mardi 7 juillet 2009

Logo de métal



On dit parfois de la Tour Eiffel qu’elle est la structure la plus reconnue au monde. Bon, je ne sais pas d’où viennent les données qui soutiennent une telle affirmation. Est-ce que la firme Calder & Smithfield de New York envoie annuellement aux peuples de monde un sondage intitulé « Nommez ces structures », avec une enveloppe de retour préaffranchie? Ou bien peut-être que les profs de géographie de la planète sont mandatés de transmettre des rapports secrets à l’ONU. Chose certaine, peu importe sa position au palmarès, la dame d’acier est effectivement très reconnue. Au cours de la dernière année, j’ai eu deux exemples témoignant de la force symbolique du monument.

Ma nièce, bientôt quatre ans. L’été dernier, pour son anniversaire, je vais sur Toys’r’us.com et je lui choisis quelques cadeaux. Comme je suis loin, je délègue à monsieur le facteur. Parmi les jouets, je prends un petit globe terrestre pour enfant, avec des reliefs et des bidules. « Elle apprendra les pays », que je me dis. Et ses parents pourront lui montrer où est oncle Paul.

Une gamine de 3 ans n’a aucune idée des distances. Elle ne connaît pas la géographie. Je doute même qu’elle possède des notions comme « pays », « océan », « capitale ». Pourtant, maintenant elle sait qu’oncle Paul est à Paris. Et que Paris est en France. Que la France est un pays. Et que la France est loin, loin, loin. Elle sait dans quelle direction se trouve la France. Quand elle voit passer un avion qui vole vers l’Europe, elle demande à ses parents s’il s’en va à Paris.

Sur son globe terrestre, la France est représentée par un petit triangle de plastique gris, en relief. Une petite Tour Eiffel jouet. Aucune réelle ressemblance avec l’originale. Les proportions sont perdues. Les angles arrondis. Mais ma nièce reconnaît le monument quand elle le voit à la télé. Elle dit que c’est Paris, et c’est là où vit oncle Paul.

Il y a aussi la petite fille de Marie-Julie, qui insistait pour voir la Tour Eiffel lors d’un récent passage dans la City of Lights. La petite Maya a maximum trois ans. Pensez-y deux minutes : à trois ans, on veut une sucette, on veut sa poupée, on veut jouer. À trois ans, le monde est petit. On se fout bien des monuments.

La Tour Eiffel, c’est le logo de Paris. C’est ça la force d’un logo. Il peut être compris par un enfant. Même déformé, même disproportionné, même coloré, il porte toujours son message. Pensez aux arches d’or de MacDo. Bon, je ne vous apprends rien. Mais quand même, il y a de quoi être impressionné quand on y pense. Même si elle est cul-cul, même si elle est cliché à l’extrême, il y a quand même dans la Tour Eiffel quelque chose d’assez fort, d’assez universel pour être compris par un enfant. Il n’y a pas beaucoup de monuments qui réussissent à entrer dans une tête de moins de cinq ans. Les pyramides? Le Taj Mahal? Peut-être. Mais malgré leur importance, je doute que la grande muraille ou Machu Pichu puissent autant frapper l’esprit d’un bébé. Il y a dans les lignes de Tour Eiffel quelque chose de très puissant, qui marque la mémoire. C’est fort quand même, non?

Je ne sais pas si on réalise à quel point ce genre monument est important pour une ville. Cette signature visuelle permet de rendre l’endroit unique au monde, désirable, prestigieux. Vancouver est une ville splendide. Et on y vit mieux qu’à Paris, je vous le garantis. Pourtant, en vue panoramique, vous ne sauriez probablement pas la reconnaître de Portland, Boston, ou Adélaïde. Toutes de magnifiques villes, mais laissées sans signature. Et sans sa tour, Paris aurait vaguement l’air de Lyon, ou de Budapest. Alors comme le disent les Américains, merci Gustave pour ce petit « je ne sais quoi ».


(Dans son ciel brumeux de décembre dernier, la dame arbore ses couleurs européennes)


2 commentaires:

Marie-Julie a dit…

Maya a 2 ans et 8 mois! ;-) En fait, j'ai compris pourquoi elle voulait tant voir la Tour Eiffel quand on est montées dedans: sur sa carte du monde, la France est représentée par la Tour Eiffel. Et pour elle, la France, c'est le pays de sa cousine. Donc: sa cousine habite dans la Tour Eiffel... Tu imagines la désillusion? Je pense qu'elle a compris après 2h de TGV que la tour Eiffel n'était pas dans la même ville que sa cousine! lol

D'accord avec toi que la Grande Dame est un symbole drôlement efficace. Ma fille la «spote» partout (je n'avais jamais remarqué que tant de restaurants avaient des cadres avec la Tour Eiffel avant!).

sylviane a dit…

C'est ma Diva!!!

Je ne peux pas me rendre à Paris sans aller lui faire un petit coucou!
Chose que je ferai en août prochain aux alentours du 15, en visite chez mon petit Grand Frère.

Vive la Belle Dame d'acier.