où viennent les données qui soutiennent une telle affirmation. Est-ce que la firme Calder & Smithfield de New York envoie annuellement aux peuples de monde un sondage intitulé « Nommez ces structures », avec une enveloppe de retour préaffranchie? Ou bien peut-être que les profs de géographie de la planète sont mandatés de transmettre des rapports secrets à l’ONU. Chose certaine, peu importe sa position au palmarès, la dame d’acier est effectivement très reconnue. Au cours de la dernière année, j’ai eu deux exemples témoignant de la force symbolique du monument.

Ma nièce, bientôt quatre ans. L’été dernier, pour son anniversaire, je vais sur Toys’r’us.com et je lui choisis quelques cadeaux. Comme je suis loin, je délègue à monsieur le facteur. Parmi les jouets, je prends un petit globe terrestre pour enfant, avec des reliefs et des bidules. « Elle apprendra les pays », que je me dis. Et ses parents pourront lui montrer où est oncle Paul.

Une gamine de 3 ans n’a aucune idée des distances. Elle ne connaît pas la géographie. Je doute même qu’elle possède des notions comme « pays », « océan », « capitale ». Pourtant, maintenant elle sait qu’oncle Paul est à Paris. Et que Paris est en France. Que la France est un pays. Et que la France est loin, loin, loin. Elle sait dans quelle direction se trouve la France. Quand elle voit passer un avion qui vole vers l’Europe, elle demande à ses parents s’il s’en va à Paris.

Sur son globe terrestre, la France est représentée par un petit triangle de plastique gris, en relief. Une petite Tour Eiffel jouet. Aucune réelle ressemblance avec l’originale. Les proportions sont perdues. Les angles arrondis. Mais ma nièce reconnaît le monument quand elle le voit à la télé. Elle dit que c’est Paris, et c’est là où vit oncle Paul.

Il y a aussi la petite fille de Marie-Julie, qui insistait pour voir la Tour Eiffel lors d’un récent passage dans la City of Lights. La petite Maya a maximum trois ans. Pensez-y deux minutes : à trois ans, on veut une sucette, on veut sa poupée, on veut jouer. À trois ans, le monde est petit. On se fout bien des monuments.

La Tour Eiffel, c’est le logo de Paris. C’est ça la force d’un logo. Il peut être compris par un enfant. Même déformé, même disproportionné, même coloré, il porte toujours son message. Pensez aux arches d’or de MacDo. Bon, je ne vous apprends rien. Mais quand même, il y a de quoi être impressionné quand on y pense. Même si elle est cul-cul, même si elle est cliché à l’extrême, il y a quand même dans la Tour Eiffel quelque chose d’assez fort, d’assez universel pour être compris par un enfant. Il n’y a pas beaucoup de monuments qui réussissent à entrer dans une tête de moins de cinq ans. Les pyramides? Le Taj Mahal? Peut-être. Mais malgré leur importance, je doute que la grande muraille ou Machu Pichu puissent autant frapper l’esprit d’un bébé. Il y a dans les lignes de Tour Eiffel quelque chose de très puissant, qui marque la mémoire. C’est fort quand même, non?

Je ne sais pas si on réalise à quel point ce genre monument est important pour une ville. Cette signature visuelle permet de rendre l’endroit unique au monde, désirable, prestigieux. Vancouver est une ville splendide. Et on y vit mieux qu’à Paris, je vous le garantis. Pourtant, en vue panoramique, vous ne sauriez probablement pas la reconnaître de Portland, Boston, ou Adélaïde. Toutes de magnifiques villes, mais laissées sans signature. Et sans sa tour, Paris aurait vaguement l’air de Lyon, ou de Budapest. Alors comme le disent les Américains, merci Gustave pour ce petit « je ne sais quoi ».


(Dans son ciel brumeux de décembre dernier, la dame arbore ses couleurs européennes)


jeudi 2 juillet 2009

Sandwich au homard




Aujourd'hui je ne serai pas long. Il fait trop chaud.

J'en ai déjà parlé : s'il y a un truc qui me manque beaucoup en France, c'est bien l'art du sandwich. On dirait que les Français méprisent un peu le sandwich. La "street food". Enfin, il ne traitent pas le pain à sa juste valeur. Bien qu'on l'invite à chaque repas, le magnifique pain des Français tient toujours un second rôle, en marge de l'assiette. Dans ses moments les plus glorieux, il nous sera servi en "pain perdu".

Pourtant, le pain peut servir d'écrin à des trésors fantastiques. La baguette française est une richesse mal exploitée. Il faut laisser aller son imagination. Amis Français, la "Guédille au homard", vous ne connaissez pas. Impossible. Ou bien vous êtes à moitié Québécois. De beaux gros morceaux de homard dans une mayo légère, parfois une goutte de crème, un peu de citron, de l'oignon vert ou de la ciboulette, ou même un peu de fenouil pour les plus aventureux. Je laisse Marie-Julie vous faire la démonstration du pur bonheur.