mercredi 28 juillet 2010

L'arbre qui tombe

Aujourd'hui, je règle un autre grand problème de la philosophie, qu'on nous présente la plupart du temps sous cette question stupide : « L'arbre qui tombe dans la forêt fait-il du bruit si personne ne l'entend ? »

Autrement dit, est-ce qu'une chose n'existe que lorsqu'elle est perçue ? Ou dans sa forme plus simple : est-ce qu'une chose n'existe pas tant qu'elle n'a pas été percue ? (Désolé, je suis payé au mot.)

Premièrement, la perception d'une chose ne garantit pas son existence. Ainsi, une dette perçue cesse d'exister. De plus, son existence n'est autorisée que par sa non perception. Donc, une chose peut exister sans qu'elle soit perçue. Donc le bruit n'a pas besoin d'être perçu pour exister. Case solved.

Mais, pour enfoncer le clou, revenons à notre arbre. Si on se donnait la peine de regarder sous les arbres tombés, on trouverait, à l'occasion, des cadavres. Contrairement aux champignons, les humains morts ne poussent pas très bien sous les souches. Dans la plupart des cas, la présence d'une dépouille sous un arbre tombé confirme l'existence réelle du végétal et de sa chute.

Vous direz que la chute aura au moins été perçue de manière cutanée, même si ce ne fut que pour un bref moment, ce qui aura ainsi matérialisé son « existence » à un moment précis. Je me dois de rétorquer qu'une chute d'arbre ne peut commencer et se terminer simultanément au sommet d'un crâne. L'arbre doit d'abord avoir parcouru une certaine distance, le temps d'acquérir la vélocité nécessaire à sa basse besogne. D'ailleurs, le concept de « chute » en soi sous-tend un déplacement dans le temps (et commencez pas à me faire chier avec vos bouquins de Stephen Hawking).

Non mais là, je viens de vous trucider de manière définitive le débat existence vs perception.

Source photo : wikipedia.


Reste la question du bruit de la chute. Parce qu'au fond, l'image en apparence simpliste (le bruit de l'arbre qui tombe) est beaucoup plus profonde que ce qu'elle cherche à illustrer (la connerie existence vs perception). La question dit : « L'arbre qui tombe fait-il du bruit si personne ne l'entend. »

En fait, il est absolument certain que l'arbre émet un minimum de bruit en tombant, dans la mesure où sa forêt se trouve dans une atmosphère gazeuse, ou toute autre matière susceptible de transmettre des ondes sonores, comme la tartiflette ou même la mousse de nombril.

Mais rien ne garantit que ce buit sera perçu. Donc, la question doit être reformulée ainsi : « Le bruit de l'arbre qui tombe dans la forêt existe-il s'il n'est pas entendu ? » (Ou bien, pour les modernistes : « Le bruit du Milli Vanilli qui chante dans un micro fermé pendant le playback existe-il s'il ne heurte aucun tympan ? »)

Encore une fois, on doit se référer au mec mort sous le tronc. S'il est retrouvé avec les mains devant le visage et les yeux exorbités, il a très probablement entendu quelque chose. Trop tard, me direz-vous, mais au moins assez tôt pour nous laisser un témoignage probant de l'existence du bruit de l'arbre qui tombe.

Mais quant à l'autre, celui qu'on retrouve face contre terre, avec, bien encastrée dans ses molaires, la pipe qu'il était en train de fumer. Assurément, ce mec n'a rien entendu. Mais que diront immédiatement ceux qui le trouveront ? Je vous le donne dans le mille : « Il n'a visiblement pas entendu l'arbre tomber. » Le simple fait d'évoquer le bruit de l'arbre qui tombe lui donne une existence concrète à titre de concept précis et unique : le bruit de cet arbre là, qui tombait à ce moment là.

Nous avons donc les deux clés de l'existence du bruit. Comme onde sonore provoquée par la chute d'un corps dans un gaz (sans même parler du frottement des branches sur les arbres voisins). Et comme concept dans l'esprit des randonneurs qui feront la fâcheuse découverte. En passant, le cadavre du mec continue à exister même si les randonneurs s'entendent pour déguerpir et dire qu'ils n'ont rien vu.

Évidemment, parce que votre sublime mauvaise foi vous empêche d'accepter la défaite, vous allez me triturer la question originale. Vous me direz des conneries comme : « Un arbre qui tombe dans le vide intersidéral fait-il du bruit si personne ne l'entend ? » Premièrement, y'a pas d'arbre dans le vide intersidéral. Ça le dit : VIDE intersidéral. Deuxièmement, y'a pas de gravité non plus, alors votre arbre à la con ne peut même pas tomber. Non mais franchement, je me demande ce qui me retient de vous envoyer une baffe en pleine gueule !


4 commentaires:

Anonyme a dit…

Une baffe.. Ou un arbre.

Ella a dit…

C'est le troisième essai de comm. Merde. Cela marche mal avec l'ID wordpress
Bref
Paul, j'hallucine ce midi. Je tombe sur ton billet sur les jambes puis vais voir les précedents pour voit tout ce que j'ai loupé. Je tombe sur des tonnes de choses. Eberluée.
Je clique sur "juillet" pour revenir et je tombe sur d'autres billets et plus de jambes de pin-up.
Bon, des poupées russes ?
un piège ?
Lôlà

Ella a dit…

Ayé
trouvé
je m'étais égarée en 2009 en cliquant sur ton lien via mes stats.

Ella a dit…

Ayé j'ai lu
Je dis tout simplement que la question je n'en ai jamais entendu parler avant qu'elle me tombe dessus ici.
Deuxio je dis que trop de rando dans les Alpes épuisent le Paul qui voit des arbres tomber n'importe comment maintenant.