lundi 13 février 2012

L'Art pour l'Art

Le Nouvel Obs vient de me faire découvrir mon nouveau héros artistique. Il s'appelle Mark Roberts, il est Britannique, et sa principale oeuvre est de se foutre à poil pendant les événements sportifs (on appelle ça le streaking). Il en a fait la mission de sa vie sur terre. Si vous ne lisez qu'un truc aujourd'hui, lisez le papier du Nouvel Obs (mais revenez ici après).


Le streaking, sur wikipedia.


Dans un monde où Damien Hirst fait des millions avec des animaux découpés, des répétitions de cercles colorés, et des éclaboussures rotatives (selon moi copiées d'un kit créatif Parker Brothers de mon enfance), je trouve que Mark Roberts a aussi droit à sa place au panthéon des Arts. Si Hirst est consacré par le scandale facile d'un crâne humain serti de pierres précieuses, ou a droit aux acclamations pour un mur de pillules sensé nous renvoyer subtilement à notre dépendance au bonheur, alors j'estime que Roberts et son zizi méritent leur couverture sur Beaux Arts Magazine.


LSD par Damien Hirst, sur wikipedia.


Quoi, élever le nudisme alcoolisé au rang d'art ? Absolument. Individuellement, les simples pastilles colorées de Hirst n'ont rien de plus intéressant qu'un sous-bock. C'est leur accumulation et leur répétition sur des surfaces gigantesques qui tout à coup leur confèrent une nouvelle dimension, une voix et une signification.

On peut dire la même chose de Roberts. Avec la multiplication des apparitions, il construit une oeuvre qui sort du cadre, qui souligne par l'absurde le formalisme de nos rituels. Un sorte de lame joyeuse qui vient tirer un trait sur la toile éculée d'un match de foot. Un geste qui, par son ridicule, se place à la même hauteur que les bulletins météos dont nous sommes gavés. Un acte de rébellion humoristique contre l'asservissement de la rectitude médiatique. Un nudisme spontané et dénué d'autopromotion, qui marque le rejet du vedettariat et de ses artifices.

Damien Hirst est l'incarnation artistique du bling-bling, du consommer-jeter, et du logo géant produit en masse dans des usines chinoises. Je suis loin de rejeter sa démarche ; au contraire je crois qu'elle offre un regard pertinent sur notre époque.

S'il reprend essentiellement les même techniques que Hirst (facilité et répétition), Roberts travaille en solo, loin des officines affairistes du marché de l'art contemporain. Il a choisi de planter son style dans une approche artisanale. Ce qui fait son originalité. Roberts est le pendant Art Naïf de Hirst. Une sorte de Douanier Rousseau du scandale.

2 commentaires:

francis frog a dit…

ce billet est extrêmement pertinent.

je vous signale à toutes fins utiles qu'il semble impossible de laisser un commentaire à défaut de compte google, ou bien encore d'openID.

épuisé par ces démarches, je n'ai plus trouvé la force d'en dire plus.

Mon nom est Paul a dit…

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