mardi 24 août 2010

Le français, c'est pas cool

Source photo : wikipedia.


J'en ai probablement déjà parlé, mais ça reste étonnant de voir à quel point l'anglais est considéré comme cool ici. Ça me fait toujours un choc, surtout que je viens d'une région un peu parano au niveau de la langue. Probablement avec raison. Réflexe de minorité.

Ici, pas besoin de faire un effort de recherche. C'est partout. De la sortie du métro jusqu'à chez moi + cinq minutes de télé, voici ce que j'ai récolté :
  • Western Union, yes!
  • Tati, my perfecto.
  • Ouverture du nouveau Toy Story Playland (Euro Disney).
  • Boutique de téléphones Phonéo.
  • Pub de Meetic Affinity (site de rencontres).
  • Pub de colle Uhu Strong and Safe.
  • Pub pour la nouvelle émission Master Chef.
  • Pub pour un Best Of de MacDo (ils ne disent pas trio, ils disent Best Of).
  • Pub pour le site RenaultShop.fr.
  • Pub pour les SFR Business Team (SFR est un opérateur de téléphonie).
  • Pub pour un nouveau crossover by Peugeot. Un crossover, c'est une voiture avec hayon.

En fait, c'est pas seulement l'anglais qui est cool. C'est aussi comme si le français était considéré comme uncool (ringard). Comme si la langue locale était ennuyante, pas assez jeune, pas assez hot. Alors que l'English, c'est hip. Ça sexifie les chose. C'est comme passer de Édouard Balladur à Brad Pitt.

Johnny Hallyday...
Coca light...
Daily Monop...

Ce qui est encore plus rigolo, c'est que la recherche « Anglicisaton de la France » sur Google nous sort une majorité de textes liés au Québec ! Un commentaire de Jean-François Lisée, analyste politique à tendance souverainiste. Liens vers des sites dont l'adresse se termine par qc.ca. Discours de Ségo lors d'un passage au Québec. Comme si les Français ne tenaient pas de débat sur la question. Signe d'insouciance, ou signe de confiance ? Sais pas.

4 commentaires:

Unknown a dit…

Un peu des deux je pense! Pour être une québécoise qui habite a Paris, moi aussi je suis un peu choqué par l'omniprésence de l'anglais partout. Il n'ont pas l'impression que l'anglais est menaçant, ni que le français est en danger. Ils sont entourés gens qui parlent l'allemand, l'espagnol, l'italien... et l'anglais. Alors qu'au Québec, la menace vient de partout!

Et puis on réfléchit tellement à notre relation au français, parce que pour nous c'est une question de survie, pour eux non. Au Québec, j'avais le réflexe (de colonisé!) de parler en anglais aux nouveaux immigrants qui parlaient difficilement français. Quand j'ai fait la même chose à Paris, ben... j'ai compris vite que ca donnait pas grand chose, et que j'étais mieux de continuer en français!

Anonyme a dit…

C'est rigolo. Parce que même s'il y a de l'anglais partout comme tu le soulignes si bien, la majorité des Français avec qui j'ai jasé au cours de l'année que je viens de passer à Paris n'osent PAS parler anglais.

Pourtant, je ne sais pas si tu l'as déjà écrit (mais je sais que nous en avons déjà parlé ensemble): ils ont beaucoup de vocabulaire. Plus que nous! Mais on dirait qu'ils n'osent pas mettre ces connaissances en pratique à cause de leur accent (comme nous l'avait confié un ami à moi, un certain soir...). Bref, je me demande comment ça se passe quand ils voient ces pubs...? Est-ce que parce que les expressions anglaises y sont associées à une campagne publicitaire française, ils ont alors un passeport pour la prononciation à leur façon (qui, bien souvent, n'est pas pire que la mienne soit dit en passant)? Ou ils se pratiquent silencieusement? ;)

Sais pas. Mystère pour le moment. Je vais y réfléchir aussi ;-)

Cela dit, comme le souligne Melissa, insouciance et confiance peuvent très bien aller de pair à mon avis.

Naya4 a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Naya4 a dit…

De plus, les étudiants français, du moins à Aix-en-Provence (mon patelin d'adoption et d'études) ont la fâcheuse tendance à inverser ce que l'on qualifierait de "logique" lorsque vient l'épineuse question de la langue. Par exemple, dans un cours où l'on devait trouver un nom pour une compagnie de coursiers à vélo à Paris (le "Paris, France" est important dans cette phrase). 4 noms sur 5 étaient anglais. Et lorsque, dans un autre cours, on nous demandait de trouver des noms pour un fabriquant de kilts (oui, oui, de Kilts... en design graphique, les clients sont diversifiés), c'était le contraire: 4 noms sur 5 étaient en français! Heureusement qu'une amie a été assez rapide pour faire en sorte que la table et mon front ne fasse plus ample connaissance.

Mais sur une note plus joyeuse, si on traverse la Manche (mais pas à la nage pour les non-initiés comme moi parce que c'est long, c'est fatiguant et, accessoirement, c'est froid et mouillé) pour se retrouver à Londres, on s'aperçoit que la francisation de l'Angleterre est entre de bonnes mains. C'est un peu rassérénant, en fait. Comme quoi, c'est donnant-donnant. Sauf que c'est déroutant aussi, parler français pendant le quart de son séjour en terre britannique. Comme quoi, même si le français n'est plus la langue officielle de l'Angleterre depuis la fin du 16e siècle, elle résiste encore et toujours.