mardi 28 avril 2009

Hydrate de carbone, je t’aime.



J’aime la bouffe de pauvre. Ce que l’appelle la bouffe de pauvre, ce sont les mets roboratifs, démocratiques, peu dispendieux, et riches en énergie. Bourrés de sucres lents, ils permettent de dormir du sommeil du juste, de digérer facilement en ronflant un peu, et d’aller labourer son champ au matin. Toutes les sociétés ont des « bouffes de pauvre » savoureuses et chargées d’hydrates de carbone, notre principale source d’énergie.

Je pense au couscous. Quel magnifique don des peuples maghrébins à l’humanité. Un bon couscous, avec sa harissa et une viande bien rôtie, ça fait sourire les gens. Ça donne envie de parler, de partager, de rire.

Et les patates. C’est bon les patates. Une belle patate bien chaude dans sa robe, sur laquelle glisse un beau carré de beurre doux. Ou en truffade, avec de l’ail et du fromage Cantal. En sauce, en gratin dauphinois, avec de la crème, ou de la graisse d’oie. Miam. Il y a même une recette de chez moi, un truc ultra-pauvre, probablement apporté en Amérique par les Irlandais : la patate poêlée au lard salé. C’est méga-pauvre. Le seul tubercule qui survit tout l’hiver marié à une viande faite pour être conservée. Et bien c’est bon. Avec un peu de pain, et on est content.

Source photo : wikipedia.


D’ailleurs : le pain. C’est pas pour rien que les Français se promènent avec leur baguette. Elle est tellement bonne. Les boulangers font plusieurs fournées par jour, alors on l’achète souvent encore chaude. Une belle croûte bien cassante, juste assez épaisse, avec sa mie ni trop dense, ni trop légère. Encore une fois, un peu de beurre, des rillettes ou du fromage, et je suis roi. Donnez-moi une baguette fraîche et je me fous de votre magret. Quand je rentrerai en Amérique, si jamais je rentre (je suis de plus en plus français, notez à quel point je râle dans ce blog), je ne sais pas comment je pourrai me réadapter à notre « pain éponge » industriel. La baguette française, ça n’existe pas en Amérique. Point à la ligne, même si on essaie de vous faire croire le contraire.

Et les quenelles. Les gnocchis. Les pâtes. Ce week-end, j’ai bouffé de splendides pâtes tomates-basilic dans un petit resto de la Butte aux Cailles. Un choix accidentel; je pensais qu’il s’agissait d’un bistrot franco-français. Quelle belle découverte. Un petit troquet mené par une jolie italienne. Un nouveau degré de perfection. La pâte vraiment al dente, le suc de tomate parfumé avec son petit sucré-acide, le basilic bien frais. Tu manges, et tout ce que t’arrive à dire, c’est « Caliss que c’est bon! » Et t’es presque obligé de prendre des pauses juste pour te pincer. Je sais pas comment ils font, les Italiens. Dix minutes dans une cuisine avec trois ingrédients, et ils t’envoient au septième ciel. Pas de feuille d’or. Pas de truffes. Juste des tomates, les feuilles d’une plante vulgaire, un peu d’huile, et des pâtes de blé dur. (Les Cailloux, 58 rue des Cinq Diamants, 13e arrondissement)

Et le riz, céréale qui nourrit la moitié de la planète. Les Polonais trichent un peu et en mettent dans leurs choux farcis à la viande. Et c’est bon. Les Espagnols nous font une paëlla, et tout le monde est content. En face, c’est la tagine. Les asiatiques nous servent le riz tel quel, ou en nouilles, et on est heureux. Nouilles Singapour. Biryani indien. Riz frit aux œufs. Soupes japonaises. Soupe tonkinoise. Le riz de mon resto péruvien préféré, à Montréal, ou le risotto tout con pour lequel je reçois des éloges dès que je le prépare. Le Rice-a-Roni pendant le super bowl. Les Rice Krispies, même!

Alors il fallait que je le dise : hydrate de carbone, je t’aime. Pour ton réconfort, et ton sens de la démocratie.


1 commentaire:

lili a dit…

Miam ça ouvre l'appétit tout ca....