mardi 29 décembre 2009

De retour, once again



La présente est pour vous indiquer que je suis de retour à Paris.

Pour me remettre dans l'ambiance, y'avait une petite vieille hargneuse, qui poussait tout le monde dans l'avion, qui râlait, et qui insistait pour avoir le dernier mot avec les agents de bord. Devinez la nationalité.

Pour le reste, un vol ennuyant, sans pépin, routinier, comme on les aime. Moi j'ai peur en avion, alors j'aime mieux quand y'a aucune surprise. J'ai peur en avion parce que je fais de l'informatique. Encore plus depuis que j'en fais en France. Airbus, c'est français ça, non?

Source photo : wikipedia.


Ce soir, sur TF1, rediffusion d'un vieux truc avec Gérard Depardieu. Je suis vraiment en France... Bon, la télé est mauvaise partout sur la planète pendant la pause des Fêtes. C'est juste qu'au Québec, ça aurait été Yves Corbeil ou Claude Meunier.

Je commence à réfléchir à mes résolutions pour 2010. Je suis motivé. Après une sorte d'hibernation, j'ai le goût de relever des défis. Le premier, et il est beau, c'est de manger au moins 5 fruits et légumes par jour, sans tripler ma consommation de sauce. Pas facile en France.

Perdre un peu de poids. Retrouver quelques muscles. J'ai fait de l'escalade à Montréal avec les amis. Pitoyable. Je suis revenu à la case départ. Je pèse une tonne. Je n'ai plus aucune souplesse. Même mes horaires ont perdu de la flexibilité.

Je vais essayer le yoga dans l'appart. Avec un verre de rouge et une cloppe, devant les rediffusion de Depardieu. Francoyoga. "Inspirez... râlez... inspirez... râââlez..., c'est bien, on continue, inspirez..."

À ce qu'on m'a dit, Paris a eu froid pendant mon absence. Ça vous apprendra à vous priver de moi. En 2010, soyez gentil avec moi, ou bien je fous le camp pour toujours et la France vivra une ère glaciaire.

Je ne sais pas si j'aurai le temps de vous écrire un autre petit mot avant le 31. Alors j'aimerais vous souhaiter à tous, pour 2010, beaucoup de bonheur. De la joie. De l'argent, parce que c'est utile. Ou plutôt de la "prospérité", ça fait plus joli. De l'argent pour acheter des fleurs et des chocolats. Ou payer des tournées si vous êtes célibataire. Ou des séances de shopping, si vous êtes femme célibataire. (Quoique si vous êtes femme célibataire, je peux peut-être vous arranger ça. Laissez-moi un message.) Et puis à bien y penser, de l'argent pour des séances de shopping si vous êtes femme tout-court. Je vous souhaite aussi beaucoup de santé. Un excès de santé. Genre : une amélioration générale de votre condition physique et mentale. Et si vous alliez déjà bien en 2009, alors je vous souhaite d'aller encore mieux en 2010. Je vous souhaite l'amour, qu'il soit court ou long, dans la mesure où il est là souvent. Je vous souhaite que les gens vous trouvent charmant, que votre magnétisme soit animal, et que vous soyez la personne qu'on remarque dans une foule. Je vous souhaite de dénicher les meilleurs items pendant les soldes. Donc, bonne année 2010!

Bien à vous, cordialement.


dimanche 27 décembre 2009

Petit accès de chauvinisme


Source photo : wikipedia.


Au Championnat mondial de hockey junior, le Canada a rossé la Lettonie par le score de 16 à zéro.

La Lettonie n'a réussi que 10 lancers vers le but canadien. Donc, si le Canada avait été privé de gardien de but, nous aurions quand même gagné par le score de 16 à 10.

La Lettonie est au onzième rang mondial.
La France est au dix-huitième rang mondial...
Aucun espoir pour l'Hexagone.
Désolé.
Sur une surface glacée, on vous passe sur le corps.
Vous n'aurez même pas le temps de comprendre ce qui vous arrive.

vendredi 25 décembre 2009

Joyeux Noël

Je n'ai pas beaucoup le temps de vous écrire aujourd'hui. Je vis mon Noël en famille, ce qui implique suralimentation maternelle, excès liquides, faire le clown pour les nièces, etc. En somme, la fête.



Je vous souhaite tout de même un beau Noël, ou une belle fête si vous êtes d'une autre confession, ou à tout le moins un bon congé férié.

Je vous remercie, chacun, de votre passage ici.

Embrassez une personne que vous aimez. Si vous êtes trop loin, téléphonez. Et si ce n'est pas possible, dites à cette personne que vous l'aimez. À voix haute, en regardant le ciel. Osez. Ça vous fera du bien.

Joyeux Noël!

mardi 22 décembre 2009

Petits visages de Noël



La petite Victoria, dernière arrivée dans
la famille. Seulement six semaines et déjà
plus de cheveux que moi :





Mon copain pour picoler pendant le
temps des Fêtes :





Élizabeth, la plus pétulante de mes
petites nièces :





La foule des santons :





Catherine, ma nièce plus introspective :





Et un autre copain pour picoler... Joyeux Noël!




Montréal polychrome



C'est l'hiver à Montréal et la neige couvre tout. On risque
bientôt de se retrouver sous une immensité blanche
et déprimante.




Heureusement, la ville n'est pas sous le joug du baron
Haussmann, et les Montréalais peuvent résister par
la couleur.




Parfois, l'entente entre voisins n'est pas idéale, mais au
moins on arrive à casser la morne blancheur des syncopes
originales.




Tout contraste est bon, aussi criard soit-il.
Il faut abattre l'hiver.




Les goûts ne se discutent pas. L'important, c'est la vie.




Avec un peu de nonchalance, et l'aide des graffitistes, on
arrive à de jolis résultats.




Faut seulement avoir un mur, et la grandeur d'âme de
le céder à plus talentueux que soi.




Quand la peinture ne suffit pas, on appelle
l'ébéniste.




Parfois, y'a un message. Et probablement même une subvention...




Sinon y'aura toujours la brique rouge, qui aide un peu.
(Notez comment on trimbale les petits sur les trottoirs
enneigés : en traîneau.)




Bon, ça c'est Chez Jose. Un petit portugais. Excellente
omelette à la morue. Une petite pub du coeur.




J'habitais ici, coin Duluth et Hotel-de-Ville. Ce manga me
manque beaucoup.




Encore sur Duluth, en plein Plateau Mont-Royal. "Best
neighbourhood in Canada" selon plusieurs sondages.




Jaune soleil, jaune tibet. Achetez l'album "Jaune"
de Jean-Pierre Ferland. L'original est meilleur
que la version de Charlotte Gainsbourg.




Autre graffiti bassement commercial : celui de la rôtisserie
Coco-Rico. Des Portugais qui font le meilleur sandwich
au poulet en ville. Pain frais, piment de Cayenne, poulet
bien grillé, et un peu de mayo pour les francos. Bon, OK,
Romados fait aussi délicieux quelques rues plus haut.




À Montréal, il y a des arbres devant les maisons. On en
profite quand vient le temps des Fêtes.




Et puis souvent l'hiver est sympa. Il nous montre
un ciel bleu.




lundi 21 décembre 2009

Montréal monochrome



Parfois à Montréal, le ciel est gris et on a
la gueule de ce bonhomme de neige...




On est bien, au chaud, avec un latte géant,
et le journal de "mourial", avec en page
frontispice ce bon vieux Jacques Demers,
ancien coach du Canadien, et maintenant sénateur.




Dehors, c'est plutôt froid...




Les bicyclettes, surprises par l'arrivée subite de l'hiver,
servent de perchoir aux pigeons congelés.




Mais on prend son courage à trois mains, on s'habille,
et on sort sur Saint-Laurent.




On longe les façades. On m'a déjà dit qu'à Montréal, si
les escaliers sont à l'extérieur, c'est pour éviter d'avoir à
chauffer inutilement une pièce supplémentaire.




Bon, c'est pas Haussmann, mais c'est tout de même joli.




Petit détour par Duluth, avec ses sapins blancs.




Puis le parc Jeanne-Mance. Les enfants, jouant à
Vauban, se sont fait un fort pour une guerre de balles de
neige dans la gueule.




Des hauteurs, la ville semble comateuse.




On remonte jusqu'au Mont Royal. En principe, certains
chemins sont fermés. Mais tout le monde s'en fout.




La forêt dans la ville, c'est un cadeau. Avec ses petites
rigoles qui résistent encore au froid, et les arbres.
Comme si le bois de Vincennes était en plein coeur de
Paris.




Escalier fermé, mon cul. On y passe si souvent qu'il est
déneigé.




C'est seulement décembre et le coeur de la montage est
encore tiède. L'eau ruisselle jusqu'à la surface.




Un petit vieux qui fait du ski. Sous les arbres, la lumière
est déjà plus faible.




À travers les branches, on devine la ville.




Et on monte, tranquillement, jusqu'au chalet.




Du haut on voit bien la ville bleue-acier. C'est paisible.
Il n'y a que le craquement de la neige sous les pieds.




Puis on redescend, parce qu'en bas il y a la bière,
le smoked-meat et le café.




Jusqu'au centre-ville. Ça prend seulement 10 minutes,
si on est prêt à quelques raccourcis dans la neige.




Bouffe attaque



Je suis rentré au Canada pour le congé des Fêtes. Ces six derniers jours, je n’ai eu qu’une chose en tête. Toutes mes pauses-repas étaient planifiées comme un voyage organisé. Comme s’il s’agissait d’une conquête, ou plutôt d’un blitz, j’ai pris d’assaut la Gourmandie, attaquant non pas ses villes cossues, mais plutôt ses bourgs industriels et populaires, comme Smoked-Meat, Poutine, ou Bacon-and-Eggs. Je suis même passé par ces banlieues discrètes où se rassemblent les immigrants. Cette campagne triomphale s’est achevée hier soir, au plus profond du pays, avec une splendide assiette de dinde patates-pilées (pommes-purée pour les Français). Je vous présente ici mes plus beaux trophées.





La neige on s’en fout. Si on va à Montréal, c’est pour Schwartz. Derrière sa façade modeste, la petite charcuterie hébraïque grouille plus qu’une grande brasserie parisienne. Toujours pleine, elle livre même des commandes spéciales, par avion, partout en Amérique.



Toujours du monde chez Schwartz.


On va chez Schwartz pour ses fameux sandwichs au pastrami. Je déteste ce mot – pastrami. Pour moi, il est associé à cette viande salée et un peu raide. Chez Schwartz, on fait du Smoked-Meat. C’est tellement loin du pastrami que ça mérite un nom propre. Peut-être pas très esthétique comme sandwich, mais il suffit d’entendre les grommellements de satisfaction des clients pour comprendre qu’on a affaire à un délice. Chez Schwartz, on ne parle pas : on grogne de plaisir. Couchée dans son petit pain de seigle à la moutarde jaune, une superbe viande tendre et persillée de gras qui se défait amoureusement sur la langue. Il s’agit de bœuf fumé, bien poivré, et qu’on a fait reposer un moment, question de laisser les saveurs faire connaissance. Indescriptible. Et démocratique : environ cinq dollars pour un sandwich. Et si certains vous disent qu’on peut trouver semblable bonheur depuis quelques mois, près de la rue des Rosiers à Paris, ne les croyez pas. J’ai visité l’établissement en question, et malgré la gentillesse du service, on est à des années-lumière en matière de goût (et de prix). Désolé Paris, mais cette fois c’est pas toi la star.



Le sublime "medium on rye",
avec son gros cornichon à l'aneth.



L’autre star comestible au Québec, c’est la fameuse poutine. Ici, on parle de rock’n’roll. On parle de fin de nuit bien arrosée, de guitares électriques et de sub-woofers. La poutine est un truc qu’on engouffre pour se capitonner le foie pendant qu’on cuve sa bière. Ça fait appel à nos instincts les plus primaires : patates, gras et sel. Chaque nation a sa friture du noctambule enivré, que ce soit les fish and chips des Brits ou les churros des Madrilènes. Au Québec, c’est la poutine. De préférence avec une bonne bière locale, une vraie bière qui goûte quelque chose, mais ça les Français ne connaissent pas vraiment. Un peu de numérologie pour expliquer à mes amis de l’Hexagone. D’un chiffre au hasard, disons 1664, si tu prends 6 et 6 et 1+4+le con qui boit cette pisse diabolique, ça fait 666. C’est tout dire.



Des frites dorées, du fromage en grain,
la sauce brune : c'est la Poutine!
À l'arrière-plan la version "italienne",
avec sa sauce tomate. Comme quoi
toutes les perversions sont permises.



Tant qu’à mourir d’une attaque cardiaque, autant y mettre un peu de couleur avec les fameux cup-cakes. Ces mignons petits gâteaux ont été remis au goût du jour par les séries girlie comme Sex and the City. Ça fait déjà un moment, et la mode commence à s’essouffler du côté américain. Mais je voyais récemment que la maladie gourmande s’est propagée vers l’Europe, croisant au dessus de l’Atlantique la mode des macarons, en route vers le nouveau continent. Mêmes colorants, mêmes produits chimiques, même plaisir. Vive les échanges culturels.



En bonshommes de neige...



Le plateau Noël...



Et le traditionnel blanc au coconut, sur son comptoir
rétro, comme chez grand-maman.



Le roi du p’tit-dej montréalais, c’est le bagel. Vous en trouverez des imitations à Paris. Sortis de leur sac en plastique, ils se présentent sous la forme d’anneaux spongieux tout juste bon à récurer le fond de la douche. Pour l’expat canadien, ils peuvent servir de méthadone en attendant le prochain vol transatlantique. Pour le Parisien, habitué à de meilleures pâtes, autant s’en passer et attendre un voyage au Canada pour goûter l’original. Le bagel montréalais est roulé à la main, plongé dans l’eau, puis couvert des graines de sésame. On dirait que la petite saucette, en mouillant la surface, imperméabilise la pâte. Ainsi, pendant la cuisson au feu de bois, toute cette belle humidité restera à l’intérieur de l’anneau. La pâte ne lève pas vraiment. Ça donne un pain très dense mais moelleux, micro-alvéolé, et dont le parfum a des notes sucrées. Ce qui est bien, c’est qu’on les cuit 24 heures sur 24, et qu’ils sont toujours chauds au moment de l’achat. Moi j’aime mon bagel grillé avec du beurre et du miel. Mais c’est aussi délicieux avec du Nutella, ce qui fait que les Français l’adoptent rapidement. Et je parie qu’avec des rillettes, ce serait un hit.



Bagel-man à son four, et sa récolte du jour.



La demi-douzaine de bagels bien chauds, dans
son sac en papier kraft.



En parlant de p’tit-dej, il est nécessaire à l’occasion d’en prendre un vrai. Le genre de repas qui donne envie de retourner au lit pour un roupillon. Le fameux breakfast québécois est probablement d’origine anglaise. On y trouve souvent haricots blancs, patates rissolées, œufs au plat, bacon, jambon, saucisse. C’est une assiette copieuse pensée pour l’ouvrier, le fermier, le déménageur. Aujourd’hui, on a plus vraiment besoin de manger comme ça. Mais c’est tellement bon! Compromis : on le mange à 11h00 et il fait office de brunch.



Gargantuesque : patates rissolées, bagel, saucisse,
bacon, qui trônent sur deux oeufs au plat (tournés-crevés).



Multiculturalisme oblige, il est important d’aller faire un tour chez les immigrants. Notamment au resto Le Goût de l’Inde, sur Monkland, qui fait à mes yeux le meilleur indien à Montréal. Je n’avais malheureusement pas mon appareil-photo en main. Mais pour vous donner une petite idée, les cuistots de ce troquet vont toujours un petit peu plus loin que les indiens habituels. Tout passe par le détail, à commencer par cette petite macédoine d’oignons et de poivrons qu’on nous sert avec les papadums. Légumes ciselés à la main, coriandre fraîche, c’est soigné dès le départ. Le menu est traditionnel, mais tout le bonheur est dans les détails. Par exemple, dans le palak paneer, un plat d’épinard au fromage. Habituellement, on nous sert une purée d’épinard en boîte qu’on a allongée avec une sauce relevée. C’est pas mauvais, mais ça n’a rien à voir avec les épinards frais du Goût de l’Inde, qu’on nous cuisine sur demande.



Palak paneer, épinards au fromage (source photo ici).


Il fallait aussi que j’arrête à La Carreta, sur Saint-Zotique. Cette gargote salvadorienne nous sert de magnifiques pupusas avec leur petite sauce bien relevée au piment vert. J’en rêvais depuis des lunes. Les latino-américains sont sous-représentés à Paris, et je n’ai toujours pas trouvé mon repère andin dans la Ville Lumière. La pupusa, c’est une galette de maïs farcie de fromage, de poulet, de haricots, ou de chicharron (couenne de porc frite). On la couvre d’une salade de choux légèrement salée, et d’une bonne sauce tomate (la sauce au piment vert est en extra, il faut demander). À travers tout ça flotte l'arôme du citron vert. C’est un mets simple, populaire, roboratif, et savoureux.



Des pupusas, mais je mets plus de salade sur
les miennes. Et de la sauce pimentée.
(source photo ici)



Je finis dans mes terres, sur la Côte-Nord, avec une assiette typiquement américaine : la dinde de Noël. Bon, c’est pas encore Noël, mais pourquoi s’en priver. Cet oiseau à la réputation d’être un peu sec. Mais pas quand c’est maman qui le cuisine. Sa chair reste juteuse et dorée, aussi fondante qu’un confit de canard. Secret de ma mère. Elle nous le sert avec sa superbe purée de pommes de terre, soyeuse comme un nuage, et sa petite flaque de jus de cuisson. À côté, une purée carottes-navets bien beurrée, de la farce (un mélange de légumes qui a cuit dans l’oiseau), et la traditionnelle mini-tourtière, un meat-pie probablement british. Louanges à toi, ô mon Dieu.



Merci maman! Tu sais nous aimer...


Ah, j’oubliais! Les légumes… Bon, mauvais score cette semaine pour les végétaux. Sinon, cette salade à la crème fraîche toute conne mais si douce. Laitue, ciboulette, crème, sel et poivre. Ça change de l’habituelle attaque vinaigrée à la parisienne. Avec toute cette crème 35%, je ne sais plus trop si ça compte pour les diététistes. Mais bon, ça compte pour le bonheur.



Salade à la crème. Ça pourrait probablement se
faire avec des endives, aussi.