Il y a des restaurants « turcs » partout. Chez-nous, ce sont des « libanais ». Avec le fallafel, le shish taouk, le shawarma, le taboulé. Le pain est un peu différent, ils ajoutent des frites dans le sandwich, ce qui est conforme à la manière grecque, mais c’est à peu près la même chose.
La différence, c’est qu’il y a un paquet de ces restaurants, et qu’ils ont l’air de vivoter. Le « Turc » est dans son coin et s’emmerde à côté de sa colonne de viande grillée un peu sèche. Il attend l’occasionnel client. Au Canada, le « libanais » a généralement bonne réputation et les clients se succèdent à un rythme acceptable. Ici, ça ne semble pas être le cas.
Source photo : wikipedia.
Il y a les « turcs » et les « arabes du coin », ces dépanneurs parisiens. Toujours un peu crades. Pas vraiment un succès commercial. Un truc de première nécessité où, à la fin d’une journée, la vente d’une douzaine de canettes de Coca-Cola pourrait faire la différence entre profit et perte.
J’ai l’impression qu’un Français de souche ne pourrait pas se partir un « turc » ou un « arabe du coin ». J’ai l’impression que ces sphères commerciales sont réservées aux Algériens, Marocains Tunisiens et autres catégories de « Turcs ». Et j’ai l’impression qu’on ne veut pas trop les voir ailleurs. Comme si les rôles sociaux étaient figés.
Je ne sais pas s’il existe vraiment une situation. S’il y en a une, je ne sais pas si les gens s’en plaignent, ou plutôt s’ils l’entretiennent volontairement. Par exemple, il y a un look « jeune arabe » : barbe de trois jours, cheveux rasés à 1, lunettes Ray-Ban, bracelet en or, chemise blanche, jeans très classe, souliers habillés un peu pointus. Un look bien, à la fois propre et jeune. Un peu poseur, mais ça va avec la jeunesse. Un truc méditerranéo-branché. À la base, il n’y a rien d’arabe dans ce look. Il irait bien à un caucasien, un japonais, un black (comme ils disent ici), ou un indien d’Amérique. Mais j’ai vu ce look uniquement sur des Maghrébins. Y’a-t-il un message culturel à décoder dans ce look, ou c’est juste un hasard?
Chose certaine, la question raciale n’occupe pas le même espace qu’au Québec. Le langage est différent. Dans le cinquième, j’ai vu un restaurant appelé « Au nègre joyeux ». Devant un verre, mes collègues blancs font des blagues sur les Arabes qui ne passeraient pas au Québec. Et mes collègues arabes rigolent aussi entre deux gorgées de bière. Y’a juste moi qui ne sait pas trop comment réagir.
Est-ce que les « Arabes » se disent qu’il est plus payant de rire comme les autres et de fermer sa gueule? Y’a-t-il ou non une tension sous-jacente? Y’a-t-il ou non une France qui regrette une quelconque homogénéité perdue? Les communautés seraient-elles assez intégrées pour se permettre de rire honnêtement l’une de l’autre? A-t-on ici compris la différence entre « arabe » et « musulman » (ce qui n’est pas toujours le cas en Amérique)?
Je ne sais même pas si mes observations et questions sont pertinentes. Elles sont peut-être présomptueuses. Je ne veux pas asseoir une opinion avant d’avoir vécu un peu. Seuls les vrais Français font ça.
2 commentaires:
I was wondering when you would notice the hyper-pervasive racism. Pretty intense, eh?
Also good to know that if you have no sense of humour, you're totally jaded and your skin has turned that lovely stressed-out shade of Parisian grey, the cutesy French-french accent and the cool clothes won't cover your ass, beauty-wise...
My personal feeling is that the more ass a girl has to cover, the less humourless she will be. I could be wrong.
I am hoping against hope that Denis does not comment to my comment, "What's your excuse, then?"
:-}
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