Source photo : wikipedia.
Si vous regardez bien les indices boursiers, tout juste un peu en dessous du baril de pétrole, y’a le kilo de gazon vert Premium A (PPRA) qui a fermé à 96 euros le kilo sur la Bourse de Paris ce vendredi.
Du gazon vert à Paris, c’est pas rien. Généralement, il est jaune et plein de caca de chien. Ça c’est le gazon Parisian Standard B. Il se transige sous le symbole PSTB. Le cours était à 6,27 euros le kilo vendredi soir à la fermeture. C’est un gazon rêche, pas trop touffu, et pas tellement invitant.
Le gazon vert, c’est celui avec les petites clôtures en broche autour. Celui qu’on n’a pas le droit de marcher dessus. Il est distribué dans la capitale avec parcimonie. On en met de 7 à 10 pieds carrés par parc. Parfois on en met un peu plus dans les lieux touristiques, ou si un cortège présidentiel doit passer dans le coin pendant l’été. Lorsque l’étendue dépasse 15 pieds carrés, on assigne un policier en permanence. Toute personne prise en flagrant délit de roupillon sur du Premium A sera tirée de son sommeil par un violent coup de matraque sur le crâne. Tout animal pris à faire caca sur du Premium A est confisqué et euthanasié dans l’heure qui suit.
Anvers a ses diamantaires, Paris a ses gazonniers. La rue des gazonniers est située pas loin de la Place des Vosges. C’est une petite allée, un cul de sac. Peu de gens la remarquent. Il faut en effet avoir de l’œil pour remarquer la présence accrue de caméras de surveillance et les portes blindées très ornementées. Peu de circulation, sinon l’occasionnel monsieur avec sa valise, escorté par deux rugbymen qui regardent à gauche et à droite en parlant dans leur walkie-talkie.
Quelle ne fut donc pas ma surprise de trouver ce superbe îlot de beau gazon vert lors d’une de mes promenades. Je ne vous dis pas où, c’est mon secret. Je ne vous dirai même pas dans quelle ville (mais bon…) Un magnifique parc entouré d’une sorte de muraille, elle aussi en gazon, qui coupe le bruit. Une espèce de bassin, une piscine verte où Paris n’existe plus. Un lieu paisible presque vide : seulement deux ou trois groupes d’étudiants étendus au gros soleil, en train de dormir ou de lire un bouquin.
Au Jardin du Luxembourg, les enfants courent dans la garnotte en criant, les pitous viennent te renifler le milieu, les vendeurs de machins te vendent des machins, les touristes prennent des photos, et les Parisiens râlent. Dans un autre coin de la ville, mais vraiment près du centre, une vingtaine de personnes se partagent un plein hectare de beau et tendre vert en écoutant le bruit de l’air dans les feuille, avec en ponctuation des petits cui-cui-cui tout mignons.
Deux constatations à propos de mon karma. Premièrement, je suis Canadien, alors si un jour je suis en manque de gazon, j’ai qu’à rentrer à Montréal pour me vautrer dans les steppes du Parc Lafontaine. Deuxièmement, le petit parc parisien secret est à 10 minutes de mon appart. Pas pire hein? J’ai vraiment été gentil dans une vie antérieure.
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