Moi qui souhaitais aller marcher dans la neige, je dois oublier ça pour cette année. Quand il fait seulement -10 et qu’il n’y a pas trop de vent, c’est magnifique. Mais depuis mon arrivée, ça oscille entre -15 et -20. Ça serait encore tolérable s’il n’y avait pas le vent. Avec le « facteur de refroidissement éolien », comme on dit ici, la température ressentie est à -26. Encore une fois, les fanatiques de l’hiver s’accommoderont d’un petit -26. Mais les petits douillets comme moi iront plutôt au cinéma, abri idéal contre les excès de la météo, hiver comme été.
Pendant les pubs, on nous passe la bande-annonce d’une comédie qui sortira en mars : « Le bonheur de Pierre ». Un Parisien (Pierre Richard) apprend qu’une tante éloignée (ou un oncle, peu importe) lui a légué une auberge dans un petit village perdu du Canada. Lui et sa femme décident de traverser l’Atlantique pour s’installer dans le grand nord, en plein hiver. Au fil des situations burlesques et des quiproquos, ils devront apprivoiser un village un peu fermé sur lui-même.
Le bon vieux thème de « ma cabane au Canada ». On nous le sert à tous les deux ou trois ans. On dirait qu’il y a une entente entre la France et le Canada pour que soit produit au moins à tous les 36 mois un long-métrage dans lequel un bon citadin français débarque plein d’illusions dans la contrée sauvage.
Source photo : wikipedia.
Il arrive que le thème du citadin au village fonctionne bien en cinéma. On n’a qu’à penser à « Bienvenue chez les Ch’tis » ou à la « La grande séduction ». Mais quand on essaie l’approche France-Québec, ça fait généralement patate. Ces films tentent de servir les attentes de deux publics, tout en aplanissant leurs préjugés respectifs. Trop grosse mission pour une trame narrative de 90 minutes. En bout de ligne, personne ne se reconnaît dans ces personnages trop caricaturaux campés dans une série de lieux communs. Si aucune performance d’acteur ne sauve l’œuvre, le film fait 25 000 entrées au Québec et sort dans sept salles de la banlieue parisienne.
La bande-annonce du « Bonheur de Pierre » laisse présager l’habituel flop. D’après ce qu’on nous montre en deux minutes, le scénario a puisé à la louche dans la marmite aux clichés. La première image du Canada, c’est Pierre Richard en traîneau à chien avec en fond sonore un pseudo-rigodon. Au Québec dans un hiver donné, environ 250 personnes montent sur un traîneau à chien; 200 de ces personnes sont des touristes français. Les 50 autres sont des guides touristiques. Rémy Girard imite un maire de village saguenéen avec ce qui me semble être un accent beauceron. Même si le village de Sainte-Rose-du-Nord, lieu du tournage, est facilement accessible par la voie routière, et surtout dépourvu d’aéroport, on y fait arriver les protagonistes en avion de brousse. Et on aligne les classiques : les fourrures, la poutine, l’inukshuk. Les Québécois sont évidemment présentés comme de beaux provinciaux abrutis et un peu xénophobes. Après, on se plaindra que les Français soient un peu arrogants quand ils débarquent à Montréal. Il y a de quoi les comprendre : on aura tout fait pour les convaincre que le territoire du Québec est occupé par une tribu de trappeurs un peu arriérés.
La bande-annonce du film est ici. Vous verrez ici un commentaire d’une journaliste invitée sur le plateau. Et ici des images du beau petit village de Sainte-Rose-du-Nord, accessible par la route même en hiver.
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Autre sujet : un peu de patriotisme. Le Canada, petite contrée d’à peine 30 millions d’habitants, a atteint la finale du Championnat du monde de hockey junior pour une huitième année consécutive. Le match pour la médaille d’or aura lieu demain, contre la Suède. Si le Canada devait remporter la victoire, ce serait sa cinquième médaille d’or consécutive à ce tournoi.
Sur les 32 médailles d’or remises lors de ce tournoi depuis sa première édition en 1977, 14 sont allées aux Canadiens. C’est plus que l’URSS/Russie avec ses 12 médailles d’or. Reste six médailles, que se sont partagées les USA, la Finlande, la République Tchèque et la Suède.
Seulement 30 millions d’habitants, et nous dominons le sport face des nations environ dix fois plus populeuses (USA et URSS). La Russie d’aujourd’hui compte encore 150 millions d’habitants. Si on joue avec les chiffres pour calculer le nombre de médaille d’or per capita, le Canada domine outrageusement, avec un ratio de 0.46 médaille d’or par million d’habitants. Le ratio de l’URSS/Russie est de 0.06 (basée sur une moyenne de 200 millions d’habitants entre 1977 et aujourd’hui). Le ratio américain est encore plus risible : 0.003. Le plus proche rival est la Finlande, qui malgré ses 5 millions d’habitants a quand même récolté deux médailles d’or, soit un ratio de 0.4 médaille d’or par million d’habitants.
Nos statistiques sont tout aussi éloquentes au Championnat mondial de hockey (pour adultes). Le Canada domine encore, même si on envoie à ce tournoi des joueurs de troisième trio. Nos meilleurs joueurs sont trop occupés à gagner leurs millions dans la LNH pour aller participer à un tournoi amateur.
Sur le classement 2008 de l’IHF, la France occupe de 18e rang, juste devant le Kazakhstan. Les plus grands succès de la France au hockey sont une 5e place aux J.O. de 1928, et une 6e place aux Championnat du monde de 1930. Le « golden age » du hockey français date de l’entre-guerre. Même les Italiens battent la France au hockey. Facilement.
À Paris, quand on me parle de foot, je ferme ma gueule et j’écoute. Je pose des questions. J’apprends. Il y a beaucoup à apprendre. C’est intéressant. Mais la prochaine fois qu’un Français essaie de me donner des leçons de hockey, je le détruis.
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