Premièrement, une petite correction. Monsieur Stréliski dit que les baby-boomers sont « nés durant ou à la fin de la Seconde Guerre mondiale ». La définition classique parle plutôt de la période allant de 1946 à 1964. Bon, commençons...
La plupart des boomers que je connais se glorifient des années 60 et 70, et ça me saoule royalement. En 1965, les boomers n'avaient que 19 ans. Ils faisaient du rock'n'roll. Certains posaient des bombes dans des boîtes aux lettres. D'autres se faisaient charcuter au Vietnam. Mais ils ne décidaient rien du tout.
J'aimerais que les boomers cessent de revendiquer leurs glorieuses années 60 une fois pour toutes. (Et qu'ils arrêtent de nous passer des documentaires sur le sujet à la télé.)
Pierre Trudeau n'était pas boomer. Ni Michel Chartrand. Ni René Lévesque. Ni Lise Payette. Ni Jean Drapeau. Ni Fidel Castro. Ni John Kennedy. Ni Neil Armstrong. Ni Salvador Allende. Ni Mao. Ainsi de suite. Même Reagan (voir Reaganisme et Chute du Mur) n'était pas boomers. Tous nés avant la guerre.
Martin Luther King, Woody Allen, Brigitte Bardot, Marlon Brando, Jane Fonda, Al Pacino, Jean-Luc Godard, François Truffaut, Jean-Paul Belmondo, Noam Chomsky, Andy Warhol, Niki de Saint Phalle, Mohammed Ali : ils ne sont pas boomers. Même John Lennon n'est pas un baby-boomer !
Source photo : wikipedia.
Dans les années 60, les boomers ne contrôlaient pas grand chose, sinon une nouvelle manière de consommer. Et pas beaucoup plus dans les années 70.
Mais qui sont-ils ?
- Premiers ministres canadiens boomers : (Joe Clark), Brian Mulroney, (Kim Campbell), Paul Martin, Stephen Harper.
- Les PM québécois boomers : Pierre-Marc Johnson, Daniel Johnson, Jean Charest.
- Les présidents américains boomers : Bill Clinton, George W. Bush, Barack Obama.
- Les présidents français boomers : Nicolas Sarkozy.
- Chanceliers allemands boomers : Angela Merkel.
- Premiers ministres britaniques boomers : Tony Blair, Gordon Brown. (David Cameron est né après le boom.)
Quand les boomers cherchent à fair leur bilan, ils regardent trop loin dans le passé en se concentrant sur les décennies 60 et 70. Certes, ils ont joué un rôle à cette période dans les domaines avides de sang neuf, comme le sport ou la culture. Mais on doit remarquer que, pour ce qui est de la culture, le terrain avait été bien préparé par les Miles Davis, Jackson Pollock, Boris Vian, Allen Ginsberg, Serge Gainsbourg, Marguerite Yourcenar, Simone de Beauvoir, Betty Friedan, Jack Kerouac, Mick Jagger... (tous nés avant le Baby-Boom)
La vraie sphère d'influence des boomers, il faut la chercher dans les décennies 80, 90, et 2000. C'est à ce moment qu'ils détiennent les postes influents.
Et faut pas oublier que les boomers qui partent à la retraite ajourd'hui sont ceux nés au début de la vague, en 1946. Les autres, ceux nés en 1955 ou en 1960, ont encore quelques belles années de boulot devant eux. Les boomers sont encore bien présents.
Faire un bilan ?
Monsieur Stréliski parle de bilan. Je crois qu'il est encore trop tôt. On peut commencer à dresser une silhouette de bilan, mais pas plus.
On peut parler d'explosion des dettes nationales et des fonctionnariats. Mais d'un autre côté, les boomers ont participé à la création de filets sociaux assez précieux. On peut évoquer les délocalisations et l'ultra-libéralisme. Mais les boomers sont aussi la première génération consciente de l'environnement. Individualisme, mais aussi protection des droits de l'individu (sauf sous George W. Bush). La fin des tabous. Une liberté d'expression assumée.
Y'a un domaine que les boomers devraient revendiquer un peu plus, selon moi. Bill Gates est un boomer. Steve Jobs aussi. Et Tim Berners-Lee. Vous ne connaissez pas Tim Berners-Lee ? C'est lui qui a inventé le html. Mark Zuckerberg (Facebook), Larry Page et Sergey Brin (Google), Pierre Omidyar (E-Bay) ne sont pas des boomers. Mais sans Tim Berners-Lee, ils ne seraient pas là où ils sont. Et vous ne seriez pas en train de lire ce blog.
Si y'a une bonne note que je veux bien accorder au boomers, c'est la démocratisation de l'informatique et la création d'internet tel qu'on le connaît. À mes yeux, c'est aussi important dans l'histoire de l'humanité que l'invention de l'imprimerie. Les sociologues le remarquent déjà : ça change notre manière de consommer, de socialiser, de communiquer, de réfléchir, de voir le monde.
Barack Obama a financé sa campagne grâce à internet. C'était la première fois que les dix dollars d'un quidam du Massachusetts battaient les millions des corporations lors d'une présidentielle américaine. Et qu'est-ce qui fait trembler le pouvoir traditionnel aujourd'hui, sur quoi essait-il de mettre le baillon ? Internet.
Dans les années 60, les boomers sont descendus dans la rue. Sciemment ou non, ils ont fini par apporter la rue dans votre salon. Pour bien boucler la boucle, j'espère qu'ils tenteront, avec les plus jeunes, d'assurer la pérénité de ce formidable moyen de communication libre.
3 commentaires:
C'est marrant ça M. Paul :-) Moi qui suis née en 55 je ne suis jamais sentie concernée par cette génération. Elle a une forte connotation "après-guerre" et ça ne nous ressemble pas, mes amis, frères et soeurs, cousins cousines, nous qui avons eu 20 ans, grosso modo, dans les années 70. Merci pour cet éclairage.
En tant que baby-boomer j'aimerais ajouter à ta (trop courte) liste: Al Gore, Salman Rushdie, Stephen King, Andrea Bocelli, Oliver Stone, Ang Lee, Osama bin Laden, Arlo Guthrie, Benjamin Netanyahu, Bruce Springsteen, Carlos Santana, Cat Stevens, Andrew Lloyd Webber, Daniel Day-Lewis, Arianna Huffington, Bruce Jenner, Bono, David Letterman, Garry Trudeau, Stephen Wozniak, Gary Kasparov, Bobby Orr, Gerard Depardieu, Isabelle Adjani, Johnny Depp, Isabelle Huppert, Jodie Foster, José Carreras, Kareem Abdul-Jabbar, Lars von Trier, Madonna, Michael Jackson, Isabelle Huppert, Mikhail Baryshnikov, Quentin Tarantino, Luc Besson, Richard Branson, Steven Spielberg. Bon, j'arrête ici. Je pourrais ajouter Linda Lovelace et Marylin Chambers au risque de passer pour un pervers... mais disons qu'elles ont aussi contribué à un certain changement...
Salut Jacques. En gros, je dis seulement qu'il ne faut pas chercher l'héritage des baby-boomers dans les années soixante. Il serait temps qu'ils commencent à revendiquer leur propre apport (et il est réel). De plus, leur temps n'est pas fini. Il leur reste encore beaucoup à donner.
Enregistrer un commentaire