lundi 30 août 2010

La 3D du pauvre

Y'a un petit moment, la géniale Miss K m'a envoyé un lien vers des images GIF animées en 3D. Bon, c'est pas de la vraie 3D. Il s'agit de prendre deux photos d'un même sujet, avec une petite translation horizontale. Puis, on amène tout ça dans Photoshop (GIMP pour ma part), on ajuste, et on fait une animation qui alterne les deux images rapidement. Ça donne un effet de profondeur qui trompe notre cerveau.

Je voulais essayer, alors je suis allé me promener dans mon quartier. Voici donc une petite visite parisienne en 3D du pauvre. Enjoy !



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samedi 28 août 2010

Bibelots et babioles

Ce matin je sors de chez moi et je tombe sur ce souk :



Je les oublie toujours, ces puces itinérantes qui s'installent dans ma rue environ deux fois par année. Alors j'ai toujours la surprise. Sur cinq cents mètres, les gens déballent leurs vieux machins. Beaucoup de professionnels des puces, mais aussi des particuliers venus écouler leurs vieux bibelots, leur collection de disques, ou les vêtements qui ne font plus. C'est sympa. Ça met de la couleur.




On trouve n'importe quoi : souvenirs kitsch, meubles retapés, caisses en bois, cartes postales d'époque, grands miroirs, abat-jour, radios cassées, argenterie, croûtes naïves. Une collection d'insectes figés dans l'epoxy...



Des affiches de théâtre...



Le visage d'un aïeul...



Une impudique mal coiffée...



Un embouteillage...



La rue papote, rigole. Y'a que les joggeurs du samedi qui grognent, un peu freinés dans leur élan métronomique.

Pasta lingua

Les Français mangent des spaghettis, des macaronis, des raviolis. Au Québec, on mange mal. Alors on mange du spaghetti, du macaroni, des raviolis. Si on résume, les Français mangent toujours des pâtes. Tandis qu'au Québec, on mange parfois des pâtes et parfois de la pâte.


Source photo : wikipedia.


Il semble donc y avoir un seuil où une population cesse de désigner les unités pour plutôt désigner la masse. Et ce seuil semble varier selon les cultures. On pourrait dire que ce seuil est plus bas en France, c'est-à-dire que les Français définissent des unités plus petites que celles des Québécois.

Comme les Français disent du riz, on peut affirmer que leur seuil passage de la masse aux unités est franchi à un certain volume entre le grain de riz et le brin de spaghetti. Au Québec, ce seuil vient plus tard, entre le brin de macaroni et le raviolo (forme singulière).

Qu'en déduire ? Pas grand chose en fait. Même s'ils sont communistes, les Français sont aussi individualistes. Une prédominance de cette dernière tendance expliquerait pourquoi ils sont amenés à considérer de très petites entités comme détentrices d'une individualité. Cette hypothèse mérite peut-être réflexion.

Une autre déduction, plus probable, est que ce texte est complètement con parce que tout le monde dit des lentilles, même au Québec, et même si une lentille est plus petite qu'un macarono.

mardi 24 août 2010

Le français, c'est pas cool

Source photo : wikipedia.


J'en ai probablement déjà parlé, mais ça reste étonnant de voir à quel point l'anglais est considéré comme cool ici. Ça me fait toujours un choc, surtout que je viens d'une région un peu parano au niveau de la langue. Probablement avec raison. Réflexe de minorité.

Ici, pas besoin de faire un effort de recherche. C'est partout. De la sortie du métro jusqu'à chez moi + cinq minutes de télé, voici ce que j'ai récolté :
  • Western Union, yes!
  • Tati, my perfecto.
  • Ouverture du nouveau Toy Story Playland (Euro Disney).
  • Boutique de téléphones Phonéo.
  • Pub de Meetic Affinity (site de rencontres).
  • Pub de colle Uhu Strong and Safe.
  • Pub pour la nouvelle émission Master Chef.
  • Pub pour un Best Of de MacDo (ils ne disent pas trio, ils disent Best Of).
  • Pub pour le site RenaultShop.fr.
  • Pub pour les SFR Business Team (SFR est un opérateur de téléphonie).
  • Pub pour un nouveau crossover by Peugeot. Un crossover, c'est une voiture avec hayon.

En fait, c'est pas seulement l'anglais qui est cool. C'est aussi comme si le français était considéré comme uncool (ringard). Comme si la langue locale était ennuyante, pas assez jeune, pas assez hot. Alors que l'English, c'est hip. Ça sexifie les chose. C'est comme passer de Édouard Balladur à Brad Pitt.

Johnny Hallyday...
Coca light...
Daily Monop...

Ce qui est encore plus rigolo, c'est que la recherche « Anglicisaton de la France » sur Google nous sort une majorité de textes liés au Québec ! Un commentaire de Jean-François Lisée, analyste politique à tendance souverainiste. Liens vers des sites dont l'adresse se termine par qc.ca. Discours de Ségo lors d'un passage au Québec. Comme si les Français ne tenaient pas de débat sur la question. Signe d'insouciance, ou signe de confiance ? Sais pas.

samedi 21 août 2010

Tout plein de toutes sortes d'affaires

C'est l'été, c'est les vacances dans ma tête.


Paris

Donc, c'est l'été, c'est les vacances. C'est le moment où Paris est agréable. Ils sont partis, tous, sur l'autoroute pendant des heures, vers le soleil. Mais paraît qu'il fait mauvais au sud. Tant pis pour eux.

Ici, le bureau est vide et tranquille. Y'a pas de réunion. Pas de panique cheftaine pour des riens; leurs chefs sont en vacances aussi. On peut bosser. Le matin sur les trottoirs, l'air est bon, la lumière belle, et l'espace libre. Y'a moins d'autos, des sièges dans le métro. Les serveurs ont presque l'air heureux de nous voir arriver en terrasse. C'est comme si on avait mis du Prozac dans le château d'eau.


Nouvelles du front alimentaire

Deux jolies découvertes pour la bouffe. Premièrement, Krishna Bhavan, un resto dans le coin de La Chapelle, le quartier indien de Paris. C'est fait maison, c'est complètement végétarien, ça ne coûte pas cher. Pis c'est parfumé et relevé. Autrement dit, ça pique. Pour expliquer aux Français, c'est cette légère sensation de brûlure que vous redoutez tant. Bon, c'est pas le meilleur indien de toute ma vie, mais c'est le mieux que j'ai pu trouver à Paris. Les critiques sur le web sont bonnes, mais c'est le joli blog d'Ann Mah qui a fini par me convaincre. Coquet site avec plusieurs belle adresses. J'y reviendrai.

Côté sandwich, j'ai aussi trouvé mon bonheur. C'est chez Cosi, dans Saint-Germain des Prés. Je me méfie de ce secteur bobo, mais là, je dois avouer que c'est bien. Ils cuisent leurs propres focaccias, chaudes et croustillantes, qu'ils garnissent copieusement. Ils ont plusieurs versions végés, avec de bons légumes frais. Pour expliquer aux Français, un légume, c'est un végétal comestible. C'est délicieux à côté des patates et de la viande, un peu en retrait de la sauce, vous devriez essayer. Et encore une fois, les prix sont démocratiques. Pas de site web (à ma connaissance), mais voici une carte pour ceux que ça intéresse.


Hacker ex machina

Je lis des polars en ce moment. J'en avais assez des roman problos, des livres d'histoire, de l'anthropo, des recettes pour devenir riche en 6 jours ou moins. Les polars, certains sont sympas, et d'autres sont franchement moches.

Mais là, est-ce que quelqu'un pourrait dire aux auteurs d'arrêter un peu avec leurs hackers ? Sur mes six dernières lectures, quatre comptaient un hacker un peu gothic, introverti, qui dépanne notre héros en lui fournissant des éléments d'enquête importants. Juste après le gros cul-de-sac investigatif, vers la moitié du bouquin, y'a l'inspecteur qui se souvient d'un cousin de la fesse gauche, un hacker avec des piercings et un appart pas propre. Et comme ça, automagiquement, le boutonneux réussit à entrer dans le Palm Pilot du beau-frère du pdg du KGB afin de relever des adresses douteuses et des transferts de fonds vers des comptes aux Bahamas. PLEAAAAASE!


Pognage de mains

Vous êtes Américain et vous croyez qu'une poignée de main vaut un contrat ? C'est pas vrai en France. Y'a qu'à voir comment elles sont distribuées gratuitement au bureau le matin.

Chaque jour, y'a une cohorte de Français qui viennent me serrer la main. Ils se succèdent pendant 20 minutes, vers dix heures. Impossible de faire quoi que ce soit d'autre que serrer des putain de mains.


Source photo : wikipedia.


Les collègues, ça va. Une manière comme une autre de se saluer. Tradition locale. Non, ceux qui m'énervent, ce sont les parfaits inconnus qui font le tour de l'étage au complet. Je les vois arriver avec leur petit air dubitatif, leur gueules incertaines de cleptomanes pris sur le fait. On sent qu'ils ont peur d'être démasqués : « Oui ! Je l'avoue ! Je suis du bois mort. Je ne fous rien de la journée. On m'a confié une mission inutile. Personne ne sait qui est mon chef. Je suis un oublié du système. Et je m'emmerde. Tout ce que j'ai trouvé à faire de mon avant-midi, c'est de serrer des mains jusqu'à 10h30. Ensuite je vais traîner au café pendant 30 minutes. Et après je prétexte une réunion pour m'éclipser. Ou je lis le site web du Figaro. Je ne peux pas démissionner : ça tuerait ma carrière ! J'ai des enfants à nourrir ! Aidez-moi ! »

Un jour je vais sauter une coche : « T'es qui toi ? Pourquoi tu veux me serrer la main ? Tu ne me connais même pas ! Tu me serres la main à tous les putain de matins et tu ne sais même pas mon nom ! Tu sers la main de la caissière du Tabac quand t'achètes tes cloppes ? Et le conducteur du RER ? Tu veux battre le record d'Obama ? Merde, une chance qu'il y a des murs, sinon tu serrerais des mains jusqu'à Cergy et faudrait lancer un avis de recherche pour te retrouver ! »


Accordéon

Brel le dit si bien dans Vesoul :

J'irai pas à Paris
D'ailleurs j`ai horreur
De tous les flons flons
De la valse musette
Et de l`accordéon

Y'a pas un Bureau de Contrôle de la Faune Accordéoniste (BCFA) à Paris ? Il y a tellement de joueurs d'accordéon dans cette ville, j'ai l'impression qu'une campagne de stérilisation serait nécessaire.

Pas moyen de faire un appel sur son portable dans le métro. Dès que tu commences à faire le numéro, ça démarre : « Naaaaaan, rien de rieeeeeen. Naaaaaaaan, je ne regrette rieeeen. » C'est ça, ou une version massacrée de Girl from Ipanema. Tu bouffes dans un resto pakistanais, pénard, et le voilà qui arrive avec son soufflet tornitruant pour te faire un tango infernal avec son sourire de celeri fané. Parfois, ils débarquent à trois, comme un commando de la mort. Ceux-là, ils t'envoient ton tympa saignant par la poste avec une demande de rançon : « 50 centimes, ou nous exécutons l'autre avec notre interprétation cataclysmique de Nouillorque, Nouillorque ! »





P.S. - Vous remarquerez le petit ménagement des sensibilités dans la vidéo : Le voyage est fini au lieu du J'irai pas à Paris de l'original. Ed Sullivan, sors de ce corps.

dimanche 8 août 2010

Manipulation

Si j'ai un défaut dans la vie, c'est de terminer la majorité des livres que je commence. Même les mauvais. Je me suis repris à trois fois pour terminer l'horrible Dernier des Mohicans de James Fenimore Cooper. Ma plus difficile épopée à vie.

Si j'ai tant détesté cette brique, c'est qu'elle est shootée aux coïncidences. Des Indiens qui sortent de nulle part, la cavalerie qui débarque au bon moment, etc. Mark Twain a d'ailleurs écrit un savoureux papier sur les affronts littéraires de l'auteur de Deerslayer.

Il y a un terme qu'on m'a appris en littérature anglaise : plot manipulation. Prononcez plotte manipiouléshonne (eh oui, je vous entends penser au mauvais jeu de mot). C'est quand un auteur manipule son récit, trompe son lecteur en le guidant dans une mauvaise direction, à coup de sous-entendus, de petites remarques. Ou lui cache des informations qui normalement seraient apparues plus tôt dans un récit naturel. Tout ça dans le but de forcer une chute inattendue.

Les mauvais polars sont remplis de ce genre de stratagèmes. Les films de série B aussi. On peut pardonner à Fenimore Cooper; il est d'une autre époque et ses conditions de publication forçaient l'aventure à rebondissements. On peut excuser Asimov aussi, pour les mêmes raisons.


Source photo : wikipedia.


Mais je n'ai pu pardonner à Régis Jauffret et son Microfictions. Je l'ai lâché autour de la centième page. L'écrivain nous jette un pavé de diapositives sordides sur le genre humain. Cruauté, folie, abus. La presse dit : « Un déluge torrentiel de ces vices, pulsions, tabous et petits fascismes ordinaires que la société s'emploie à refouler et qui grouillent derrière les vitrines et les façades. »

Ce que je n'ai pu pardonner, ce n'est pas le sujet. Je peux comprendre qu'un auteur souhaite donner libre cours à son désabus, sa frustration, ou son sadisme. C'est plutôt la manière franchement moche et manipulatrice de le faire. La paresse de scénarisation, la recette grossière, menteuse, répétée d'histoire en histoire. Après la quatrième vignette, le style de Jauffret devient prévisible. Aussi lourd qu'un ivrogne amer qui radote.

La paresse aussi dans le recours aux clichés de l'infâmie. J'ai lâché le bouquin après l'historiette de ce grand-papa gâteau et de sa petite fille. Dès les premières lignes, j'ai su que ça allait finir sur un truc incestueux. La tentative de dissimulation était trop évidente, le récit trop fabriqué. Et j'avais raison.

Vous me direz que toute histoire est une invention, donc une manipulation. Le talent réside dans le fait de donner crédibilité à cette illusion. Même s'il trouve sa source dans la « vraie vie », le distillat d'existences crades qu'est Microfictions devient un mensonge, par ce soin qu'a l'auteur d'assassiner toute beauté après l'avoir soigneusement construite. Un mensonge aussi par la diversité exagérée de ses anecdotes. Forcer ensemble toutes ces histoires et leurs chutes violentes, c'est aussi forcer le noir au delà de sa densité réelle. Si le livre de Jauffret devait être compris comme une blague dans le style noir, cette blague dure trop longtemps. Son effet finit par ennuyer, comme la vingt-septième flatulence sonore d'un pilier de bar.

Le bouquin a jauni dans ma bibliothèque pendant plusieur mois. N'éprouvant aucun désir d'y retourner, j'ai fini par le mettre au recyclage. Pourquoi vous en parler maintenant ? Parce que récemment, une petite fille me l'a remis à l'esprit.

Je passais près d'un cimetière, en rentrant du boulot. Il faisait chaud. Derrière moi, j'ai entendu une fillette et son pépé qui discutaient. Ils étaient à vélo et roulaient pas trop vite. Au moment où elle me dépassait, la gamine a eu cette réflexion : « On est bien dans notre tombe; on est au frais. » Derrière, le vieux n'a rien répondu. Lorsqu'il m'a dépassé à son tour, j'ai vu qu'il regardait le cimetière.

Tout était là pour une vraie microfiction. Il manquait juste un écrivain. Paradoxalement, il n'était pas nécessaire d'en dire plus.


P.S. - s'il vous prend une envie de noirceur, lisez plutôt Carne de perro, de Pedro Juan Gutiérrez.

dimanche 1 août 2010

Tour de Paris

Y'a une semaine, j'ai vu l'arrivée du Tour de France, rue Rivoli. Cette semaine, c'est moi la star. À défaut de temps, je me contenterai d'un tour de Paris. Et à défaut d'EPO, je prendrai de la bière.

Départ en bas de chez moi, j'enfourche un Vélib, direction Paris 19 pour le Bassin de la Villette. En passant devant le Père Lachaise, je salue les grands morts. Puis c'est Belleville, métissé, cahotique. Asie, Afrique téléportées dans un quartier du nord. Tout le monde fait son hypermarché. Le marché proprement dit, c'était plus tôt dans la matinée. Feuilles de laitue flétries et cartons jonchent encore le sol. Faut faire son chemin entre les petites familles, les voitures garées illégalement, les gens qui dévorent des gâteaux à la semoule.

Première pause à la Villette. C'est Paris-Plage. Sur le bord de la Seine, ça m'a toujours paru un peu con. Mais à la Villette, j'avoue que c'est sympa. Moins de voitures, plus d'espace, plus d'enfants qui crient / chiâlent / jouent à la pétanque / se foutent de la glace partout dans le visage. Les femmes ont la toile légère; les hommes ont l'oeil avisé. La fesse parisienne est plus pâle que la niçoise, mais ça fait quand même plaisir.

Avant de repartir, je passe à pied dans le quadrilatère indo-bengalo-pakistanais, près de la station La Chapelle. C'est noir de monde, ça klaxonne, et les petits caïds roulent sur le trottoir, à deux sur leurs mobylettes. Y'a aussi les Hell's Angels parigos qui ont leur repaire dans le coin. Moi j'y vais pour faire le plein de conserves. Undhu, Chana Masala, Palak Paneer, avec du riz Basmati ça dépanne toujours quand on n'a pas le goût de cuisiner. Je suis le seul blanc dans le magasin. La caissière me demande avec un drôle d'air: « Vous ne trouvez pas ça trop épicé ? » Je lui explique que je ne suis pas Français, et que j'aime manger autre chose que de la crème fraîche. Je comprends les Basques, avec leur piment d'Espelette. Ils ont raison de vouloir faire sécession, gastronomiquement du moins. La caissière rigole. Elle me suggère un resto du coin qui saura me réveiller les papilles.

En direction de Barbès, à la recherche d'une monture fraîche. Sous le métro aérien, les pouilleux dorment sur des cartons pisseux. Ils ont la plante des pieds noire. Les pigeons leur chient dessus. Je trouve un vélo et je traverse Barbès, sa cohue et ses vendeurs à la sauvette. Ensuite je fonce vers Pigalle et ses touristes. Sexe, peep shows, XXX, les néons en plein jour. J'envoie la main à Dalida devant le cimetière Montmarte.

Après la Place de Clichy, c'est relax. Plus loin c'est le dix-septième. C'est un peu plus snob, y'a des boutiques de chandeliers, des chaussures anglaises, et des façades fraîchement ravalées. Les avenues sont plus larges, ce qui, semble-t-il, autorise les propriétaire de Mercedes à stationner en double. Je change de vélo et je continue.


Source photo : wikipedia.


Je traverse Porte Maillot comme un poil dans la soupe routière, et je longe le Bois de Boulogne. Il est tôt, mais une dame, à en juger par son accoutrement criard et vulgairement révélateur, semble préparer sa soirée. Elle râle après un mec qui sort des machins d'un vieille bagnole. Je ne savais pas que les putes avaient des assistants.

Je fais l'erreur de couper par le seizième. Comme tout quartier de riche, il est conçu pour limiter la circulation et assurer la tranquilité de ses résidents. À plusieurs moments, je me vois forcé de rouler en infraction. C'est un véritable scandale; que dis-je, une ignominie ! Mais j'ai soif, alors pas de temps à perdre avec les sens uniques. Et non plus avec les vieilles de chez Dior qui rampent derrière leur marchette en traînant des caniches trisomiques.

Je me pose dans un café pas loin de la Seine. Le serveur est sympa. Merde, je n'ai pas mon appareil photo. Personne ne me croira: « Un serveur parisien qui sourit, non mais tu te payes ma tête ! » Il est probablement étranger et on ne l'a pas averti. Devant moi, l'inexplicable rotonde de Radio France Internationale. Avec ça, les Halles, et la Bibliothèque François Mitterand, je comprends les Parisiens de craindre l'architecture contemporaine. Je descends mon demi et je repars.

Pont du Garigliano et la cabine téléphonique de Frank Gehry. Je traverse le quinzième en coursant le tramway. Après Porte de Versailles, surprise, il y a une côte. Une longue, une vraie. J'ai peine à rester sur la petite troisième vitesse de mon vélib. Mais je donne tout. C'est mon col à moi. Couic-couic-couic, j'avance avec ma bécane d'une demi-tonne qui frotte de partout. Je dépasse les roller-blades, je fais peur aux piétons, je crois avoir vu mon nom en grosses lettres blanches sur le bitume. Porte d'Orléans, j'ai encore soif.

À ma droite sur la terrasse, deux Italiennes aux yeux cochons se font draguer. À ma gauche, un p'tit-vieux prend son pied en regardant passer les jupes courtes. Je l'imite le temps d'une Grimbergen. Tout fier d'avoir trouvé un compère de chasse, il me fait des clins d'oeil dès qu'approche un beau galbe. J'achète des cloppes et je repars à pied.

Le Parc Montsouris est splendide. On dirait presque le Parc Lafontaine, à Montréal. Y'a des filles sur l'herbe et des vieux Maghrébins qui discutent à l'ombre. Je fais une petite pause devant deux gigantesques cèdres. On dirait que ce bout de Paris a décidé de prendre son temps. Et ça me coupe l'envie de rouler vite. Je rentrerai à métro.

(Le parcours est ici, pour ceux que ça pourrait intéresser.)