La gent féminine, probablement à cause de son nombrilisme inné, a tendance à mépriser l'ampleur des symptômes de la grippe d'homme. Il est connu que les femmes sont génétiquement programmées pour solliciter toute l'attention, en tout temps. La survie de l'espèce en dépend. Sans cette tendance naturelle, l'humanité aurait pris fin suite à une interminable partie de foot. On ne peut donc pas accuser de mauvaise foi les dames lorsqu'elles nient l'existence de la grippe d'homme ; leur réaction est le fruit d'un réflexe de survie.
Mais reste que la grippe d'homme s'explique le plus simplement du monde par un bref calcul statistique. Le poid moyen des hommes Français est de 77 kilos. Celui des Françaises est de 63 kilos. Un peu partout sur terre, on constate un écart similaire : la masse des hommes est 22% plus évelée que celle des femmes.
En gros, les hommes ont 22% plus de muscles, 22% plus d'os, un cerveau 22% plus gros, et 22% plus de terminaisons nerveuses. Donc leur douleur perçue est 22% plus élevée que celle des femmes. J'avancerais même qu'elle est en réalité 30% plus élevée, car les femmes ont une proportion plus importante de masse adipeuse, et personne n'a jamais rapporté avoir mal à sa graisse. Autre facteur qui propulse la grippe d'homme au panthéon des grandes douleurs : la pillosité. Une vraie bonne grippe fait souffrir jusqu'à la racine des poils. Or, les femmes sont moins poilues que les hommes, donc moins souffrantes en cas de grippe.
Source photo : wikipedia.
Si la création d'une distinction pour la grippe d'homme est un événement récent en médecine moderne, on trouve quand même des mentions de la maladie dans des textes très anciens. Dans son 8e épitre aux Lithuaniens, datant de 267 après Jésus-Christ, Saint-Philibert écrit : « Rappelez-vous, mes frères, que la justice de Dieu est infinie. Le 8e jour, Il créa la grippe d'homme pour équilibrer un peu la somme des douleurs au cours d'une vie. Ainsi la femme enfantera 3 fois, et l'homme aura une trentaine de grippes, une répartition somme toute assez honnête. Après, si la meuf décide d'en faire un quatrième, c'est son problème. On ne commencera pas à attraper des virus par solidarité, quand même. »
Symptômes
La grippe d'homme se caractérise par plusieurs symptômes. Hormis l'affection de toute terminaison nerveuse du système pileux mentionnée plus haut, on retrouve :
- Impression d'avoir du silicone dans les sinus.
- Acouphènes en stéréo rappelant l'oeuvre d'Edgar Varèse. (Enregistement ici.)
- Maux de tête qui, par leur ampleur, sont d'une certaine manière bénéfiques pour l'égo.
- Fièvre, frissons, et le sentiment d'avoir une batterie 9 volts connectée à la base de l'épine dorsale.
- Étourdissements.
- Courbatures toujours plus sévères. (Des statistiques remontant à 1932 indiquent que chaque nouveau cas de grippe d'homme, sans aucune exception, a établi un nouveau record mondial de la courbature.)
- Le souhait de regarder longuement la télé, la bouche entre-ouverte, en laissant s'écouler un filet de salive.
- Toux profonde rappelant le cri du tracteur de ferme diésel, accompagnée de roulements de mucus similaires au bramements du cerf de Laponie.
- Souhait obsessif d'avoir 8 ans et de pouvoir crier « maman ».
Une grippe d'homme mal traitée peut résulter sur une infection globale de toute canalisation de la partie supérieure du corps et de l'âme. On notera enfin chez le patient une sous-stimulation des récepteurs d'empathie féminine, parce que les femmes de l'entourage ont le réflexe injuste et inhumain de feindre une indifférence totale aux symptômes décrits ci-haut.
Traitement
La grippe d'homme est une maladie coriace qui se joue bien de tout ce que la science moderne peut offir. Toutefois, à l'aide d'une multi-thérapie intense, il est possible soulager légèrement et temporairement les symptômes du patient. Sont recommandés, en combinaison, et sous autorisation d'un professionnel de la santé :
- Antibiotiques oraux. (Par exemple, Amoxicilline.)
- Cachets d'antidouleurs. (Ibuprofène.)
- Sirop pour la toux au goût de caramel. (Les surplus peuvent être réutilisés dans une tatin préventive.)
- Application de Vicks Vaporub sur le torse et la gorge.
- Application de Vicks Vaporub sur tout ce que vous touchez ensuite parce que cet onguent graisse pas mal les doigts.
- Jus d'orange frais.
- Liquides en bonne quantité.
- Soupe au poulet avec crackers.
- Pop-tarts.
- Séances de sommeil sur le sofa. (L'insignifiance de la télé dans l'après-midi aide beaucoup à la prise de repos.)
- Gémissements répétés.
- Rhum martiniquais. (Sauf s'il y a prise d'antibiotiques, consulter son médecin.)
5 commentaires:
Mon nom est Paul a raison de s’indigner. La grippe d’homme est encore aujourd’hui, au sein de l’ensemble des pays développés, l’un des fléaux les plus largement sous-estimés.
À cet égard, les conséquences de la grippe aHaH (que l’on prononce « haha »), un type particulièrement insidieux du Myxovirus influenzae, communément aussi appelée grippe d’homme, demeurent incalculables.
De récentes études identifient d’ailleurs le aHaH comme le principal facteur de perte de performance en entreprise au sein des pays membres de l’OCDE, suivi de près par (dans l’ordre) l’abus de l’utilisation des réseaux sociaux et le syndrome prémenstruel grave. Voir à cet effet le volumineux rapport que Mussi, Paterson et Kronström ont consacré au phénomène qui nous intéresse : « Grippe d’homme et stratégies évasives : incidences, paradoxes et productivité en milieu de travail », OMS, Genève, 2006.
Mais il y a plus. Et c’est l’effet paradoxal du virus. L’exemple que nous offre, sans doute à son insu, notre camarade, vient illustrer le caractère insidieusement sélectif de la maladie. Malgré l’éventail de symptômes incommodants bien réels qui le frappent, ce virus borgne permet néanmoins à Mon nom est Paul de bloguer un long billet contenant des traces « de satire, d’ironie, et d’humour » plutôt que d’aller faire du code dans les bureaux impersonnels d’un immeuble du quartier de La Défense.
Qu’on se le dise, la grippe d’homme, c’est du sérieux. Pensées amicales.
Ah, mais quelle mauvaise foi dans vos hyperboles ironiques et assassines!
Je ne vous connais pas, Pif, mais je vous soupçonne de travailler vous-même à la Défense, et d'être jaloux de ma situation actuelle. Je vous soupçonne même d'être une femme.
Habituellement, en bon Canadien productif, je n'hésite pas à aller contaminer l'ensemble de mes collègues. Mais cette fois-ci, ça aurait été presque méchant de ma part. Quoique pour vous...
Et que voulez-vous que je fasse pour m'occuper, cloîtré dans un de ces appartements parisiens si ridiculement petits qu'on devrait les désigner sous l'appellation «cellule d'incarcération»? Dormir? Mes voisins s'occupent de rendre la chose impossible. Geindre et quémander pitié? Je l'ai fait, mais avec personne à qui les casser, c'est sans intérêt. Alors je pratique l'un des derniers plaisirs solitaires qu'il me reste. Celui qui exige le moins de concentration et qui dure un certain moment: écrire.
Si je n'étais pas réellement atteint de la forme la plus sévère de la Grippe d'Homme, je serais allé la soigner au bar, avec des copains au chômage, au lieu de gaspiller mes dernières ressources à éduquer l'humanité (cause perdue, vous en êtes bien la preuve).
J'aurai une bonne pensée pour vous en expulsant un peu de mucus bronchique marron, au prix d'une syncope de toux interminable et paralysante. Si vous daignez accorder à mon fardeau son poids juste et honnête, et si Dieu éclaire un jour votre nuit d'égocentrisme, peut-être trouverez-vous pour moi un peu de pitié et d'empathie sous la croûte aride de votre âme ratatinée.
Bien à vous.
ahaha! Taper Grippe d'homme dans Google et atterrir ici a fait ma journée! Bon, je retourne faire mes gémissements répétés sur le sofa.
Prompt rétablissement, Kalte.
J'adore cet article qui est tellement plein de vérité. Mon fils qui vit à Montréal depuis un an se pogne en ce moment une grippe d'homme carabinée, comme quoi, ici ou là-bas, la grippe guette l'homme ;-)
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