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Le terme « Renaissance » a pas mal été galvaudé. Mais faut vraiment aller à Florence pour prendre la pleine mesure de ce qui a été une véritable révolution artistique. Un saut quantique.
Pendant les 500 années qui précèdent la Renaissance, on peint comme ceci :
Et on sculpte comme ceci :
Et puis, en l'espace de 50 ans, les proportions aléatoires et les aplats du Moyen Âge sont remplacés par un réalisme parfait et le respect de la perspective. En quelques décennies, on arrive à ceci :
(Détail du portrait d'Éléonor de Tolède, par Angelo Bronzino. C'est ma photo d'un poster publicitaire, parce que les photos étaient interdites au Palazzo Strozzi. Vous verrez mieux l'oeuvre ici. Et ceci mérite un coup d'oeil.)
Et c'est la même chose en sculpture :
Pour bien vous faire sentir la chose, je dirais que la Renaissance a été aussi révolutionnaire que l'avènement du drop-shadow dans Photoshop, vers 1995, qui soudainement faisait paraître comme archaïques toutes les réclames publicitaires de la décennie précédente. Un déferlement de chefs d'oeuvre, comme en font foi ces tableaux de Botticelli, Lippi, Piero di Cosimo, Lorenzo di Credi, Pietro Perugino, et Ghirlandaio.
Ce qui impressionne aussi de la Renaissance, c'est la soudaine compréhension, la maîtrise totale de ce que j'appellerais les justes proportions. Considérez le Neptune de la Piazza della Signoria, par Bartolomeo Ammanati :
Remarquez cette précision, ce souci du détail, et surtout l'exactitude parfaite des dimensions naturelles :
(En passant, si vous aimez ce genre de choc, faut visiter la Basilica di santo spirito. Vous y verez cette oeuvre de Michel-Ange. Je dois vous avouer que j'ai ressenti un certain malaise à contempler le p'tit machin du P'tit Jésus.)
En fait, au bout d'un moment à Florence, on réalise que soudainement tout s'accomplit en quelques années. Et qu'après la Renaissance recommence une sorte de stagnation. Un lent chemin vers l'ultime précision, qui ironiquement arrive à peu près en même temps que la photographie, vers le milieu du 19e. La révolution argentique déclasse les peintres. Ils n'ont même pas le temps de se glorifier un peu de leur maîtrise si chèrement acquise, qu'ils doivent déjà réinventer leur art. Avec ceci. Puis ceci. Puis plus tard, ceci et ceci.
P.S. - En me relisant, je réalise que j'ai surtout affiché dans ce billet des gourmandises pour Madame. Mais sachez que Florence plaira aussi à Monsieur :
8 commentaires:
Ça donne le goût d'enlever une Sabine!
Merci pour ce court d'histoire de l'art illustré en accéléré! Ma matière favorite... I wish I was there :-)
Pour en revenir au «p'tit machin du P'tit Jésus», c'est un cas d'hérédité inhabituel : quand ta mère a été fertilisée sans pénétration, ton organe ne te sert plus à te reproduire, mais à changer l'eau en vin (d'Alsace)...
***Pour ce «cours court» voulais-je dire :-)
@Olivier : j'avoue que quand j'ai vu le truc sans le petit pagne habituel, j'étais mal à l'aise. Michel-Ange aurait pu au moins sculpter un cache-sexe. Je suis d'une autre génération, faut croire.
@MissK : méchant lapsuce! (Quelle joke poche...) T'aurais pas aimé ça parce qu'il pleuvait tout le temps, et il faisait froid. Les statues avaient le nez qui coulait. Pas juste le nez.
Je suis contre ce que vous affirmez sur la Renaissance. Cela ne s'est pas fait en 50 ans, loin de là et les exemples que vous prenez (art roman catalan) sont mauvais. Il faudra un peu revoir votre copie me semble-t-il. Désolé de vous contredire.
Un ami historien qui vous veut du bien.
Olivier
@Olivier Brandily : vous n'avez pas fini de me trouver con. J'ai un humour particulier, semble-t-il. Je ne suis pas historien, alors ça serait trop long pour moi d'acquérir toute la connaissance qui me permettrait de bien revoir ma copie.
Pourquoi vous ne mettriez pas un lien vers votre propre présentation du sujet ? Comme ça, les visiteurs auraient la vision "touriste" et la vision "experte". Deux têtes valent mieux qu'une, non ? Je vous promets de coller votre lien dans le billet lorsque vous me l'enverrai. Merci de votre visite.
"enverrez"... édivemment.
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